Quatrième du sprint des Mondiaux de Liberec, Dario Cologna est
arrivé premier des perdants mais affichait le sourire d'un
vainqueur. Dans une discipline qui n'est pas la sienne, il a
magnifiquement réagi après ses déboires de la poursuite où son
matériel l'avait trahi.
Il a manqué une seconde au Grison, un écart considérable en
sprint, pour devenir le premier fondeur suisse à décrocher une
médaille aux Championnats du monde. Il lui reste une course pour y
parvenir, le 50km de dimanche. Vu sa forme, il est un des
principaux prétendants aux honneurs.
Hattestad impressionne
Comme toujours ou presque, le sprint est resté l'affaire des
Norvégiens. Ola Vigen Hattestad a impressionné de bout en bout dans
la grisaille et le froid perçant de Bohême et remporté son premier
titre majeur, après s'être déjà imposé cinq fois cet hiver en Coupe
du monde. Il a devancé son compatriote Johan Kjoelstad et le Russe
Nikolay Morilov.
Tous trois, de même que la majorité des douze fondeurs ayant
atteint les demi-finales, sont des sprinters purs. Cologna, lui,
mise sur tous les tableaux et ne nourrissait pas les plus hautes
ambitions pour cette épreuve: «J'ai montré que j'étais bien en
forme. Je savais dans le fond que je n'avais aucune chance face aux
sprinters, qui étaient très frais. Mais une fois en finale
(ndlr: avec cinq autres fondeurs), c'est clair que je visais
une médaille.»
«J'ai repris courage»
Cologna avait bien failli s'arrêter en demi-finale. Quatrième de
sa série, il a été repêché au temps, de justesse. La finale ne fut
que du bonus, et il n'a pas été si loin de créer la sensation même
si la dernière ligne droite fut difficile. «Il s'est retrouvé
un peu enfermé dans un virage et il lui a fallu énormément de force
pour revenir», a expliqué l'entraîneur en chef Markus
Cramer.
Sa seule chance aurait probablement été de se détacher dans la
deuxième montée, mais la cadence était trop rapide et ses rivaux
veillaient. «Je ne suis pas de préparation spécifique pour le
sprint, mais l'entraînement n'est pas si différent que pour les
autres distances. Ce n'est pas comme en athlétisme où il est
impossible de combiner. Mais il me manque un peu de vélocité, bien
sûr», a précisé la nouvelle étoile du fond suisse.
Une polyvalence incroyable
Avec ce 4e rang, quatre jours après sa 6e place sur 15km, le
vainqueur du Tour de Ski a encore prouvé sa formidable polyvalence.
Tout indique qu'il gagnera la Coupe du monde cet hiver, lui qui
compte plus de 200 points d'avance. D'autant que son moral est à
nouveau au beau fixe: «J'ai repris courage pour la suite. Je
suis confiant pour le 50km», clame l'athlète du Val Müstair.
La frustration de la poursuite de dimanche passé (41e à cause d'un
mauvais fartage) est oubliée.
Avant le 50km, Cologna disputera encore vendredi le relais 4x10km.
«La régénération sera essentielle, avec les massages, le
repos», relève Markus Cramer. «Parfois, l'après-course
comme les contrôles antidopage coûte encore plus d'énergie que les
épreuves elles-mêmes.»
Les autres Suisses ont connu des fortunes diverses. Le Grison
Eligius Tambornino, 21e, a confirmé son potentiel en atteignant les
quarts de finale. Il avait réalisé le 7e temps des qualifications,
devant Cologna (10e). Valerio Leccardi (31e) a joué de malchance en
se faisant éliminer pour 1 centième. Martin Jäger a fini 35e.
Arianna Follis aux anges
L'hégémonie nordique a été brisée chez les dames avec le succès
de l'Italienne Arianna Follis. A 31 ans, la skieuse de la Vallée
d'Aoste récolte son premier titre majeur, après trois médailles de
bronze, sur 10km aux Mondiaux de Sapporo en 2007, en relais en 2005
à Oberstdorf et en sprint par équipes aux JO de Turin en 2006. Elle
a précédé l'Américaine Kikkan Randall et la Finlandaise Pirjo
Muranen.
La Grisonne Seraina Mischol a échoué en qualifications (38e). Les
cinquièmes Mondiaux de la Davosienne de 27 ans ne sont décidément
pas les bons.
Mischol fait ses valises
Peu en forme et affaiblie, Seraina Mischol renonce à participer
aux 30km de samedi aux championnats du monde de Liberec (Tch). La
Grisonne préfère faire ses valises et rentrer en Suisse le même
jour.
Mischol entend désormais se préparer pour le marathon de
l'Engadine et pour les dernières épreuves de Coupe du monde de la
saison.
si/mor
Cologna trop gourmand
Dario Cologna est un ogre. Non content d'être le seul des bons fondeurs à avoir disputé les trois courses des Mondiaux de Liberec déjà courues, il voulait encore s'aligner dans le sprint par équipes de mercredi. Mais Swiss-Ski a dit stop.
Sa victoire au Tour de Ski a donné des idées à Cologna. Ne doutant pas de ses facultés de récupération, il s'est inscrit pour cinq épreuves à Liberec, en l'espace de neuf jours: le 15km de vendredi passé (6e), la poursuite 30km de dimanche (41e), le sprint de mardi (4e), le relais 4x10km de vendredi prochain et le 50km de dimanche.
Mais le Davosien voulait aussi disputer la sixième, le sprint par équipes. Aucun autre fondeur n'a une telle boulimie. «Nous avons trouvé que c'était quand même trop et l'avons convaincu de renoncer au teamsprint», a relevé l'entraîneur en chef des fondeurs suisses Markus Cramer.
Ce dernier se réjouit tout particulièrement de la forme de son protégé: «Certains avaient spéculé sur le fait que Dario avait peut-être brûlé toutes ses cartouches au Tour de Ski. Aujourd'hui, il a montré sa condition.»
Aux yeux de Cramer, une victoire finale en Coupe du monde aurait encore plus de valeur que les résultats de ces Mondiaux. «Sauf maladie, je pense qu'il devrait gagner, oui», abonde-t-il. Cologna compte 203 points d'avance sur le Norvégien Petter Northug. Mais pour l'instant, c'est un autre chapitre.
Mondiaux de Liberec, sprint (1,6km)
Messieurs
1. Ola-Vigen Hattestad NOR
2. Johan Kjoelstad NOR
3. Nikolay Morilov RUS
4. Dario Cologna SUI
5. Marcus Hellner SWE
6. Ales Razym CZE
Puis:
21. Eligius Tambornino SUI
31. Valerio Leccardi SUI
35. Martin Jaeger SUI
Dames (1,3km)
1. Arianna Follis ITA
2. Kikkan Randall USA
3. Pirio Muranen FIN
4. Natalia Matveeva RUS
5. Ida Ingermarsdotter SWE
6. Anna Olsson SWE
Puis:
38. Seraina Mischol SUI