Alertée par Madrid sur le fait qu'une activiste de l'ETA résidait à Zurich avec de faux papiers, la Suisse l'arrête au printemps 2016. Nekane Chapartegi avait été condamnée à 7 ans de prison en Espagne pour avoir fourni de faux passeports à un commando de l’ETA.
L'enquête de la RTS révèle que jusqu’à son arrestation par les services suisses, elle vivait une vie sans histoire, sous une fausse identité à Zurich, avec sa petite fille, scolarisée et depuis lors placée dans une famille d’accueil.
Elle avait pris la fuite avec sa fille vers la Suisse afin d'échapper à la prison. Car lors de son procès en 1999, elle n'avait jamais cessé de clamer son innocence, expliquant avoir avoué après avoir subi des tortures.
4000 cas de tortures que l'Espagne réfute
L’ETA reste un sujet très sensible en Espagne, le pays ayant été marqué par des décennies de terreurs et d’attentats. Le gouvernement espagnol a d'ailleurs toujours réfuté les accusations de tortures.
"La pratique de l’ETA de dénoncer systématiquement des mauvais traitements et des actes de tortures est une stratégie pour obtenir des répercussions médiatiques et discréditer la police et les services anti-terroristes. Ce n’est pas une spéculation. C’est un fait. L’Espagne est un Etat de droit. En Espagne règne la loi", rappelait ainsi récemment Mariano Rajoy.
En juin 2016, le gouvernement basque a pour sa part publié un rapport qui détaille 4000 cas de tortures commis entre 1960 et 2013 par les Forces armées espagnoles. Le cas de cette militante réfugiée en Suisse s'y trouve.
Une affaire sensible pour Berne. Extrader la militante basque ou la libérer au risque de froisser un pays ami? Un caillou dans la chaussure de Simonetta Sommaruga.
Convention contre la torture
"Dans le cadre de la procédure d’extradition, la militante de l’ETA a invoqué notamment des tortures infligées par la police espagnole. L’Office fédéral de la justice a invité les autorités espagnoles à se déterminer sur cet aspect. Si ces griefs devaient s’avérer crédibles, la Suisse pourrait refuser l’extradition", a expliqué l'Office fédéral de la justice à la RTS par écrit.
"Si la Suisse prend une décision favorable à l’extradition, elle s’expose très vraisemblablement à un problème politique qui est de passer pour un Etat qui viole la convention contre la torture", relève pour sa part l'avocat de la militante Olivier Peter.
La militante basque qui embarrasse la Suisse a déposé une demande d’asile. La décision d’extradition est imminente.
Olivier Kohler/sbad
La France vient de refuser l'extradition d'un cas similaire
Le 18 octobre dernier, la justice française se prononçait aussi sur le cas d'une militante basque, mais de nationalité française, dont l'Espagne réclamait l'extradition.
La Cour d'appel de Pau avait décidé de rejeter le mandat d'arrêt européen.