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Le négoce de matières premières dans les bons papiers du Conseil fédéral

JSA [Peter Klaunzer]
Comme ses collègues du Conseil fédéral, Johann Schneider-Ammann, en charge du Département de l'économie, est opposé à l'idée de faire un grand ménage dans le milieu du négoce des matières premières. - [Peter Klaunzer]
La Confédération a indiqué mercredi qu'elle renonçait à faire le ménage parmi les négociants en matières premières implantés en Suisse et qui ne respectent pas toujours les droits humains.

Le Conseil fédéral est hostile à un grand ménage chez ceux des négociants en matière première qui prennent des libertés avec le respect des droits humains dans l'exercice de leur négoce.  La Suisse fait déjà beaucoup d'efforts pour préserver la compétitivité et l'intégrité de sa place économique, estime le Conseil fédéral.

Dans un rapport sur les matières premières adopté mercredi, le gouvernement se contente de formuler une série de recommandations. Il veut poursuivre l'amélioration des conditions-cadre et réduire les risques liés au secteur, y compris celui de réputation, en favorisant une approche multilatérale.

Rôle central

La Suisse joue un rôle central dans le commerce de matières premières. Pour le pétrole brut, c'est même la plus importante place de négoce au monde. Quelque 5000 entreprise occupant 10'000 personnes contribuent à hauteur de 3,5% au produit intérieur brut du pays en réalisant des recettes de près de 20 milliards de francs pour le commerce de transit.

Pour le Conseil fédéral, pas question de sacrifier une branche qui contribue à la création de valeur, à l'emploi et aux recettes fiscale. Les entreprises actives en Suisse doivent toutefois avoir un comportement intègre et respecter les droits de l'homme ainsi que les standards sociaux et environnementaux.

Il en va de la réputation de la place helvétique. Divers travaux ont été engagés, notamment pour augmenter la transparence des flux financiers entre les entreprises d'extraction de matières premières et les organes étatiques.

Approche internationale

Là encore, le Conseil fédéral privilégie une approche internationale coordonnée et la mise en oeuvre de standards internationaux. Il conseille de poursuivre la lutte contre les flux financiers illégaux et de soutenir les initiatives du G20 pour accroître la transparence des prix et des volumes sur les marchés physiques des matières premières par exemple.

Le gouvernement recommande par ailleurs la poursuite de l'engagement bilatéral et global en matière de coopération au développement. Pour réduire le risque de réputation, les autorités devront observer plus attentivement l'évolution du débat public.

ats/pym

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Les associations du négoce satisfaites

Trois associations regroupant des entreprises du négoce en Suisse ont réagi positivement au rapport du Conseil fédéral. Elles ont souligné qu'une réglementation unilatérale prise par la Suisse serait inefficace.

Dans un communiqué commun publié à Genève, la GTSA (Geneva Trading and Shipping Association), la LCTA (Lugano Commodity Trading Association) et la ZCA (Zug Commodity Association) indiquent qu'elles vont étudier de manière détaillée les recommandations du rapport du Conseil fédéral avec leurs membres.

Le texte souligne que les sociétés suisses de négoce ont pris, au cours des dernières années, "pleinement conscience de leur empreinte sociale ou environnementale". "Elles se sont engagées de manière volontaire dans l'évolution de leur gouvernance d'entreprise" et les associations du secteur "ont adopté une approche proactive et ouverte de dialogue avec les autorités et la société civile".

La région lémanique en tête dans le secteur

La région lémanique se taille la part du lion dans le secteur des matières premières. Elle regroupe à elle seule 370 des 520 entreprises actives dans ce domaine.

La Suisse fait office de plaque tournante: sa part dans le marché mondiale atteint 35% pour le pétrole brut et les céréales, 50% pour le sucre et même 60% pour les métaux et le café.

Les entreprises actives dans les matières premières brassent des sommes faramineuses. Les trois premières place du podium en Suisse sont Vitol (chiffre d'affaires de 279,1 mrds), Glencore International (174,9 mrds) et Trafigura (114,7 mrds).