Parmi les 88 victimes du drame de Mattmark figurait Angel Casal, un Espagnol de 43 ans. Cinquante ans après les faits, son fils Henri se souvient.
Deux heures fatales
Angel Casal avait fui le franquisme et passé quelques années au Maroc avant de rejoindre la Suisse. Au barrage de Mattmark, il avait été embauché comme dessinateur en génie civil. "Le 30 août, il n'y est monté que deux heures, pour régler quelques affaires. Ma mère voulait le rejoindre, mais il l'en a dissuadée...", raconte Henri Casal.
"Ma soeur, mes deux frères et moi étions dans notre famille en Espagne pour les vacances. Nos parents devaient nous rejoindre. Seule ma maman est arrivée... En pleurs, elle nous a annoncé la nouvelle. Puis je l'ai entendue pleurer toute la nuit", poursuit-il.
L'adulte d'aujourd'hui se rappelle de l'enfant insouciant de 8 ans qu'il était alors, et du lourd chagrin qui s'est abattu subitement sur sa famille: "Je ne me rendais pas bien compte. Je continuais à aller à la plage, mais tout était devenu grave. Il n'y avait plus d'endroit pour s'amuser...".
"Le Valais de cette époque-là était très raciste"
"Son corps nous a été rendu à la mi-octobre. Pendant les presque deux mois d'attente, nous avons entendu beaucoup de méchancetés de la part de certaines personnes du quartier où nous vivions, à Sion. On disait qu'il avait dû filer avec une autre... Le Valais de cette époque-là était très raciste", souligne Henri Casal.
Après le drame, la famille Casal panse ses plaies, soutenue par des amis, et notamment par le pasteur de la paroisse protestante de Sion, Charles Bolay qui sera le tuteur des enfants jusqu'à leur majorité. "Le curé de la communauté catholique espagnole de Sion voulait plutôt que notre famille reparte en Espagne", se souvient Henri Casal.
Adulte, Henri entame une carrière de dessinateur de presse qui le mènera au Nouvelliste. Il y croque l'actualité depuis plus de trente ans.