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Le Centre veut interdire les démissions du Conseil fédéral en cours de mandat

Le Centre souhaite interdire les démissions des conseillers fédéraux en cours de législature: interview de Vincent Maitre
Le Centre souhaite interdire les démissions des conseillers fédéraux en cours de législature: interview de Vincent Maître / Forum / 6 min. / le 20 juin 2024
Le président du Centre, Gerhard Pfister, a déposé une initiative parlementaire pour interdire les démissions de conseillers fédéraux en cours de législature. Vincent Maitre, vice-président du parti, estime jeudi dans Forum qu'elles "court-circuitent la démocratie" et "détournent l'institution".

L'ex-ministre des Finances UDC Ueli Maurer a quitté ses fonctions en 2022, un peu moins d'un an avant les élections fédérales, laissant son siège à l'UDC Albert Rösti. C'est donc pour éviter de "garantir la place de son successeur du même groupe politique" que Gerhard Pfister souhaite interdire les démissions en cours de mandat, explique Vincent Maitre au micro de la RTS.

Rebattre les cartes du jeu

Devoir attendre la fin de sa législature pour démissionner permettrait de rebattre les cartes et d’ouvrir le jeu en laissant place à une campagne entre les différents partis pour gagner le(s) nouveau(x) siège(s) disponible(s). Il est en effet extrêmement difficile pour un autre parti de récupérer le siège vacant en cas de démission précoce, insiste le vice-président du Centre.

La démission répétitive de certains conseillers fédéraux détournerait (...) l'institution puisqu'elle garantit la place de son successeur du même groupe politique que lui

Vincent Maitre, vice-président du Centre et conseiller national genevois

"La loi prévoit que les conseillers fédéraux sont élus pour une certaine période et ensemble", rappelle-t-il jeudi. "Or, si la démission répétitive de certains conseillers fédéraux devait être de plus en plus fréquente, on détournerait l'institution puisqu'un conseiller fédéral qui démissionne garantit la place de son successeur du même groupe politique que lui, ce qui grille la priorité à l'Assemblée fédérale."

Vouloir graver dans le marbre une répartition au sein du Conseil fédéral (...) au détriment de ce qu'a voulu le peuple dans les urnes est une façon de court-circuiter la démocratie et ces démissions y participent aussi

Vincent Maitre, vice-président du Centre et conseiller national genevois

"Il ne peut pas y avoir de grands brassages tous les quatre ans. Nos institutions, nos coutumes et nos traditions l'en empêchent. En revanche, vouloir graver dans le marbre une répartition au sein du Conseil fédéral qui serait favorable à un parti ou un autre, au détriment de ce qu'a voulu le peuple dans les urnes, est une façon de court-circuiter la démocratie et ces démissions" y participent aussi, ajoute Vincent Maitre.

Cette interdiction permettrait également au Centre d'obtenir plus facilement un deuxième siège, mais son vice-président refuse d'affirmer qu'il s'agisse d'une motivation de Gerhard Pfister pour cette initiative.

>> Lire aussi : Le Centre refuse dans l'immédiat de convoiter un deuxième siège au Conseil fédéral

"Faute grave"

Enfin, l'invité de la RTS estime que démissionner en cours de mandat est une "faute grave".

"Quand on brigue ce genre de poste, on a évidemment des pouvoirs, mais surtout des obligations et des contraintes. On doit assumer cet honneur qui nous est fait (...) ça ne peut certainement pas être un argument que d'invoquer une lassitude ou une fatigue, ce serait un aveu de faiblesse voire une faute particulièrement grave."

Mathieu Henderson, Coralie Claude

Article web: Julie Marty

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