Au total, 161 professeurs ont signé un manifeste qui sera publié en fin de semaine, recommandant un "non" le 28 février prochain. Avec cet appel, les milieux académiques ne veulent pas que le scénario du 9 février 2014 se répète.
Agir plutôt que réagir
Avant le vote sur l'immigration de masse, les universités suisses avaient été très discrètes. Seules quelques rares voix s'étaient élevées. Une fois le résultat tombé, beaucoup d'universitaires, professeurs et étudiants avaient regretté leur silence. Car le "oui" du peuple à quelques milliers de voix près avait poussé l'Union européenne à suspendre l'accord sur les échanges étudiants et celui sur la recherche.
Deux ans plus tard, les professeurs de droit des universités suisses ont préféré prendre les devants, a confié jeudi dans le Journal du matin Andreas Auer, professeur émérite de droit constitutionnel aux université de Genève et Zurich et co-auteur de cet appel.
"J'ai senti une espèce d'inquiétude chez beaucoup de collègues", confie-t-il. "Nous sommes un Etat de droit et le fondement de l'Etat de droit c'est que le juge regarde de près l'ensemble des circonstances. Le juge n'est pas un ordinateur qui presse un bouton rouge dès qu'il voit quelque chose qui s'allume. C'est grave, c'est pour ça que nous avons pensé qu'il est de notre responsabilité d'y rester fidèles."
Il faudra convaincre hors des universités
En signant ce manifeste, les professeurs de droit ont décidé de combattre frontalement l'initiative de l'UDC. Avant eux, fin décembre, 40 conseillers aux Etats sur 46 ont fait de même, dénonçant un texte "antidémocratique". Deux actions spectaculaires et plutôt rares avant une votation populaire, preuve que la campagne est tendue, car le sujet est complexe et très émotionnel.
Pour les professeurs de droit, opposants d'un genre particulier, tout l'enjeu sera d'éviter le discours élitaire. Parler au plus grand nombre et convaincre au-delà des aulas d'université.
Pietro Bugnon/jzim