Il s'appelle Apostolos et c'était un petit commerçant grec sans histoire. Jusqu'au jour où, n'y tenant plus, il choisit de tenter de se suicider de manière spectaculaire pour crier sa détresse au monde entier. Il s'immole par le feu devant sa banque de Thessalonique. Il survivra, mais pourquoi ce geste insensé? Pour protester contre des conditions de vie devenues "inacceptables". Son acte est loin d'être isolé. Des dizaines de citoyens en Espagne, en Italie, en Grèce et surtout en France, devenus martyrs de la crise, ont choisi l'immolation par le feu pour dénoncer la brutalité de leur quotidien.
Ce sont les victimes sacrificielles de la crise économique qui frappe brutalement l’Europe. Ils ont choisi l’immolation par le feu pour mettre fin à leurs souffrances, comme les moines bouddhistes qui protestent contre la répression ou d’autres martyrs spectaculaires de l’Histoire. Car aucune de ces victimes de la crise n’a choisi par hasard la manière et le lieu de son suicide. La manière pour son caractère hautement spectaculaire et symbolique. Et le lieu pour désigner les auteurs de leur détresse: des administrations, des banques, des entreprises, pointant ainsi du doigt ceux qu’ils tiennent pour responsables de leur misère économique. La plupart ne sont plus là pour raconter leur histoire. Temps Présent a retrouvé leur famille, des enfants, des épouses.
Ils nous racontent, par exemple, l’histoire bouleversante d’Innocencia, une mère de famille, prise au piège de la bulle immobilière, expulsée de son appartement, comme des centaines de milliers d'Espagnols. Ou celle de Giuseppe, petit entrepreneur italien noyé sous des dettes fiscales qui frappent les indépendants de manière particulièrement injuste. Ou encore Rémy, victime comme des dizaines d’autres, de la restructuration de son entreprise, France Télécom. Et enfin, celle de Djamel, qui après la galère des petits boulots mal payés, s’est confronté à l’absurde bureaucratie des services du chômage français.
Rediffusion le vendredi 6 décembre 2013 à 1h25 et le lundi 9 décembre 2013 à 16h sur RTS Deux.
Générique
Un reportage de Michel Heiniger et Maria-Pia Mascaro
Image : Pascal Gauss Son : Beat Lambert Montage : François Charpié