Une dizaine de membres du Rapid Action Battalion (RAB), groupe paramilitaire opérant au Bangladesh, accusé par Human Rights Watch et Amnesty international de plus de 700 meurtres et de nombreux enlèvements d'opposants depuis 2004, ont été reçus pendant plusieurs jours par l'entreprise zurichoise Neosoft AG, selon la Wochenzeitung (WOZ) de jeudi.
En formation à Zurich?
Neosoft AG est citée dans des documents publiés par Wikileaks comme étant un fabricant de dispositifs d'espionnage de haute efficacité. L'entreprise vend notamment des IMSI-Catchers, instruments convoités par le RAB, comme l'avait révélé l'ONG Privacy international ce printemps. Ce genre d'exportation doit obtenir l'aval des autorités
(lire encadrés)
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Ce document demande que la livraison soit accompagnée d'une formation de dix jours. Cours qui aurait eu lieu la semaine passée à Zurich, selon la WOZ.
Neosoft AG, sans confirmer que la délégation était composée de membres du RAB, a indiqué à la Wochenzeitung, qu'aucun contrat n'avait encore été conclu, et a assuré qu'elle opérait toujours dans le cadre légal.
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Le SECO suit le dossier
Suite à l'enquête de la WOZ et de Privacy international, le Secrétariat d'Etat à l'économie (SECO) s'est saisi du dossier. "Nous craignons que des technologies de surveillance puissent être exportées sans autorisation," a indiqué à la WOZ le responsable du contrôle des exportations du SECO Jürgen Böhler, qui ajoute que les autorités ont pris des mesures pour éviter ces exportations illégales.
"Même si les Bangladais sont venus en Suisse seulement pour y être formés, cette formation doit faire l'objet d'une autorisation, car elle est considérée comme un transfert de technologie", a précisé Jürgen Böhler, qui n'a pas souhaité indiquer si Neosoft AG avait obtenu une telle autorisation.
Qu'est-ce qu'un IMSI-Catcher?
Un IMSI-Catcher est un système de surveillance très apprécié des services secrets qui simule une antenne de téléphonie mobile, afin d'identifier et intercepter les communications de tous les téléphones portables dans un rayon de 300 mètres.
Depuis 2007, la Confédération dispose de cette technologie, dont le prix peut atteindre plusieurs centaines de milliers de francs. Ces dispositifs sont aussi utilisés par les gouvernements autoritaires comme instrument de répression.
Depuis 2012, 34 de ces appareils ont été exportés depuis la Suisse pour une valeur totale de 18,7 millions de francs, selon le Seco, qui ne précise pas dans quels pays.
Demande d'exportation déposée, puis retirée
En juillet 2013 le St. Galler Tagblatt avait révélé que Neosoft avait déposé une demande d'exportation de technologie de surveillance, mais qu'elle l'aurait retirée par la suite.