Le résultat a été très serré. Ce n'est qu'au troisième vote que
le Landamann (président du gouvernement) a pu annoncer la victoire
du «oui» sous une pluie battante. C'est un succès pour les Jeunes
socialistes qui avaient lancé la proposition.
Calmy-Rey pas étonnée
«Surprise? Non», a déclaré à l'ATS Micheline Calmy-Rey, qui a
assisté à la Landsgemeinde. Glaris a été le premier canton à se
doter d'une loi sur le travail et il a surpris en 2006 en acceptant
de réduire par fusions le nombre des communes de 25 à 3, a ajouté
la présidente de la Confédération.
«Si la Landsgemeinde peut montrer un signe aux autres cantons,
c'est tant mieux», a déclaré le Landamann lors de son discours
d'ouverture. C'est une marque de confiance envers les jeunes, a
souligné Marianne Dürst, cheffe du département cantonal de
l'intérieur.
Beaucoup de jeunes entrent dans la vie active à 16 ans. Ils
pourront désormais aussi s'exprimer sur des sujets qui les
concernent directement, comme l'école ou l'apprentissage, a plaidé
la conseillère d'Etat.
Montrer le chemin
Douze personnes sont montées à la tribune avant le vote.
«Montrons le chemin. Tôt ou tard, les autres cantons suivront. Nous
avons la chance d'être les premiers», a déclaré le représentant des
Jeunes socialistes.
«Votez oui et vous pourrez dire: j'y étais», a déclaré un jeune
homme qui vient d'avoir 18 ans et participe à sa première
Landsgemeinde. «Soyons courageux et la Suisse ne nous regardera
plus comme avant», a lancé un membre du parlement. «Nous ne pouvons
qu'y gagner», a ajouté une femme.
Violence et alcoolisme
Des opposants se sont aussi exprimés. Les arguments allaient de
la violence et de l'alcoolisme croissants chez les jeunes au
désintérêt pour la politique. Un orateur aurait même souhaité
relever l'âge du droit de vote à 19 ans, ce qui a déclenché des
rires dans l'assistance.
Les Jeunes socialistes souhaitaient dans un premier temps aussi
accorder le droit d'éligibilité à 16 ans. Face à l'opposition du
parlement, ils ont finalement soutenu le contre-projet du
gouvernement favorable uniquement au droit de vote à 16 ans.
Intégration et responsabilités
Glaris fait donc oeuvre de pionnier en Suisse. «Je suis très
fière», a déclaré à l'ATS une jeune femme à l'issue du vote. Des
jeunes de moins de 18 ans qui suivaient les débats sont repartis
avec le sourire. «Je viendrai voter à la prochaine Landsgemeinde»,
lançait l'un d'eux.
«C'est une bonne chose», selon une mère de famille. Ça va
contribuer à une meilleure intégration des jeunes dans la société
et les inciter à prendre leurs responsabilités, a-t-elle
ajouté.
ats/ant/tac
Au tour de Berne?
Avec le vote de Glaris, c'est également la première fois en Suisse que des citoyens peuvent s'exprimer sur l'abaissement de l'âge du droit de vote à 16 ans.
Les Bernois pourraient être les prochains. Le parlement doit se prononcer d'ici l'été sur une proposition du gouvernement. Le peuple bernois aura le dernier mot.
Plusieurs cantons ont abordé le sujet ces dernières années. Zurich, Fribourg et Lucerne en ont parlé lorsqu'ils se sont dotés d'une nouvelle constitution, mais aucun n'a franchi le pas.
En 2000, le Conseil national a rejeté une proposition socialiste d'introduire le droit de vote à 16 ans au niveau fédéral. Le vote de Glaris pourrait relancer le débat.
Union européenne
Dans l'Union européenne, les deux Länder allemands de Basse-Saxe et du Schleswig-Holstein accordent déjà le droit de vote à 16 ans.
Le gouvernement autrichien souhaite faire de même au niveau national. Le parlement se prononcera d'ici l'été.