Pourquoi les Genevois paient-ils leur essence plus chère que les Neuchâtelois ou que certains Bernois? A Bon Entendeur va plonger dans vos réservoirs! Analyses et, en prime, les vraies recettes pour éviter que la soif de votre moteur ne vide votre porte-monnaie. Roulez futé!
Qu'est-ce qui influence les incroyables variations géographiques de prix du précieux liquide? Entre la "sans-plomb 95" et la "sans-plomb 98", y a-t-il une réelle différence au niveau des gaz d’échappement? Le diesel est-il toujours autant polluant qu’on le dit? A Bon Entendeur vous apporte les réponses avec, en prime, les vraies recettes pour éviter que la soif de votre moteur ne vide votre porte-monnaie.
La Suisse importe tout son pétrole
Dans les années 60, la Suisse a lancé une trentaine de forages sur la plaine helvétique. En vain. Aujourd'hui, le pays consomme près de 12 millions de tonnes de produits pétroliers par année. L'équivalent en volume de deux pyramides de Khéops. Depuis la chute de Kadhafi, si du pétrole brut provient bien du Kazakhstan, du Nigéria et d'Algérie, l'écrasante majorité du pétrole brut importé en Suisse vient de Lybie. Le pétrole est donc entièrement importé de l'étranger. Sous deux formes: le pétrole brut qui est raffiné dans les deux seules raffineries de Suisse, celle de Collombey (VS), et celle de Cressier (NE), et les produits raffinés. ABE vous décortique le processus de circulation de l’or noir et de ses dérivés à travers le pays.
L’essence avec additifs, une potion magique?
Les additifs sont des cocktails de substances rajoutés à l'essence et au diesel à la sortie des raffineries par les grandes marques. Leur composition? Secret défense! Mais les additifs permettent d'augmenter les performances de votre moteur. C'est en tout cas ce qu’affirment les grands distributeurs d'essence pour qui ces substances permettraient d'éviter l'usure du moteur et le protège. Elles favoriseraient une moindre consommation et une moindre pollution dans toutes les conditions de conduite et d'utilisation.
Des affirmations mises en doute par le Touring club suisse qui y voit avant tout un argument commercial. Par ailleurs, les associations européennes de consommateurs ont testé des carburants avec et sans additifs sur quatre voitures identiques. Au terme d'un parcours de 50.000 km sur le circuit d'Estoril au Portugal, le résultat a été sans appel: pour la voiture de Monsieur et Madame tout le monde, dans des conditions d'utilisation normale, le carburant sans additifs autorise les mêmes performances. Le mythe de la potion magique des moteurs modernes s'étiole.
Eclairage sur les différences de prix à la pompe
En Suisse romande, la différence entre les prix pratiqués à la pompe peut différer de 10 à 15 centimes le même jour d'une région à l'autre. Pourtant, l'essence provient peu ou prou du même endroit. Comment est-ce possible? Plus que le coût du transport, c’est avant tout la concurrence acharnée entre les stations locales qui influence fortement le prix.
Si vous avez la chance d'habiter dans une région où une pompe blanche, qui n’a pas de marque, exerce, vous payerez moins cher votre essence. A propos, vous la payez combien dans votre coin de Romandie? Nous avons relevé les prix d'une dizaine de stations-service par canton et hors autoroute, le vendredi 12 avril.
Résultats: en comparaison inter cantonale, Neuchâtel est le canton romand de moins cher (1 fr. 729/litre), suivent Jura et Jura bernois (1 fr.757/litre), puis Fribourg (1 fr. 772). En 4ème position on trouve le Valais (1 fr. 806), où se trouve pourtant la raffinerie de Collombey. En queue de peloton, le canton de Vaud (1 fr. 807) et, fermant la marche, le canton de Genève (1 fr. 808). Ce dernier est pourtant alimenté par un pipeline acheminant directement les produits raffinés depuis Marseille où les coûts de production sont nettement moins élevés qu'en Suisse. Les Genevois sont donc les automobilistes qui paient le plus cher à la pompe, sans réelle justification économique.
Essence 95 vs. Essence 98
La majorité de l'essence consommée aujourd'hui en Suisse est de l'essence à 95 octanes. Vaut-il la peine d'utiliser la 98 octanes? Est-ce qu'elle permet une moindre consommation, donne-t-elle plus de puissance? Et quels rejets occasionnent ces deux essences par rapport au diesel qui devient très en vogue dans notre pays?
C'est dans le laboratoire de contrôle des gaz d'échappement de la Haute école spécialisée bernoise, à Nidau, que nous avons pratiqué nos tests. Nous avons choisi une voiture parmi les 10 voitures les plus vendues en Suisse. Munie d'un moteur à essence à injection directe. Dans le premier temps, le réservoir a été rempli avec de l'essence sans additif de 95 octanes. Le moteur chaud, la voiture a été placée sur un banc de test et préparée par les techniciens du laboratoire. Le véhicule a été placé sur un banc test pour rechercher le monoxyde de carbone, les oxydes d'azote ainsi que les hydrocarbures non brûlés. Nous avons de surcroît demandé de mesurer les nanoparticules rejetées par le moteur.
