Depuis la réforme du droit pénal sexuel en 2022-2023, la prise en charge des victimes de violences sexuelles incombe désormais aux cantons. Dans son livre blanc, le groupe de réflexion suisse Reatch leur reproche notamment un accompagnement insuffisant des victimes.
Actuellement, lorsqu'une personne demande de l'aide, elle doit contacter elle-même divers spécialistes, allant de la police au système judiciaire, en passant par les services d'aide aux victimes et le milieu médical. La victime doit par ailleurs à chaque fois raconter son histoire à des acteurs qui ne collaborent pas entre eux.
"Le manque de confiance des victimes dans les points de contact exacerbe l'expérience traumatisante de la violence sexualisée", relève le document.
Un modèle bernois de référence
Pour Rahel Schmidt, gynécologue à l'hôpital cantonal de Zoug, cette situation ne permet pas aux victimes de bénéficier d'un cadre de confiance. "Les victimes sont traumatisées et on leur demande en plus qu'elles organisent elles-mêmes, complètement seules, leur traitement et leur prise en charge", déplore la médecin à l'initiative du projet, mardi dans La Matinale de la RTS.
Cette problématique s'observe dans presque tous les cantons, même si certains s'en sortent mieux en matière de suivi et d'accompagnement. A Berne, par exemple, un protocole existe à l'hôpital et explique comment gérer les victimes de violences sexuelles, relate Rahel Schmidt.
"Le modèle bernois est le meilleur modèle que nous avons en Suisse. Il y a encore des aspects à améliorer, mais il n'existe pas d'autre canton qui a un modèle aussi holistique", estime la gynécologue.
Protocole envoyé aux cantons
Le livre blanc de Reatch, réalisé en collaboration avec des représentantes et représentants du monde scientifique, politique, administratif, médical, économique et de la société civile, propose un protocole standardisé pour la prise en charge des victimes de violences sexuelles.
Un document a été envoyé à tous les cantons. Le protocole prévoit notamment plusieurs points de contact auxquels la victime peut s'adresser, une collaboration planifiée entre les différents actrices et acteurs impliqués dans la prise en charge et la conservation des preuves par du personnel qualifié tel que des infirmiers et infirmières légistes et des médecins légistes.
Du côté des cantons, Genève a déjà montré de l'intérêt pour adapter son processus d'accompagnement.
Fouad Boukari/iar