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Les thèses se sont affrontées à Strasbourg dans le cas Perinçek contre la Suisse

Génocide arménien: la position de la Suisse est remise en question
Génocide arménien: la position de la Suisse est remise en question / 19h30 / 2 min. / le 27 janvier 2015
A la demande de la Suisse, les juges de Strasbourg ont réexaminé mercredi l'affaire qui oppose Berne à Dogu Perinçek. Le nationaliste turc avait qualifié le génocide arménien de "mensonge international".

La Grande Chambre de la Cour européenne des droits l'homme (CEDH) à Strasbourg a réexaminé mercredi l'affaire Perinçek contre la Suisse.

Comme dernière instance, elle devra trancher entre la norme antiraciste invoquée par Berne à propos de la négation du génocide arménien et la liberté d'expression soutenue par le Turc et Ankara (lire le rappel des faits ci-contre).

La décision de la Cour, définitive, tombera à une date non précisée.

"Pas raciste", clame Perinçek

Dogu Perinçek et son avocat ont été les premiers à prendre la parole.  Le chef du Parti des travailleurs de Turquie (extrême gauche)  a affirmé qu'il n'avait jamais dit "un seul mot de haine, de ressentiment contre les Arméniens". Il a mis au défi quiconque de démontrer qu'il était un raciste: "Le racisme, c'est une honte".

A ses yeux, l'Empire ottoman "n'a pas eu l'intention de supprimer totalement la population arménienne". Dogu Perinçek a dit "partager" ces souffrances face aux massacres.

Ses propos condamnés à Lausanne étaient basés sur une argumentation scientifique, avec des dizaines de kilos de documents, mais de toute manière la liberté d'expression doit primer, a-t-il répété.

Le point de vue suisse

La Suisse a défendu son point de vue en soulignant que la norme antiraciste utilisée contre le Turc Dogu Perinçek visait à protéger la paix publique et non pas la vérité historique.

Aux propos de Dogu Perinçek, qui a qualifié en 2005 en Suisse le génocide arménien de "mensonge international", il faut ajouter "l'intention haineuse", a relevé la délégation helvétique en rappelant l'arrêt du Tribunal fédéral.

"Aucun des propos (de Dogu Perinçek) n'a étayé le débat juridique", a plaidé Frank Schürmann, l'agent de la Confédération à la CEDH. La volonté du nationaliste n'a jamais été faire avancer la recherche historique, a martelé le responsable suisse.

ats/sbad

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Rappel des faits

Condamné en 2007 par la justice vaudoise pour discrimination raciale parce qu'il avait qualifié le génocide arménien de "mensonge international", Dogu Perinçek a obtenu gain de cause en 2013 devant la Cour de Strasbourg, celle-ci estimant que sa liberté d'expression avait été violée.

Face à ce désaveu, la Suisse a demandé le réexamen du cas devant l'instance ultime, la Grande Chambre de la CEDH.

Si l'affaire est complexe, elle n'en déchaîne pas moins les passions. Environ 40 journalistes et 400 personnes étaient inscrites pour suivre l'audience, sans compter les nombreux partisans venus manifester devant le bâtiment.

Amal Clooney défend l'Arménie

Défenseurs mandatés par l'Arménie, l'avocat Geoffrey Robertson et son assistante Amal Clooney ont notamment voulu corriger "les graves erreurs" présentes dans le premier jugement de la Cour. Selon eux, il mettait en doute le génocide arménien en réservant cette qualification à la Shoah.

Qu'il s'agisse du Rwanda, de la Bosnie ou de l'Arménie, les criminels à l'oeuvre ont aussi voulu rayer de la carte des populations, même s'il y a eu moins de morts qu'en 39-45.

Si l'on réserve le terme de génocide à la Shoah, on relativise les autres massacres systématiques ou les déportations planifiées. Avec votre jugement ultime, "vous devez remettre les pendules à l'heure", a lancé Amal Clooney, l'épouse de l'acteur américain qui a suscité la bousculade médiatique.