Pendant 19 minutes, le banc d'essai à rouleaux a permis de simuler un parcours type comportant un parcours urbain ainsi qu'un trajet sur autoroute. L'expérience a été répétée une deuxième fois mais cette fois avec un réservoir rempli d'essence à 98 octanes. Enfin, nous avons aussi fait tester le même véhicule, mais avec une motorisation diesel munie d'un filtre à particule qui développait exactement la même puissance, soit 140 chevaux.
Au terme de chaque test, les filtres contenant les nanoparticules rejetées tant par les moteurs à essence que par le moteur diesel ont été soigneusement analysés.
Dans un premier temps, nous avons comparé les chiffres obtenus pour les deux essences : la consommation est identique et au niveau des émissions des polluants, il n'y a pas de différence.
Reste la comparaison entre essence et diesel. En matière d'émissions d'oxydes d'azote et d’hydrocarbures imbrulés – des gaz dangereux pour la santé et l'environnement – c'est le diesel qui s'avère le plus polluant. Il en rejette près de 40 fois plus.
En revanche, et c'est étonnant, les moteurs diesels modernes rejettent moins de dioxyde de carbone (CO2) et surtout moins de nanoparticules.
Mais d'ici à ce que le parc de véhicules se renouvelle afin d’être moins polluants qu'aujourd'hui, gardons en tête la remarque de Jean-Marie Mortier, expert Euroconsumers: "Pour une voiture au diesel, il faut faire beaucoup de kilomètres. Tenez aussi compte du fait qu'un moteur diesel n'est pas très intéressant si vous faites des trajets courts. Parce que les 2, 3 premiers kilomètres, le moteur n'est pas chaud; il pollue plus et il consomme plus. Donc, 20.000 km par an cela vaut la peine d'y réfléchir."
Comment économiser en conduisant
Pour votre information, une voiture moderne rejette en moyenne 300 m3 de gaz d'échappement par heure d'utilisation. Ce n'est pas rien. Une solution pour préserver l'environnement, c'est de consommer moins de carburant en roulant. Attention, l'augmentation des prix des carburants a fait éclore une myriade de solutions qui n'ont de révolutionnaire que le nom.
La seule solution est d’apprendre à lever intelligemment le pied. C'est la méthode proposée par le TCS avec ses cours Eco-Drive. Il suffit de rouler à bas régime (entre 1200 et 2500 tours/minute), d'accélérer franchement, quand cela s’avère nécessaire, plutôt que progressivement, et surtout, de mettre le rapport le plus élevé le plus rapidement possible. Il importe aussi d’éviter de rétrograder ou freiner de manière inutile, le maître-mot étant l’anticipation.
Pour être complet, il faut encore préciser que de rouler avec des pneus insuffisamment gonflés, des porte-bagages sur le toit ou encore un coffre plein augmente la consommation d'un véhicule de manière importante.
A propos de consommation, vous avez été nombreux à nous signaler la différence existant entre la consommation mixte annoncée par le constructeur d'une voiture et celle que vous avez réellement constatée en la conduisant. C'est explicable. Ces tests de consommation sont normalisés à l'échelle planétaire. Ils ne tiennent pas compte des particularités géographiques, ni climatiques des différents pays. Pour la Suisse, pays au relief pour le moins tortueux et aux hivers rudes, on peut ajouter facilement près d'un litre supplémentaire de carburant à la consommation annoncée.
La rubrique ABE:
Une assurance radine
Quelque secondes et c’est une vie entière qui bascule. Le 4 août 2005, Sandrine Curchod circule à moto avec une passagère, sur la route cantonale près de St-Maurice en Valais. Une voiture leur coupe la route, les projetant à terre à 80 km/h. Les deux jeunes femmes sont sévèrement blessées aux jambes. Sandrine subit quatre opérations, et en garde des séquelles à vie.
Sandrine doit aussi faire le deuil de son métier de policière municipale à Genève. Avec un taux d’invalidité de 20%, il faut se reconvertir. Les experts de l’AI lui proposent un CFC d’ouvrière en horlogerie. Elle accepte de repartir à zéro, avec des perspectives salariales sérieusement revues à la baisse.
Le chauffard reconnu coupable de lésions corporelles graves, c’est son assurance RC auto qui doit prendre en charge tous les frais d’indemnisation des victimes. Sur son site internet, la Nationale Suisse vante sa manière de rembourser les dommages, de prendre en charge les frais de traitements et pertes de revenu des personnes blessées. La réalité vécue par Sandrine est bien différente.