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Nos serpents sont-ils si dangereux?

Nos serpents sont-ils si dangereux?
Nos serpents sont-ils si dangereux? / Bêtes noires / 15 min. / le 3 juin 2024
Qui n’a jamais eu peur de marcher sur un serpent? Que risque-t-on en cas de morsure? La websérie Bêtes noires est allée au contact de spécimens venimeux de Suisse. Petit guide de bonnes pratiques.

Avec le retour des beaux jours, amatrices et amateurs de randonnées sont de sortie. Et les serpents, qui quittent leur cachette pour se réchauffer au soleil, aussi. Avec le risque d'une rencontre.

Dans la très grande majorité des cas, ce face-à-face se soldera par une grosse frayeur, pour la personne comme pour l'animal. Mais, parfois, il peut déboucher sur un accident: 40 à 50 morsures de vipères sont recensées chaque année en Suisse, dont la plupart ont provoqué des symptômes légers ou modérés.

>> Lire aussi : Plus de 40 morsures de serpents venimeux recensées en Suisse en 2021

La vipère aspic est l'espèce venimeuse que l'on peut rencontrer le plus souvent en Suisse. [RTS]
La vipère aspic est l'espèce venimeuse que l'on peut rencontrer le plus souvent en Suisse. [RTS]

"Au début, je n'ai rien senti, c'était comme une piqûre de guêpe, alors je n'ai rien fait de spécial", raconte Patrice Carrel, la cinquantaine, victime d'une morsure de vipère sur les hauteurs de La Neuveville (BE).

La tête a commencé à tourner, j'ai vomi, je délirais complètement. Et puis, le trou noir!

Patrice Carrel, victime d'une morsure de vipère

"Mais après plusieurs heures, la tête a commencé à tourner, les yeux sont devenus tout rouges, j'ai vomi... Je délirais complètement. Et puis, le trou noir: je ne me souviens plus de rien".

Ce n'est que le lendemain matin, sur un lit d'hôpital à Bienne, qu'il reprendra ses esprits, avec plus de peur que de mal: "L'infirmière m’a appris qu'on a failli me perdre", conclut-il.

Camouflée, une vipère péliade prend le soleil dans un pierrier des Préalpes fribourgeoises. [RTS]
Camouflée, une vipère péliade prend le soleil dans un pierrier des Préalpes fribourgeoises. [RTS]

Avec ou sans venin

Précisons que le calvaire vécu par le Bernois relève de l'exceptionnel. Si la prise en charge médicale auprès d'un hôpital se fait rapidement, les complications sont très rares et les personnes s'en sortent généralement avec des gonflements plus ou moins importants et des rougeurs.

Un autre facteur est à prendre en considération: l'injection ou non de venin lors d'une morsure. "Dans 50% des cas, sur le terrain, on s'est rendu compte que les serpents choisissaient de ne pas avoir recours à leur venin et d'utiliser une morsure sèche, uniquement pour faire peur et intimider le prédateur, et pouvoir partir", explique l’herpétologue David Guerra.

Avant de préciser: "La production de venin coûte beaucoup d'énergie au serpent qui ne l’utilisera que pour immobiliser des proies à sa mesure, donc pas un humain".

L'herpétologue David Guerra en train de manipuler une vipère aspic. [RTS]
L'herpétologue David Guerra en train de manipuler une vipère aspic. [RTS]

Chaussures montantes et bâton

Même si une morsure est souvent sans gravité, le mieux est encore d'éviter tout contact avec l'animal. Les serpents hibernant l'hiver, les rencontres fortuites ont généralement lieu durant une période limitée de l'année, à savoir d'avril à septembre.

Porter des chaussures montantes, faire vibrer le sol en marchant avec un bâton – les serpents sont sourds mais sont très sensibles aux vibrations – et éviter de mettre les mains dans des endroits sans visibilité, comme les pierriers, permet déjà de réduire les risques de rencontre.

Si on garde une distance de deux mètres, il n'y aura aucun problème

David Guerra, herpétologue

Dernier mort en 1960

"La plupart des accidents arrivent lorsqu'il y a un contact involontaire avec le serpent. En mettant la main sur un caillou ou en ramassant du bois pour un feu, par exemple", poursuit David Guerra. "Dès qu'on voit une vipère et qu'on garde une distance de deux mètres, il n'y aura aucun problème: elle n'attaquera jamais".

Enfin, pour se rassurer, il reste les statistiques: en Suisse, le dernier cas mortel à la suite d'une morsure de vipère remonte à... 1960. Une femme a alors succombé au venin injecté après avoir marché par inadvertance sur le reptile.

>> Aires de répartition des deux espèces de vipères suisses:

>> L'épisode précédent de Bêtes noires : Doit-on avoir peur du silure, ce poisson géant?

Simon Gabioud & Michael Lapaire / sjaq

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Neuf espèces de serpents

En Suisse, vivent neuf espèces de serpents. Deux seulement sont venimeuses: la vipère péliade et la vipère aspic.

Les neuf espèces de serpents présentes en Suisse. [RTS]
Les neuf espèces de serpents présentes en Suisse. [RTS]

Les sept autres sont parfaitement inoffensives: couleuvre à collier helvétique et nordique, couleuvre d'Esculape, couleuvre tessellée, couleuvre verte et jaune, couleuvre vipérine et coronelle lisse.

Est-ce une couleuvre ou une vipère?

Trois indices permettent de différencier les deux groupes d’espèces présents en Suisse:

Les yeux. Si les pupilles sont rondes, c'est une couleuvre. Les vipères ont des pupilles verticales, comme les chats.

La tête. Les couleuvres ont la tête recouverte de grandes écailles assez peu nombreuses, alors que les vipères ont la tête recouverte de nombreuses petites écailles.

La taille. Les vipères adultes dépassent rarement 80 centimètres de long. Si le serpent mesure plus d'un mètre, c'est probablement une couleuvre.