"L'aide sociale, c'est un peu la voiture balai. Elle récupère toutes les lacunes des autres politiques publiques", a résumé Martine Kurth, invitée sur la Première. Pour la secrétaire générale de l'Association romande et tessinoise des institutions d'action sociale (Artias), la réduction du nombre de bénéficiaires de l'aide sociale passe prioritairement par des actions en amont.
"Tout le monde aimerait une bonne formation, un bon job, un appartement, une famille qui fonctionne bien, une bonne santé", clame la spécialiste. "Les personnes assistées sont des victimes des structures de la société. La responsabilité de ce problème est collective", poursuit-elle.
>> Lire la dernière statistique : Les Biennois toujours en tête des bénéficiaires de l'aide sociale
"Améliorer la formation"
La formation constitue l'enjeu central. Dans certaines villes, la part des personnes à l'aide sociale est plus élevée. C'est aussi là que la proportion d'étrangers non formés est plus importante qu'ailleurs.
"Augmenter les salaires"
Avec la libre circulation, les étrangers qui veulent venir en Suisse doivent avoir été engagés. Donc s'ils ont besoin de l'aide sociale, c'est que vraisemblablement des salaires peu décents leur sont versés, indique Martine Kurth.
"Agir contre les loyers trop élevés"
Il faut lutter contre les propriétaires immobiliers qui pratiquent des prix abusifs, tambourine Martine Kurth. La spécialiste souligne que "30 à 50% des coûts de l'aide sociale servent aux loyers".
"Elargir l'offre pour la petite enfance"
Le nombre de structures d'accueil pour les enfants doit être augmenté, en particulier les crèches, pour favoriser la réinsertion professionnelle.
"Ne pas exagérer le nombre d'abus"
Pour Martine Kurth, ce problème est marginal. "Bien sûr qu'il y a encore des abus à l'aide sociale, malgré les progrès réalisés. Mais il y a aussi des gens qui fraudent le fisc. Et les moyens mis en oeuvre pour traquer ceux-ci sont largement moindres", relève Martine Kurth.
"Ne pas baisser les salaires des assistants sociaux"
"La compétence n'est jamais gratuite", martèle Martine Kurth, en revenant sur certaines critiques contre les salaires des assistants sociaux. Pour la secrétaire générale de Artias, ces professionnels "ne sont pas des angélistes" et s'ils parviennent à faire sortir de l'aide sociale un tiers des assistés, "c'est qu'ils sont quasiment des faiseurs de miracles".
La Suisse a jusqu'ici bien réussi avec son système libéral. Mais le corollaire indispensable à ce choix est un très bon filet social. Cet équilibre est en train de se casser, ce qui va générer à long terme de l'injustice, de la peur, de la haine, prévient Martine Kurth.
bri
Pistes pour améliorer le fonctionnement de l'aide sociale
° Participation financière de la Confédération: l'aide sociale n'est actuellement financée que par les cantons et les communes. La Confédération a même récemment transféré une partie de ses charges liées aux assurances invalidité (AI) et chômage (AC) à l'aide sociale, déplore Martine Kurth.
° Harmonisation nationale des montants attribués: l'égalité est une valeur qui a fondé notre pays, rappelle la spécialiste. Tout en reconnaissant que certaines différences sont inévitables, elle précise qu'harmoniser ne veut pas dire uniformiser.
° Transfert des compétences: c'est la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales qui va désormais édicter les normes d'aide sociale, à la place de la Conférence suisse des institutions d'action sociale.
A qui est destinée l'aide sociale?
L'aide sociale publique assure la subsistance aux personnes dans le besoin. Elle vise à permettre leur indépendance matérielle et personnelle.
Cette aide doit aussi favoriser l'intégration sociale et professionnelle, explique l'Etat de Neuchâtel sur son site internet.