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Ueli Maurer a justifié le choix des avions Gripen

Pour Ueli Maurer, le Gripen demeure la solution optimale pour l'armée suisse. [Erika Bardakci-Egli]
Le ministre de la Défense, Ueli Maurer, a souligné mardi à Berne que le Gripen demeurait la solution optimale pour l'armée suisse. - [Erika Bardakci-Egli]
Ueli Maurer a réitéré son choix du jet militaire suédois Gripen, précisant qu'il était l'aboutissement d'un processus réfléchi. Le ministre a aussi dit s'être trompé sur le rapport publié par la presse présenté comme "nouveau". Il a dit l'avoir lu dès sa publication, mais l'avoir jugé "insignifiant".

Le conseiller fédéral Ueli Maurer a coupé court mardi devant la presse à Berne aux informations selon lesquelles le Gripen ne répondrait pas aux exigences posées et aux besoins de la troupe. Le choix fait fin novembre par le Conseil fédéral d'acquérir 22 avions de combat suédoises est le fruit d'une évaluation détaillée conduite sur plusieurs années et représente par ailleurs une solution supportable à long terme sur le plan financier.

Ueli Maurer avait connaissance du rapport d'évaluation de 2008 notant très mal le Gripen, mais le juge insignifiant. "Dimanche, j'ai dit que je ne connaissais pas" le rapport car la presse dominicale le présentait comme nouveau, a expliqué le ministre. "Mais je me suis trompé et j'ai réalisé hier que j'avais connaissance" de ce document qui remonte à quatre ans. Il a aussi rappelé en préambule à quel point chaque renouvellement de matériel militaire aérien avait soulevé de nombreuses questions.

Répondant aux questions des journalistes, Ueli Maurer a expliqué que les différences des notes obtenues par le Gripen entre les rapports de 2008/2009 et le rapport final présenté en novembre étaient dues aux améliorations techniques apportées par les constructeurs de l'appareil, en matière de moteurs et de reconnaissance radar notamment.

Ueli Maurer entouré de hauts gradés

Markus Gygax, le chef des forces aériennes suisses, a souligné combien il est impossible de comparer exactement chaque modèle d'avion. [RTS - Erika Bardakci-Egli]
Markus Gygax, le chef des forces aériennes suisses, a souligné combien il est impossible de comparer exactement chaque modèle d'avion. [RTS - Erika Bardakci-Egli]

Le ministre de la Défense Ueli Maurer était pour l'occasion accompagné par des hauts cadres de son département: le chef de l'armée André Blattmann, celui des forces aériennes Markus Gygax, celui des forces terrestres Dominique Andrey et celui de l'armement Ulrich Appenzeller.

Ueli Maurer et Ulrich Appenzeller ont précisé le processus de sélection des avions militaires. Ils ont signalé que les rapport de 2008 et 2009 révélés par la presse dominicale étaient des étapes dans la sélection des avions et non des conclusions finales pour le choix du modèle de jet militaire.

Dominique Andrey a soutenu les propos de ses collègues, ne souhaitant pas que le choix d'un appareil soit préjudiciable pour des autres secteurs de l'armée, tout en conservant un système "cohérent et équilibré". Il a, lui aussi, soutenu le choix du Gripen.

Markus Gygax a souligné qu'il est impossible de comparer exactement, point par point, un avion avec les autres. Ainsi le FA/18, qui est l'avion utilisé actuellement par les forces aériennes, est sur certains point meilleur que le Gripen. Mais globalement, l'avion suédois est meilleur.

L'achat d'un avion ressemble à celui d'une voiture

Le choix du Gripen suédois par le Conseil fédéral n'est pas du goût de tout le monde. [KEYSTONE - Urs Flueeler]
Le choix du Gripen suédois par le Conseil fédéral n'est pas du goût de tout le monde. [KEYSTONE - Urs Flueeler]

Le conseiller fédéral Ueli Maurer a dressé la comparaison entre l'achat du Gripen et l'achat d'une voiture. Le modèle qui était à disposition pour les premiers tests (le modèle C/D) était une BMW. Le Conseil fédéral savait que le modèle E/F (ressemblant à une Ferrari) allait sortir. C'est pourquoi, il y a eu des différences entre les rapport, celui des Forces aériennes et celui d'Armasuisse.

Le ministre Ueli Maurer a aussi souligné la transparence du processus, voulue par le Conseil fédéral, qui n'a pas voulu cacher d'éléments. Il a répété que le Gripen répondait aux exigences requises, tout en permettant de réduire les coûts, afin que l'investissement corresponde au budget prévu. Il a parlé d'un choix "pragmatique". L'offre reçue par le Conseil fédéral sera revue avec les constructeurs suédois.

Le Conseil fédéral a décidé le 30 novembre d'acquérir 22 Gripen pour 3,1 milliard de francs. L'offre est en cours d'optimisation avec la Suède pour savoir quelles économies sont possibles. Le gouvernement devrait soumettre une demande de crédit fin juin au Parlement dans le cadre du programme d'armement. Parallèlement, les Chambres pourront se prononcer sur le programme d'économie de 800 millions de francs par an nécessaire pour augmenter le budget militaire à 5 milliards. Une votation sur ces coupes pourrait intervenir en 2013.

pbug

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Les partis pas convaincus

L'achat du nouvel avion de combat est de plus en plus opaque, constate le PS. Ueli Maurer n'a pas réussi à dissiper tous les doutes: pour cette raison, le parti exige une clarification détaillée du processus qui a conduit au choix du Gripen. Tant que ce n'est pas fait, tout accord d'achat doit être gelé avec effet immédiat.

Même son de cloche chez Les Verts, qui exigent qu'on arrête l'exercice, la publication des rapports d'évaluation et une clarification des processus. Ils voient trois raisons à ce chaos: pas de scénario réaliste justifiant l'achat de nouveaux avions de combat, l'impossibilité pour la Suisse de financer en même temps une armée de masse
et les technologies les plus chères et le manque de transparence.

Le PLR estime que la politique d'information chaotique d'Ueli Maurer laisse une impression de flou. Le parti trouve irritant que le Gripen est toujours valable aux yeux du chef du DDPS et des cadres de l'armée, alors que le rapport d'évaluation le juge à peine suffisant.

Cette confusion régnant autour des Gripen n'est pas favorable à l'armée, estime le PDC. Est-il si difficile d'expliquer ce choix?, se demande sa porte-parole. La transparence profiterait à tous, surtout au Parlement, qui devra finalement avaliser le choix de l'avion.

L'UDC n'a rien à ajouter aux déclarations de son conseiller fédéral Ueli Maurer: "Il a tout dit", résume la secrétaire générale du parti.

Les critiques du GSsa

Le Groupe pour une Suisse sans armée estime qu'Uelil Maurer n'a nullement fait la preuve que la Suisse a besoin de nouveaux avions de combat et que le DDPS préfère acheter des avions faibles que pas d'avions du tout.

La décision d'achat va coûter des milliards aux contribuables. Or les coûts d'exploitation, d'entretien et de développement du Gripen sont toujours inconnus, précise le GSsA.