L'Université de Lausanne a présenté mercredi dans un communiqué une étude qui laisse entrevoir certains espoirs concernant le cancer des ovaires à un stade avancé, qui ne donne actuellement guère de chance à ses victimes: la plupart font une récidive dans les deux ans et meurent en l’espace de cinq ans.
Le professeur George Coukos, un des grands spécialistes mondiaux du cancer ovarien, a mis au point une nouvelle immunothérapie dont l'efficacité a été vérifiée sur les trois quarts des femmes qui ont pu en bénéficier. Cette avancée est le fruit d'une collaboration entre l'Université de Lausanne, le Centre hospitalier universitaire vaudois et une équipe américaine de l'Université de Pennsylvanie.
Dans ce groupe de 31 femmes, le vaccin seul a permis de stabiliser ou du moins de freiner la progression de la maladie (pour le 65% des patientes). Dans un sous-groupe, 11 femmes ont testé en outre une seconde étape du traitement et ont vu, pour 73% d’entre elles, leur tumeur réduite ou du moins stabilisée.
Des cellules espionnes
Concrètement, l'immunothérapie fonctionne en deux étapes. Les cellules dendritiques fonctionnent comme des espionnes capables d'identifier des ennemis potentiels et de transmettre ces informations aux lymphocytes T qui peuvent les éliminer. L'équipe a pu conserver vivantes les cellules tumorales des patientes après chirurgie et isoler les cellules dendritiques.
Ces cellules ont été exposées aux antigènes de la tumeur puis réinjectées dans les nodules lymphatiques des patientes, sur une période de trois mois et en combinaison avec un médicament utilisé en chimiothérapie.
Bien toléré, ce nouveau vaccin a pu provoquer une réponse adéquate des cellules T contre plusieurs antigènes de la maladie.
Réponse immunitaire amplifiée
Dans la seconde étape du traitement, les chercheurs ont retiré des cellules T pour les réinjecter dans l’organisme des patientes après les avoir stimulées et développées en laboratoire afin d'amplifier la réponse immunitaire contre la tumeur.
Une expérience réussie dans la mesure où ces lymphocytes avaient déjà été "éduqués" par les cellules dendritiques pour attaquer les cellules tumorales.
Sur les 11 participantes à ce second stade du traitement, capable d’étendre encore la réponse immunitaire pour la cibler sur certains antigènes, sept ont vu leur maladie stabilisée. Pour l’une des participantes on peut même parler de complète rémission.
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Les approches pour combattre le cancer
"Contre le cancer, il faut imaginer aujourd’hui des approches combinées et complexes, qui montrent leur efficacité. Dans cette stratégie, les nouveaux vaccins capables d’éduquer le système immunitaire vont jouer un rôle clé", estime le professeur Coukos.
Une telle approche, reposant également sur la chimiothérapie, pourra dominer certains mécanismes fondamentaux utilisés aujourd’hui par le cancer pour prospérer dans l’organisme.