Fini les multiples couches de vêtements qu’on entasse pour affronter le froid et la neige… Bienvenue dans le monde high-tech des textiles thermorégulateurs! Les fabricants vous le jurent: un seul sous-vêtement, et vous serez bien au chaud tout en évacuant la sueur et les mauvaises odeurs. Les matières miracles se nomment polyester, élasthanne ou laine mérinos. Mais tiennent-elles vraiment leurs belles promesses? ABE a confié douze modèles de T-shirts à manches longues "thermiques" à un laboratoire spécialisé, pour tester leur capacité de protection contre le froid et leurs réactions à la sudation.
Les utilisateurs de textiles thermiques
Que ce soit au travail ou dans nos loisirs, les vêtements thermiques font toujours plus d'adeptes pour les activités extérieures. Il faut dire qu'ils permettent de rester au chaud sans accumuler des couches de vêtements et perdre ainsi sa liberté de mouvement.
Et dans ce monde high-tech, deux types de matières s'affrontent, les synthétiques et les naturelles. Alors que la laine de mérinos stocke la transpiration dans les fibres, les tissus synthétiques eux l'évacuent à la surface du vêtement. Des propriétés dont on peut tirer parti. La laine est plus efficace lors d'effort modérés alors que le synthétique est plus efficace lors d'efforts importants.
La fabrication des tissus thermiques
La fabrication des textiles thermorégulateurs est complexe. Et sur ce marché mondialisé, une seule entreprise helvétique a su résister et poursuivre sa production en Suisse. Pour Isabodywear, un fabricant installé depuis six générations à Amriswil en Thurgovie, ce qui fait la différence, ce sont des machines à tricoter dernier cri. Elles permettent de produire des tissus à deux couches, l’une en polyester et l'autre en laine, ce qui donne au produit les propriétés des deux composants.
Mais le gros du marché est délocalisé. Et si certains produits arborent des labels de protection de l'environnement ou de sécurité physique des employés, les entreprises communiquent peu sur les conditions salariales et sociales des travailleurs du textile. Et les plus mauvais élèves ne sont pas toujours en Asie. En Macédoine par exemple, les travailleuses gagnent environ 70 centimes de l'heure. Des comportements dénoncés par la Déclaration de Berne, qui rappelle que la main-d'œuvre ne représente aujourd'hui que de 0,5 à 3% du coût total d'un vêtement.
Application iPhone: "Fair Fashion" éditée par la Déclaration de Berne
Les maillots thermiques: le test
Que valent les maillots thermiques en termes de confort et quels produits chimiques ces vêtements renferment-ils? Pour le savoir, ABE a fait analyser 12 T-shirt achetés dans différents magasins de Suisse romande l’IFTH, l’Institut français Textile et Habillement. Un établissement de droit privé, mais placé sous la tutelle du Ministère français de l’industrie. Sa spécialité: les tests et certifications sur des produits textiles.
>>> Pour retrouver les résultats du test: Les maillots thermiques: le test >>>
Les textiles du futur
A l’EMPA de St-Gall, on prépare déjà les tissus intelligents du futur. Avec des applications étonnantes, par exemple en médecine. Nos vêtements pourront peut-être un jour enregistrer des paramètres physiologiques comme la pression ou l’électrocardiogramme, et les transmettre directement à notre médecin via un smartphone. Ou encore délivrer des médicaments, éviter les escarres ou les cloques.
Mais cette technologie fait autant peur qu'elle fait rêver. Plusieurs applications développées par les industriels du textile sont basées sur des nanoparticules. Très en vogue il y a encore quelques années, les nanotechnologies ont progressivement disparu du discours marketing. Il faut dire que certaines études montrent que ces particules comportent de sérieux risques pour le consommateur, mais aussi pour les travailleurs des usines textiles, et en bout de chaîne pour l'environnement.