Alors que la droite fait feu de tout bois contre la caisse unique et réclame un votation rapide, le PS a défendu jeudi son initiative, étude à l'appui. Une assurance maladie nationale et publique permettrait de se concentrer sur une amélioration de l'offre.
Les socialistes rejettent l'idée qu'un monopole sur l'assurance de base est mauvais en soi. Le même débat a été mené avant la création des CFF en 1902. Et les chemins de fers suisses sont meilleurs que les britanniques qui ont été privatisés, a souligné la conseillère nationale Jacqueline Fehr.
Et de noter dans la foulée que dans le domaine des assurances immobilière et accidents, l'offre publique est meilleur marché. La concurrence actuelle entre caisses maladie est faussée et vire au chaos, selon la Zurichoise. Avec 300'000 produits différents, ce ne sont pas les assurés qui choisissent leur assureur mais l'inverse, a-t-elle déclaré.
Agir sur les différences de primes
Les assureurs se concentrent en fait sur la sélection des risques au lieu de promouvoir l'innovation. Au final, la qualité de l'offre sanitaire en pâtit, selon l'auteure de l'étude Anna Sax.
En passant à une caisse unique, on pourrait se focaliser sur les différences de primes entre cantons et agir sur l'offre pour y remédier, a affirmé Mme Fehr.
On épargnerait aussi aux assurés les déboires récents liés aux réserves ou à l'affaire EGK, a ajouté sa camarade tessinoise Marina Carobbio. Autre avantage, les négociations entre partenaires tarifaires seraient simplifiées et plus transparentes.
ats/olhor
Economies de 300 à 350 millions
D'après l'étude, une caisse unique permettrait d'économiser à court terme 300 à 350 millions de francs avec la disparition des frais d'acquisition de publicité et de changement d'assureur. Soit une baisse de primes de l'ordre de 1,5%.
A moyen et long terme, les efforts menés pour améliorer l'efficacité de l'offre permettraient des économies de l'ordre de 10 à 20%, soit des milliards de francs. On pourra en effet se concentrer sur les 5% de patients qui coûtent plus de 50% des frais, en trouvant des modèles de soins adéquats.
Rayon personnel, l'introduction d'une caisse unique supprimerait à court terme quelque 2000 emplois. Mais à plus longue échéance, le développement de modèles de soins et de la promotion de la santé ouvrira de nouveaux horizons.
Contre-projet trop timide
Pour les socialistes, le contre-projet de leur ministre de la santé Alain Berset (séparation des assurances de base et complémentaires, affinement de la compensation des risques, "pot commun" pour les hauts risques) va dans la bonne direction mais pas assez loin. Le conseiller fédéral est d'ailleurs bien à la peine.
La majorité de droite du Parlement lui a fait savoir qu'elle ne voulait rien entendre de ces propositions et attend qu'il soumette avant l'été l'initiative aux Chambres. Alain Berset a fait savoir qu'il entendait s'en tenir au calendrier prévu (message à l'automne). Tout au plus, le Parlement pourrait faire le forcing et commencer déjà à débattre en juin.