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L'horreur de la guerre au Kosovo éclabousse la Suisse

Les sourires de 2008 ont fait place à l'embarras à la suite des révélations de Dick Marty.
Les sourires de 2008 ont fait place à l'embarras à la suite des révélations de Dick Marty.
Trafic et don d'organes garnissent les titres des quotidiens jeudi, de l'horreur des exactions au Kosovo aux pistes politiques pour multiplier les dons en Suisse. La presse alémanique reste interloquée par les liens étroits entre Berne et Hashim Thaçi, décrit depuis peu comme un boucher sans scrupules.

Berne et Pristina, les liens de l'embarras

Dick Marty, "l'homme qui rassemblé les pièces d'un puzzle épouvantable." C'est ainsi que Serge Michel dans Le Temps décrit les deux ans d'enquête du conseiller aux Etats tessinois qui aujourd'hui pointe la responsabilité d'Hashim Thaçi dans un effroyable trafic d'organes de prisonniers. Avec un groupe de combattants de l'UCK, le Premier ministre kosovar est accusé d'avoir assassiné plusieurs centaines de prisonniers serbes dans le seul but de prélever leurs reins. La Suisse, qui a été l'une des premières à reconnaître l'indépendance du Kosovo, rappelle notre confrère du Temps, a suivi - voire inspiré - ce mouvement de quasi-absolution des crimes albanais malgré "sa" procureur à la Haye, Carla Del Ponte et "son" enquêteur, Dick Marty. Serge Michel cible frontalement les autorités fédérales: "la Suisse porte une responsabilité sans doute plus que d'autres en raison de ses liens avec l'UCK". La Suisse n'a jamais caché son soutien au Kosovo,  écrit de son côté le Blick, qui publie sur deux pages, une photo embarrassante. On y voit Hashim Taçi tout sourire au côté de Micheline Calmy-Rey tout aussi rayonnante. L'image a été prise en 2008, à l'occasion de l'ouverture de l'ambassade de Suisse au Kosovo.

Zurich, base arrière et centre de formation de l'UCK

Les ramifications de l'UCK vont jusqu'à Zurich. L'actuel Premier ministre y a vécu dans les années '90 avec le statut de réfugié. Il y a fait des études politiques, et s'est préparé à la guerre de libération du Kosovo, nous explique la Neue Luzerner Zeitung. Hashim Taçi était même la figure centrale de l'acheminement des armes vers sa patrie. Ses anciens camarades d'uni se souviennent d'un étudiant intéressé et doux, qui était particulièrement attentif aux discussions autour de la Serbie, quand il fréquentait le cours sur les Etats socialistes. Mais il ne parlait jamais de projets privés. Son ancien prof dit au Tages-Anzeiger être tombé des nues en apprenant, en 1999, qu'Hashim Taçi était la tête politique de l'UCK. Le journal zurichois rappelle aussi que c'est en grande partie grâce à la diaspora kosovare de Suisse que l'UCK a pu amasser de l'argent et importer des armes.

Donneurs d'organes désignés consentants

Laurent Favre veut favoriser les donneurs d'organes. Le libéral-radical neuchâtelois vient de déposer un postulat demandant au Conseil fédéral d'évaluer une telle mesure dans la loi sur la transplantation. Pour lui, l'introduction d'une priorité pour les donneurs devrait aller de pair avec celle du consentement présumé, ou toute personne est considérée donneuse d'office. Il est urgent d'opérer un changement de philosophie, clame le parlementaire dans les colonnes du Matin. A quoi le directeur de Swistransplant rétorque que le risque de discrimination est réel envers les populations migrantes.

Foi et médecine, l'éternel débat

L'acquittement de Daphné Berner, ancien médecin cantonal neuchâtelois et auteur d'une euthanasie active sur une patiente incapable de se donner la mort elle-même, reste en travers de la gorge des évêques de Suisse. "L'interdiction de provoquer la mort doit rester non négociable", clame la commission "bioéthique de la conférence des évêques suisses", toujours dans Le Matin. A quoi rétorque la principale intéressée: "L'Eglise regrette le temps ou elle pouvait décider de tout ".

UBS: les dessous de l'affaire des dessous

La direction d'UBS a fait se tordre de rire en Suisse romande et au-delà, raconte encore Le Matin qui reprend le saignant article paru dans Le Temps, décortiquant les 44 pages d'un précis de la bonne (petite) tenue, Aujourd'hui, raconte le quotidien orange, la banque ouvre quelques filiales test dans le cadre d'un projet de réaménagement architectural et conceptuel de 300 agences en Suisse. Pour la Romandie c'est la succursale de Sion près de la place de la Planta qui va proposer des banquières dépourvues de tatouages, de piercing, mais dotées de slip en microfibre, un tissu idéal qui ne fait pas un pli. Il est vrai, note encore le quotidien, que le dress-code a le vent en poupe et semble séduire les directions d'entreprises au top de leur efficacité.

Cinq grands défis en rade à Genève

La ville est en panne d'idée. Qu'importe, les citoyens et citoyennes viennent à la rescousse via la Tribune de Genève. Le quotidien inaugure une série de débat et de sondages sur les cinq grands défis de Genève: mobilité, école, logement, sécurité et région. En première ligne, la mobilité est loin de satisfaire les attentes des Genevois. Les transports sont mal gérés, estiment ces derniers, qui râlent contre les travaux destinés à améliorer la mobilité! D'où ce refrain suggéré par le rédacteur en chef de la Julie: "relevons ensemble les défis genevois". Il ne s'agit pas seulement de faire taire les sarcasmes venus de l'extérieur et alimentés par l'enlisement de la ville. Les genevois ne supportent plus les dysfonctionnements qui gâchent leur quotidiens.

L'Hebdo pleure sa plume perdue

Antoine Duplan signe dans L'Hebdo un très bel hommage à son confrère Pierre-André Stauffer, disparu le week-end dernier. Alors qu'un jour avec quelques amis ils n'avaient bu que du jus de pommes, ils avaient passé un pacte d'amitié imbibé d'orgueil: la nécrologie du premier qui s'en ira serait rédigée par celui qui reste. "J'aurais aimé, écrit Antoine Duplan, que cette épreuve me fût à jamais épargnée."

jeh, avec Delphine Gendre et Jean-François Moulin, RSR

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