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Jacques Chessex: dernier hommage à Lausanne

Les obsèques ont été données à la Cathédrale de Lausanne.
Les obsèques ont été données à la Cathédrale de Lausanne.
Quelque 600 personnes ont rendu un dernier hommage à Jacques Chessex mercredi à la cathédrale de Lausanne. Des personnalités politiques, culturelles et des médias ont assisté au culte. Le corps de l'écrivain vaudois a ensuite été transporté à Ropraz pour y être enterré.

Le grand public a rendu mercredi matin un dernier hommage au
romancier lors d'un service religieux à la cathédrale de Lausanne.
Parmi les personnalités publiques figuraient le président du
conseil d'Etat vaudois Pascal Broulis et la ministre vaudoise de la
culture AnneCatherine Lyon. Le syndic de Lausanne Daniel Brélaz
portait une cravate ornée d'un chat gris, évoquant les armoiries de
Ropraz.

D'autres personnalités
étaient présentes, dont le photographe Marcel Imsand, le graveur
Pietro Sarto, l'ex-directeur de la Cinémathèque suisse Freddy
Buache, le cinéaste Lionel Baier, l'ex-conservateur de la
Collection de l'Art Brut Michel Thévoz et le romancier et
philosophe Jean Romain.

Eloge funèbre

Dans son éloge funèbre, le romancier français Jérôme Garcin, ami
de longue date de Jacques Chessex, a dit: «Je ne crois pas au
hasard. Il est mort debout et au milieu des livres». Il a évoqué
«la voix chaude, douce, onctueuse» du romancier vaudois. Il a parlé
de ses gestes «amples, lents, apaisés, apaisants» mais aussi sa
prose «belle, coulée dans le marbre que le temps n'atteint
pas.»

Je ne crois pas au
hasard. Il est mort debout et au milieu des livres.

Jérôme Garcin

Jérôme Garcin a
aussi rappelé que Jacques Chessex» n'a eu de cesse d'interroger ce
mystère qu'est l'au-delà (...) Maintenant, il connaît la réponse.
Il en aurait tiré un grand livre que nous ne lirons jamais.» Il a
conclu son hommage par cette phrase: «Il ne faut pas le pleurer
mais le lire pour le garder toujours vivant».



A l'issue de la cérémonie, le corps de l'écrivain a été transporté
à Ropraz pour être inhumé dans le petit cimetière du village, lors
d'une cérémonie réservée à la famille et aux proches. «Il a choisi
sa place au cimetière. Il l'a réservée depuis une dizaine
d'années», a déclaré son fils Jean contacté par l'ATS.
«L'inhumation sera une cérémonie privée, réservée à la famille, aux
proches, car le cimetière du village est petit.»

Homme religieux

Questionné il y a un an par l'ATS au sujet de la mort, Jacques
Chessex disait: «Je ne crois pas à la réincarnation, l'être est
unique, son destin est unique. Après la mort nous serons réunis
dans un lieu indicible où les âmes se parlent et se voient dans la
lumière. La mort nous délivre, nous donne une autre vie sans le
tourment du péché originel».



L'écrivain se déclarait «homme religieux, c'est à dire qui a le
sens du mystère». Sa grand-mère souhaitait qu'il devienne pasteur,
avait-il expliqué. «A une période difficile, j'ai failli renoncer à
l'enseignement au gymnase et suivre des études de théologie pour
entrer dans le pastorat».

Fasciné par le Minotaure


Jacques Chessex est décédé subitement vendredi soir durant un débat
à Yverdon-les-Bains (VD). Depuis samedi matin, il reposait en la
chapelle St-Roch à Lausanne.



Le poète et romancier avait 75 ans et laisse des dizaines
d'ouvrages ainsi que maintes oeuvres picturales, car il était aussi
un artiste peintre fasciné en particulier par la figure du
Minotaure. Né le 1er mars 1934, Jacques Chessex a obtenu plusieurs
distinctions littéraires. Ecrivain de l'érotisme, de la mort et du
secret, il est à ce jour l'unique lauréat suisse du prix Goncourt.
C'était en 1973 pour son roman «L'Ogre». Il avait été élevé en
France au grade de Chevalier de la Légion d'honneur.



ats/bri

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