De la vieille ville, les violences se sont déplacées vers la
Reithalle. Cagoulés, les activistes ont jeté des pierres et des
bouteilles du centre alternatif sur les voitures qui passaient, a
indiqué la police dimanche. Ils ont également lancé des engins
pyrotechniques contre des véhicules. Deux voitures de police ont
été endommagées et un policier a été blessé par des bris de
verre.
42 interpellations
Les émeutiers ont aussi mis le feu à une affiche électorale de
l'UDC dans une rue proche. Ils ont ensuite rallié la Reithalle où
ils se sont mêlés aux visiteurs du lieu, échappant du même coup à
la police.
Les 42 personnes interpellées samedi par la police municipale
bernoise ont été relâchées dans la nuit. Des plaintes vont être
déposées contre elles pour divers délits, a déclaré le porte-parole
Franz Märki. Le montant définitif des dégâts n'était pas connu
dimanche.
Selon les premières estimations, la somme se montera à plusieurs
dizaines de milliers de francs. Le bilan ne pourra être fait qu'à
la fin de la semaine lorsque la police aura reçu toutes les
plaintes, a expliqué le porte-parole. Les affrontements entre des
activistes masqués du "Black Block" et la police ont fait samedi 21
blessés, dont 18 policiers.
La police critiquée
Les émeutes de samedi ont lancé la polémique au sujet de la
police bernoise, à un moins d'un an d'un événement pouvant s'avérer
très tendu, l'Euro 2008. Si les conseillers fédéraux ont condamné
et calmé le jeu (voir ci-contre), l'UDC a critiqué la police. Les
conseillers nationaux Toni Brunner et Ulrich Schlüer l'ont jugée
incapable de permettre au cortège de défiler.
Le commandant de la police et le
municipal compétent ont rejeté ces accusations et défendu leur
stratégie. L'objectif minimal d'empêcher toute confrontation entre
les deux camps a été atteint, ont-ils argumenté.
La réponse
Très mobiles, les activistes ont donné du fil à retordre aux
forces de l'ordre, les entraînant dans une "guerre à plusieurs
fronts" et les confrontant à une "tactique de guérilla", a
toutefois admis le directeur du Département de la sécurité de la
ville de Berne, le radical Stephan Hügli.
Au 19:30 de la tsr, Stephan Hügli s'est dit prêt à revoir sa
stratégie lors d'une telle manifestation et pourrait envisager
d'interdire à la dernière minute un défilé militant ou de limiter
la présence des manifestants sur la Place fédérale. Selon lui, la
responsabilité des débordements incombe surtout au comité de la
contre-manifestation "Mouton noir", selon lui.
agences/cab/boi
Les conseillers fédéraux condamnent
Les violences en marge de la manifestation de l'UDC samedi à Berne ont été condamnées par les conseillers fédéraux.
Micheline Calmy-Rey a fait part de sa tristesse face à ces violences. "Les libertés d'expression et de réunion sont des droits fondamentaux de notre démocratie. Il est inacceptable que quelques extrémistes les brisent par la violence", a-t-elle déclaré au "SonntagsBlick".
La Genevoise a appelé les partis à la modération. "Les provocations et les accusations en politique laissent des traces. Il faut arrêter de jouer avec les peurs, juste pour gagner quelques voix", a-t-elle déclaré.
Sur la TSR, Pascal Couchepin a également exprimé sa tristesse samedi. Il a par ailleurs soulevé des questions quant à la responsabilité de l'UDC, qui a voulu faire "une démonstration de force", alors que la police savait qu'il y aurait des émeutes.
"Ce jour restera dans l'histoire", a pour sa part déclaré Christoph Blocher. Des vandales ont empêché le premier parti de Suisse de se réunir sur la Place fédérale, a-t-il tonné.
Samuel Schmid, qui n'a pu rejoindre la manifestation, a condamné les violences, qui ne correspondent pas à sa conception démocratique de la Suisse.
Les débordements doivent être clairement condamnés, a expliqué dimanche le ministre UDC à la DRS. De tels agissements ne peuvent être tolérés, a-t-il martelé.
Samuel Schmid ne veut par contre pas juger si les risques avaient été correctement évalués lors de l'organisation du cortège. Il s'est aussi distancié de l'idée de son parti de défiler dans la ville.
Pelli et Darbellay condamnent l'UDC
Dimanche soir, sur le plateau de la télévision alémanique, tant Fulvio Pelli (PRD) que Christoph Darbellay (PDC) ont fustigé l'attitude de l'UDC pendant la campagne.