Edouard Brunner est décédé des suites d'une grave maladie à son
domicile dans la région de Nyon (VD), a indiqué Jean-Philippe
Jeannerat, porte-parole du Département fédéral des affaires
étrangères (DFAE). L'ancien secrétaire d'Etat a encore assumé
plusieurs missions importantes après avoir pris sa retraite en
1997.
Une carrière brillante
Originaire de Berne, Edouard Brunner est né le 24 février 1932 à
Istanbul. Après des études de droit à Genève, il est entré au DFAE
en 1956. Au début de sa carrière diplomatique, il a notamment
occupé des postes à Bogota, Washington, Varsovie et La Haye, puis
auprès de l'ONU à New York.
De 1972 à 1978, il a travaillé à plusieurs reprises comme
suppléant du chef de la délégation suisse à la Conférence sur la
sécurité et la coopération en Europe (CSCE). Sa participation aux
négociations qui ont abouti en 1975 à la signature par 35 Etats de
l'Acte final d'Helsinki restait l'un de ses meilleurs souvenirs
professionnels.
Numéro 2 sous Pierre Aubert
En 1980, Edouard Brunner a été nommé chef de la Division
politique I, chargée des relations avec les pays d'Europe et
d'Amérique du Nord. En 1984, il est devenu chef de la Direction
politique avec le titre de secrétaire d'Etat, c'est-à-dire numéro 2
du département après son chef d'alors Pierre Aubert.
Edouard Brunner a occupé ce poste pendant cinq ans. Il assumait
alors la responsabilité de toutes les affaires importantes touchant
la politique étrangère. Pour lui, le non populaire de 1986 à
l'adhésion de la Suisse à l'ONU a été le principal échec de cette
période.
Mésentente avec René Felber
En 1989, Edouard Brunner quittait Berne pour devenir ambassadeur
à Washington. Le nouveau conseiller fédéral René Felber jugeait
qu'il avait pris trop d'ascendant sur le DFAE et s'entendait mal
avec lui. En 1993, Edouard Brunner a été muté à Paris, où il a
aussi été délégué permanent de la Suisse auprès de l'UNESCO dès
1994. Il a pris sa retraite en mars 1997.
ats/ant
Un homme d'exception
L'ancien conseiller fédéral Pierre Aubert, très affecté par la disparition de son «ami» Edouard Brunner, décrit l'ancien ambassadeur comme un homme «exceptionnel».
«Edouard Brunner était un homme très subtil et avait toutes les vertus pour devenir secrétaire d'Etat», a-t-il ajouté. L'ancien conseiller fédéral partageait avec le diplomate de carrière plus que des relations professionnelles, mais une amitié profonde et une très grande confiance réciproque.
A la tête de la "Commission Brunner"
Edouard Brunner a été président de la Commission d'étude pour les questions stratégiques, appelée à repenser la politique de sécurité de la Suisse après la fin de la guerre froide.
Dans son rapport présenté en 1998, cette commission de 42 membres préconisait notamment un engagement international accru et une réduction des effectifs de l'armée et de la protection civile.
Il a encore dirigé la commission d'étude sur les services de renseignements de l'armée, constituée après l'affaire Bellasi, qui préconisait que ces services soient professionnalisés et démilitarisés pour devenir plus efficaces.