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Le moustique tigre, porteur potentiel de Zika, repéré au nord de la Suisse

Le moustique tigre Aedes albopictus n'est plus cantonné au Tessin. [Roger Eritja]
Le moustique tigre Aedes albopictus n'est plus cantonné au Tessin. - [Roger Eritja]
Le moustique tigre "Aedes albopictus", potentiellement porteur du virus Zika, se propage au nord des Alpes. Des spécimens ont été repérés à Bâle en septembre 2015. Explications d'une experte en moustique.

"Le moustique tigre, 'Aedes albopictus', arrivera sur le plateau suisse et jusqu'à Genève tôt ou tard. On ne peut pas l'éviter. Mais cela ne veut pas dire qu'il va forcément être un vecteur d'épidémie", explique à RTSinfo Eleonora Flacio, chercheuse au Laboratoire de microbiologie appliquée du canton du Tessin.

Experte de l'espèce en Suisse, la chercheuse commente sa propagation dans l'émission Mise au Point dimanche, qui est partie sur les traces de son cousin, "Aedes aegypti", responsable de l'épidémie actuelle de Zika au Brésil et dans plusieurs pays d'Amérique du Sud.

Interview : Elonora Flacio, cheffe coordination terrain activité moustique tigre, TI
Interview : Elonora Flacio, cheffe coordination terrain activité moustique tigre, TI / Mise au point / 4 min. / le 7 février 2016

"Aedes albopictus" est lui présent au Tessin depuis 2003. Malgré une stratégie de surveillance et d'éradication active, l'espèce poursuit sa route au nord des Alpes le long des axes routiers, transportés du Gothard vers Bâle par les voitures ou camions qui empruntent cette route. En septembre 2015, des spécimens ont été trouvés dans des pièges à moustiques (en rouge dans la carte ci-dessous) notamment à Bâle, attestant de cette progression vers le nord.

N.B.: En rouge, les régions où la population de moustiques est établie: il se reproduit et est capable de survivre à l'hiver. En jaune, les régions où le moustique a été observé au cours des cinq dernières années, sans preuve toutefois qu'il s'y reproduise. En vert, les régions où il est absent.

"En Suisse, le risque d'une épidémie de Zika, de chikungunya ou de dengue, des virus tous potentiellement transmissibles par le moustique tigre, est quasi inexistant car la population de moustiques est trop faible", tient à rassurer Eleonora Flacio. "La Suisse a une politique très pro-active et agit directement sur les foyers de moustiques présents au contraire de certains autres pays qui attendent de voir déclarés des cas de gens malades pour agir".

Foyer établi à 70 km de Bâle

"A Bâle, le moustique est présent mais seulement ponctuellement. La nouveauté de 2015, c'est qu'une population de moustique tigre est désormais établie à Freiburg-en-Brisgau en Allemagne, à une septantaine de kilomètres au nord de Bâle", remarque Eleonora Flacio. "Il y est présent dans le milieu urbain et plus seulement sur les axes routiers", relève-t-elle.

"Si le moustique a pu s'établir à Freiburg, c'est qu'il peut aussi le faire à Bâle, où les conditions climatiques sont identiques".

Aux portes de Genève

Répertorié en Italie depuis les années 1990, le moustique tigre a progressé dans le pourtour méditerranéen via les axes routiers.

Il est également aux portes de Genève puisque des individus ont été observés de manière récurrente dans les départements français avoisinants (voir la carte ci-dessous établie en octobre 2015 par le Centre européen de prévention et contrôle des maladies).

Les parcs publics au Tessin sont très bien gérés, le problème c'est plutôt les jardins des particuliers.

Eleonora Flacio, biologiste

Le Tessin a été le premier canton suisse à voir arriver le moustique tigre, car la chaleur est un environnement favorable pour le développement des oeufs et des larves. D'abord présent sur des parkings le long des axes routiers, il s'est peu à peu installé dans les jardins et les parcs. L'eau stagnante dans les jardins privatifs est le premier endroit à surveiller en cas de suspicion de la présence de l'insecte.

La Suisse, plutôt épargnée par la propagation du moustique tigre jusqu'à maintenant, ne pourra rester totalement à l'abri. "Mais le plus sûr pour se protéger, c'est de maintenir une population de moustique faible. Moins on a de moustiques, plus le risque d'une contamination est bas", conclut la biologiste.

Sophie Badoux/vtom/kg

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Le reportage de Mise au Point au Brésil

Mise au Point s'est rendu sur les traces du moustique "Aedes aegypti", responsable de l'épidémie actuelle de Zika au Brésil.

Avec le carnaval et bientôt les jeux olympiques, le pays le plus touché par le virus Zika fait la guerre au moustique. Dans le Nord-est, l’armée chasse massivement l’insecte soupçonné d’être responsable de milliers de cas de malformations fœtales. L'émission est aussi partie à la rencontre de femmes et d'enfants malades.