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Robert Mayer sur les pas de Renato Tosio?

Mayer. [Gabriele Putzu]
Mayer dit n'avoir pas exploité tout son potentiel. - [Gabriele Putzu]
Gardien le plus sollicité en LNA cette saison en terme de tirs adverses, Robert Mayer maintient GE-Servette à flot depuis le début de la saison. Et ce même malgré ses déboires lors des tirs aux buts. Ou ses rares erreurs à la relance, comme lors de la défaite des Aigles 5-1 vendredi à Zurich. RTSsport.ch a rencontré le portier international.

Robert Mayer (27 ans) est originaire de Haldenstein. Vous ne connaissez sans doute pas cette bourgade grisonne de 1023 âmes. Mais parmi celles-ci, l'une est célèbre: Renato Tosio, l'ancien portier légendaire du CP Berne.

Mayer a encore du travail pour parvenir au même statut que le quadruple champion de Suisse. Cependant, le dernier rempart de GE-Servette fait son chemin. Et plutôt bien. Gardien le plus sollicité en LNA cette saison avec 1353 tirs adverses, le Grison -92,6% d'arrêts- contribue largement à la présence des Aigles au-dessus de la barre fatidique.

RTSsport.ch a rencontré l'Helvético-Tchèque, arrivé en Suisse à l'âge de 4 ans, qui se sent comme un poisson dans l'eau dans la Genève internationale. "On a une équipe qui peut réussir quelque chose en playoff. Il faut nous inspirer du parcours de Berne l'an passé. Avant de devenir champions, ils n'avaient pas non plus trouvé tout de suite le bon rythme".

"Je n'ai pas encore exploité tout mon potentiel"

RTSsport.ch:Est-ce votre meilleure saison?

ROBERT MAYER: Je joue comme je l'aimerais en ce moment, à un très bon niveau. Dans mon plan de carrière, je suis parvenu au point que je m'étais fixé. Mais je veux encore progresser, je n'ai pas exploité tout mon potentiel.

RTSsport.ch:Vous vous plaisez donc à Genève.

ROBERT MAYER: Tout est parfait ici. Il règne une ambiance exceptionnelle dans le vestiaire. On forme une famille. Je voyage souvent avec des coéquipiers durant mon temps libre. Et Sébastien Beaulieu, le coach des gardiens, me comprend bien et m'aide beaucoup. Mon seul souci, c'est que j'ai pas mal de peine à apprendre le français...

RTSsport.ch:Votre habileté canne en main est bien connue. Vous rêvez de marquer un but dans la cage vide un jour?

ROBERT MAYER: Oui (rires)! J'essaie d'y parvenir. Je prends des risques parfois en m'éloignant du but pour récupérer le puck. Mais je lis bien le jeu, et c'est un plus pour mes défenseurs. Ca leur évite d'encaisser certaines charges contre la bande. Après, c'est clair que si je fais une erreur, on la remarque davantage que si c'est un défenseur qui la commet. On pense que j'ai développé cette aptitude durant mon séjour en Amérique du Nord. Mais c'est faux. Cela remonte à mon enfance, où je préférais occuper le rôle de joueur avec mes amis. Je conseille d'ailleurs à tous les jeunes gardiens de faire ça.

Je réfléchis trop pendant les penalties

Robert Mayer

RTSsport.ch:Par contre, vous n'êtes pas à l'aise dans l'exercice des tirs aux buts cette saison. Pourquoi?

ROBERT MAYER: Ma prestation contre Lugano mardi passé, où ils menaient 3-0 après leurs 3 premiers essais (réd: défaite 3-2 aux Vernets), a été scandaleuse. Je réfléchis trop dans ces moments-là, et au final on perd des points. Auparavant, je n'ai pourtant jamais eu de problèmes dans cette phase de jeu. Mes soucis remontent peut-être au 6e acte de la demi-finale de l'an passé à Lugano, quand Philippe Furrer nous a éliminés avec ce penalty marqué en prolongation. Je suis heureux qu'il n'y ait plus de tirs aux buts en playoff dès la saison prochaine (rires).

RTSsport.ch:Vous avez assumé la succession de Tobias Stephan aux Vernets depuis 2014. N'était-ce pas pesant, au début?

ROBERT MAYER: Non, cela fait partie du job. Où que tu arrives, tu remplaces un autre portier. Je n'y ai pas pensé. Je savais ce que je pouvais apporter à cette équipe. Ma première saison à Genève a été difficile, avec cette première blessure de ma carrière qui m'a limité à 20 matches en saison régulière. Lors de mon 2e exercice, j'ai connu un premier mois compliqué. Mais ensuite, j'ai trouvé mon rythme de croisière. J'ai beaucoup appris durant mes 7 années outre-Atlantique, où tout n'a pas été rose. Cela m'a aidé à constamment progresser sur le plan du mental, qui constitue le 80% de mon job.

