La reconnaissance, les excuses et les compensations financières n'ont pas apaisé Daniel Cevey. Victime d'un placement forcé alors qu'il était enfant, le Vaudois a participé à la table ronde créée en 2013 sur cette page sombre de l'histoire suisse. Il estime ne pas avoir été écouté par les autorités et dénonce "un petit coup d'esbrouffe pour la population".
"Les victimes qui sont dans la précarité restent dans la précarité, le montant de réparation est insuffisant", témoigne Daniel Cevey. "Cette table ronde n'a pas fonctionné comme elle aurait dû."
Sur les 12'000 à 15'000 enfants placés de force, selon les estimations du Conseil fédéral, 9000 se sont fait connaître et ont demandé une contribution de solidarité. Une enveloppe de 300 millions de francs a été mise à disposition par le Parlement.
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"Nous essayons de construire quelque chose pour l'histoire"
Ancien enfant placé, Clément Wieilly a également participé à la table ronde, dont il salue le résultat. Pour le Fribourgeois, les recherches menées dans ce cadre ont permis de briser le silence. "Le travail qui a été fait est vraiment formidable", estime-t-il dans le 19h30. "On ne reste pas uniquement dans l'excuse et le dédommagement. On essaie de construire quelque chose pour l'histoire." Clément Wieilly a d'ailleurs parcouru la Suisse pour raconter son passé.
Pour Simonetta Sommaruga, en charge du dossier, la reconnaissance de cette "injustice" par les autorités est essentielle, tout comme le dédommagement financier. Les premiers versements - à hauteur de 20'000 à 25'000 francs par victime - ont été effectués en janvier 2018.
"Nous essayons d'aller le plus vite possible, surtout pour les victimes, qui sont parfois malades", explique la conseillère fédérale. "Jusqu'à présent, seules les victimes savaient réellement ce qui s'était passé, mais désormais nous voulons que toute la société le reconnaisse."
Reportage: Hannah Schlaepfer
Adaptation web: Tamara Muncanovic