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Peines réduites pour 3 clubs

Le directeur général de la Juve Moggi avait dû démissionner
Le directeur général de la Juve Moggi avait dû démissionner
Trois des quatre clubs de football condamnés en appel dans le procès des matches truqués du Calcio ont vu vendredi leur pénalités de points réduites.

Voilà ce qu'a décidé la Cour arbitrale du Comité national
olympique italien (Coni), vendredi à Rome, au sujet des clubs
Juventus Turin, Lazio Rome et Fiorentina. La pénalité infligée à
l'AC Milan (8 points) a en revanche été maintenue.

Plus que 9 points de pénalité pour la Juve

La Juventus passe ainsi de 17 points de pénalité à 9, la Lazio
Rome de 11 à 3 et la Fiorentina de 19 à 15. L'AC Milan, la Lazio et
la Fiorentina évoluent en Serie A (1re division). La Juventus a
elle été reléguée en Serie B (2e division).



La Cour arbitrale constitue le dernier degré de juridiction
sportive en Italie. S'ils ne sont pas satisfaits, les clubs ont
désormais la possibilité de se tourner vers le Tribunal arbitral du
sport (TAS), à Lausanne en Suisse.



Les recours devant la justice ordinaire pour des affaires relevant
des juridictions sportives sont en revanche interdits par les
statuts de la Fédération italienne (FIGC) et de la Fédération
internationale de football (Fifa).

Un trucage sophistiqué

Le scandale du Calcio concerne principalement quatre
prestigieuses équipes italiennes, des arbitres et
arbitres-assistants, des dirigeants de clubs et de la Fédération de
football, dans un système "sophistiqué" de trucage des rencontres
lors de la saison 2004-05 (voir la chronologie
ci-contre
).



Aucun joueur n'a été déféré devant la justice sportive. L'enquête
n'a pas déterminé des faits de corruption, d'achats de matches ou
"d'enveloppes sous la table". Mais selon l'accusation, les clubs
ont bénéficié à plusieurs reprises d'arbitres favorables, avec la
complicité des deux responsables de la Fédération (FIGC) chargés de
leur désignation.

Des arbitres impliqués

"L'intelligence du système" reposait sur le rôle des arbitres,
appelés à intervenir non sur des actions spectaculaires mais sur
des phases de jeu litigieuses, comme un hors-jeu ou une faute. Le
tout pour ne pas créer "d'impression négative dans l'opinion
publique", avait expliqué le procureur lors du procès
disciplinaire.

Juventus Turin

Selon les carabiniers de Rome ayant mené l'enquête pour la
justice pénale, Luciano Moggi, directeur général du club de 1994 à
2006, était la tête d'un réseau qui lui permettait d'atteindre "une
position de domination et de contrôle absolus sur tout le système
du football professionnel".



Moggi, appuyé par l'ancien administrateur-délégué du club Antonio
Giraudo, entretenait des relations avec de nombreux responsables de
la FIGC. Des écoutes téléphoniques ont révélé qu'il désignait
parfois lui-même les arbitres pour certaines rencontres. Moggi
intervenait aussi pour qu'ils multiplient les cartons jaunes afin
de suspendre des joueurs et affaiblir les équipes devant affronter
la Juve le dimanche suivant.

Lazio Rome

Selon l'enquête, le président du club, Claudio Lotito, s'est
résigné aux réélections en mars 2005 d'Adriano Galliani (AC Milan)
à la tête de la Ligue professionnelle (Lega Calcio) et de Franco
Carraro à la présidence de la Fédération un mois plus tôt,
permettant à son équipe d'entrer "dans le système moggien" et de
profiter à son tour des faveurs arbitrales.

Fiorentina

Opposés aux réélections de Galliani et de Carraro à la Ligue et
à la Fédération, les frères Della Valle, récemment parvenus à la
tête du club et connus comme les nouveaux "chevaliers blancs" du
Calcio, s'inquiètent des "erreurs" d'arbitrage répétées dont est
victime la Fiorentina, proche de la relégation en fin de
saison.



Selon l'enquête, l'équipe dirigeante a pris langue avec les
"hommes-clés" de la FIGC et accepté d'entrer dans le "système", en
échange du maintien dans l'élite. La Fiorentina s'est sauvée
d'extrême justesse en 2004-05, avec le même nombre de points que le
premier relégable.

AC Milan

Outre les conditions controversées de la réélection de Galliani
à la tête de la Ligue, le club de Silvio Berlusconi est mis en
cause par des conversations téléphoniques entre un de ses
dirigeants, Leonardo Meani, et le responsable de la Fédération
chargé de désigner les arbitres-assistants, Gennaro Mazzei. Là
encore, les discussions interceptées révèlent que les deux hommes
discutent longuement des désignations.



afp/hof

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Chronologie de l'affaire

2 mai: annonce de la Fédération (FIGC) qu'une enquête a été ouverte en mars après des rumeurs sur des écoutes téléphoniques transmises par la justice

4 mai: de premiers extraits d'écoutes datant de l'été 2004 mettent en lumière les relations fréquentes entre le directeur général de la Juventus Luciano Moggi et un responsable de la FIGC chargé de désigner les arbitres.

12 mai: les magistrats de Naples révèlent les premiers détails de leur enquête. Quatre équipes (Juventus Turin, Lazio Rome, Fiorentina, AC Milan) et 41 personnes (responsables de la FIGC, dirigeants de clubs, arbitres, arbitres-assistants) sont impliquées dans un système présumé de "conditionnement" des rencontres en 2004-05 en faveur de la Juve, notamment grâce aux décisions arbitrales.

14 mai: la Juventus remporte son 29e Championnat d'Italie. Quelques minutes plus tard, Moggi annonce sa démission.

22 juin: le procureur défère les quatre clubs et 25 personnes devant la justice sportive. Le procès s'ouvre six jours plus tard au Stade Olympique de Rome.

14 juillet: le tribunal disciplinaire impose la relégation en Serie B (2e div.) à la Juventus, la Fiorentina et la Lazio, avec respectivement 30, 12 et 7 points de handicap pour la saison à venir. L'AC Milan est maintenu en Serie A mais privé de Ligue des Champions et écope de 15 points de handicap.

25 juillet: en appel, les sanctions sont revues à la baisse.

10-11 octobre: la Juventus, la Lazio, l'AC Milan et la Fiorentina, à la suite de l'échec de leurs conciliations respectives avec la FIGC devant le Comité olympique italien (Coni), sont entendus par la Cour arbitrale du Coni.