"J'ai beaucoup appris en côtoyant Carey Price"

RTSsport.ch:Vous avez évolué durant 5 ans dans l'organisation de Montréal. Mais même si vous avez pris place sur le banc une dizaine de fois en NHL, vous avez dû vous contenter des ligues mineures.

ROBERT MAYER: Ca me laisse un goût amer de n'avoir jamais reçu ma chance. Surtout que j'étais dans le système durant 5 ans. Je rêve de la NHL depuis mon enfance. Si on me proposait un contrat à un volet (réd: pas de baisse de salaire en cas de rétrogradation en AHL), j'y réfléchirais. Mais je ne pense pas à cette éventualité en ce moment. J'ai en tout cas beaucoup appris en côtoyant Carey Price à Montréal. A mon avis, c'est le meilleur portier du monde. En plus, c'est un bon gars.

RTSsport.ch: Vous ne voulez plus retrouver la jungle de l'AHL. Mais les ligues mineures vous laissent un bon souvenir quand même: la Coupe et le titre de "MVP" des playoff 2010 en ECHL avec Cincinnati.

ROBERT MAYER: J'avais débarqué avant la demi-finale, pour remplacer un gardien blessé. Alors qu'on était mené 2-0 dans la série, j'ai insisté pour que le coach me fasse jouer. Puis les succès se sont enchaînés. En finale, j'ai même signé trois blanchissages face à Reading, où jouait Daniel Steiner (réd: l'attaquant de Fribourg-Gottéron). C'était un bel épilogue après ma mauvaise saison en AHL. Dans cette ligue-ci, c'est chacun pour soi. Les statistiques personnelles priment. C'est plutôt bizarre. 

On devrait davantage faire confiance aux jeunes gardiens suisses en LNA

Robert Mayer

RTSsport.ch:L'an passé, vous avez fêté votre première -et unique- titularisation en Championnat du monde, lors d'une défaite 4-3 en prolongation face à la Norvège. La place de gardien no1 de l'équipe de Suisse, occupée en 2016 par Reto Berra, n'est-elle pas à votre portée?

ROBERT MAYER: Je veux m'établir comme l'un des meilleurs gardiens du pays, et jouer au niveau international. Mais je n'ai pas brillé en Russie. C'était difficile, j'avais encaissé 2 buts alors qu'on était en infériorité numérique. Je veux me mettre en valeur devant les scouts de NHL lors du prochain Mondial. Mais il faudra pour cela être d'abord performant avec Genève.

RTSsport.ch: Il semble que la Suisse, longtemps réputée pour ses gardiens, ait de la peine à sortir de nouvelles stars à ce poste. Faut-il s'en inquiéter?

ROBERT MAYER:On devrait davantage faire confiance aux jeunes portiers suisses en LNA. On peine à le faire, car comme ici le jeu est tourné vers l'offensive, il y a de nombreux tirs. Mais la Suisse doit veiller à ne pas négliger ce poste au niveau de la formation. Regardez les Lettons Elvis Merzlikins à Lugano et Ivars Punnenovs à Langnau, ou encore le Tchèque Michal Chmel à Ambri: ils sont bons, mais ils prennent la place de jeunes Suisses... Il n'y a qu'à Davos où deux jeunes Helvètes, Joren van Pottelberghe et Gilles Senn, ont leur chance.

Propos recueillis par Michaël Taillard

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Robert Mayer en bref

Nom: Mayer
Prénom: Robert
Né le: 9 octobre 1989 à Havirov (République tchèque)

Taille: 185 cm
Poids: 91 kg
Lance de la: gauche
Formé à: Kloten

Carrière: Kloten (2006-2007), Saint-Jean/LHJMQ (2007-2009), Hamilton/AHL (2009-2014), Cincinnati/ECHL (2010), Montréal/NHL (2011-2013), Genève-Servette (2014-?).

Palmarès: champion en ECHL avec Cincinnati en 2010, et nommé "MVP" des playoff; vainqueur de la Coupe Spengler en 2013 avec GE-Servette.

LNA, classement (22.01)

1.Berne 41/86*
2.Zurich 42/86*
3.Zoug 39/82*
4.Lausanne 40/74
5.Davos 40/59
6.Bienne 41/58
7.Lugano 42/55
8.Genève 41/54
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9.Kloten 41/49
10.Langnau 42/49
11.Fribourg 40/42
12.Ambri 41/41

*= qualifié pour les playoff