S'ils avaient voté mi-janvier, deux tiers des Suisses (67%) auraient accepté l'initiative PDC "Pour le couple et la famille - Non à la pénalisation du mariage", qui combat l'inégalité fiscale subie par les couples mariés par rapport aux concubins, selon l'institut gfs.bern mandaté par la SSR.
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Sans surprise, les partisans du PDC et de l'UDC - qui font campagne ensemble sur ce thème - sont les plus nombreux à soutenir ce projet, avec respectivement 80% et 73% de oui. Il est toutefois intéressant de constater qu'aucune franche opposition au texte ne se dessine au sein des autres partis: 62% des libéraux-radicaux, 55% des socialistes et 53% des Verts s'apprêtent même à accepter l'initiative.
Les opposants, qui ont axé leur campagne contre la définition conservatrice du couple contenue dans le texte, peinent à faire valoir leurs arguments. En effet, moins de la moitié des sondés (49%) se déclarent sensibles au caractère discriminatoire qu'aurait une loi réduisant le mariage à l'union durable entre un homme et une femme. La crainte de pertes fiscales importantes pour la Confédération - l'autre argument des adversaires à cette initiative - convainc un peu plus (63%).
A titre comparatif, l'inégalité fiscale entre couples mariés et concubins, que l'initiative veut supprimer, obtient l'adhésion de 83% des sondés.
De façon générale, les Romands sont un peu plus défavorables au texte PDC (24% de non) que les Alémaniques (21%) et, surtout, que les Tessinois (8%).
Sort incertain pour l'initiative de mise en oeuvre UDC
Le nombre de Suisses favorables à l'initiative de mise en oeuvre "pour le renvoi effectif des criminels étrangers" diminuerait. Donnée pour largement acceptée en octobre, elle obtenait 55% de oui mi-décembre, selon un sondage du Sonntagsblick. A cinq semaines des votations, 51% des personnes sondées pour la SSR se déclaraient favorables au renvoi effectif des criminels étrangers, confirmant cette tendance à la baisse. Le nombre d'indécis (7%), peu élevé, laisse penser que l'issue du scrutin pourrait être plus incertaine qu'attendu.
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Une forte mobilisation le 28 février pourrait toutefois faire pencher la balance. L'institut gfs.bern démontre qu'avec un taux de participation plus élevé - qui inclut les personnes qui iront probablement voter et pas uniquement celles qui sont sûres d'aller voter - le oui pourrait atteindre 57%.
En 2010, l'initiative sur le renvoi des criminels étrangers - dont les initiants dénoncent l'application - avait été acceptée par 52,3% des citoyens, avec un taux de participation proche de 53%.
Si le texte fait quasiment l'unanimité au sein de l'UDC, avec 89% d'opinions favorables, il est ardemment combattu dans les rangs du PS et des Verts, avec respectivement 76% et 71% de non. Une majorité de sympathisants PDC (55%) désapprouve également le texte. Les avis sont plus partagés dans les rangs du PLR avec 42% contre, 46% pour et 12% d'indécis.
Sur ce thème, le clivage ville-campagne semble davantage significatif que les frontières linguistiques. En effet, seul le Tessin se distingue avec 65% de oui. De façon générale, les régions rurales plébiscitent davantage l'initiative de mise en oeuvre (55%) que les grandes agglomérations (48%).
Enfin, les 18-39 ans approuvent davantage le texte (55%) que les 65 ans et plus (48%).
Plébiscite pour le 2e tube routier au Gothard
Près de deux tiers des Suisses (64%) suivraient le Parlement et le Conseil fédéral qui défendent la construction d'un deuxième tube routier au Gothard. Les socialistes, les Verts et les Vert'libéraux, qui ont lancé un référendum pour dénoncer un "gaspillage", ne seraient suivis que par 29% des sondés certains d'aller voter alors que 7% d'entre eux sont encore indécis.
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Logiquement, les sympathisants des socialistes et des Verts s'opposent davantage au nouveau tunnel, respectivement 53% et 70% de non. Ces proportions sont inversées dans le camp UDC (80% de oui), libéral-radical (74%) et PDC (68%).
Directement concernés par ce nouveau chantier, les Tessinois (76%) et les Alémaniques (66%) sont aussi davantage favorables à ce chantier que les Romands (53%).
Peu de chances pour les Jeunes socialistes
Aucune nette majorité ne se dégage pour l'initiative "Pas de spéculation sur les denrées alimentaires", qui obtiendrait 48% de oui et 39% de non, selon le premier sondage SSR. Ce résultat est toutefois à nuancer au regard des nombreuses incertitudes exprimées par les sondés. Seuls 47% d'entre eux affichent une opinion définitive, se prononçant absolument pour (28%) ou absolument contre (19%) le texte des Jeunes socialistes. Par ailleurs, 13% des sondés restent indécis. Autrement dit, 40% des personnes interrogées n'ont fait qu'exprimer une tendance.
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Les sympathisants du PLR affichent l'opposition la plus marquée (56%) à ce projet qui veux interdire aux acteurs suisses du marché d'investir dans des instruments financiers ayant trait aux matières premières et aux produits alimentaires. L'UDC et le PDC sont plus partagés, avec respectivement 46% et 44% de non, alors que les Verts et les socialistes soutiennent clairement le texte.
Des différences significatives transparaissent selon le niveau d'éducation, l'âge et le sexe. L'initiative est moins plébiscitée parmi les personnes dotées d'un haut niveau de formation, et elle séduit moins les hommes (42% de oui) que les femmes (54%). Les jeunes semblent en revanche plus sensibles à ce thème (56% de oui) que leurs aînés (47% chez les 40-64 ans et 44% chez les 65 et plus).
Juliette Galeazzi avec Victorien Kissling
Méthodologie utilisée
Le premier sondage SSR pour les votations du 28 février a été réalisé par l'institut gfs.bern entre le 11 et le 15 janvier 2016.
Un échantillon représentatif de la population suisse comptant 1213 personnes a été interrogé.