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Après la démission de Mark Muller, la course à la succession est ouverte

Mark Muller finalement contraint à la démission. [Martial Trezzini]
Mark Muller se résout finalement à la démission. - [Martial Trezzini]
L'affaire du MàD survenue lors de la nuit du Nouvel An a poussé le conseiller d'Etat libéral-radical genevois Mark Muller à la démission. La course à la succession est lancée.

Mis sous pression depuis le début de l'année avec l'affaire du MàD, le conseiller d'Etat genevois Mark Muller jette l'éponge. Le chef du Département des constructions et des technologies de l'information (DCTI) a annoncé lundi matin sa démission. Cette dernière prendra effet mercredi prochain. Le ministre libéral-radical a expliqué dans un communiqué vouloir "préserver sa santé et ses proches".

"Devant les attaques incessantes et l'acharnement dont je suis l'objet depuis plus d'une année tant sur le plan politique que privé, j'ai informé le président du Grand Conseil et le président du Conseil d'Etat de ma démission", a précisé Mark Muller. "Malheureusement, le harcèlement que je subis ne me permet plus d'accomplir mon mandat avec l'énergie et la sérénité nécessaires", précise encore Mark Muller.

Le président du Conseil d'Etat genevois Pierre-François Unger s'est exprimé au nom du collège lundi devant la presse. [KEYSTONE - Salvatore Di Nolfi]
Le président du Conseil d'Etat genevois Pierre-François Unger s'est exprimé au nom du collège lundi devant la presse. [KEYSTONE - Salvatore Di Nolfi]

Le conseil d'Etat genevois a donné lundi une conférence de presse. En quelques minutes, son président Pierre-François Unger a dit "prendre acte" de la décision de Mark Muller avec "émotion". L'exécutif prendra les mesures qui s'imposent mercredi, lors de sa séance ordinaire. Il en profitera aussi pour mettre en place les détails de l'élection complémentaire, a fait savoir Pierre-François Unger.

Dispute à la Saint-Sylvestre

Les faits remontent à la nuit de Saint-Sylvestre. Le conseiller d'Etat a eu une altercation avec un barman du MàD. Le barman prétendait, lui, avoir été frappé. Le chef du DCTI avait reconnu avoir eu "un comportement inadéquat", compte tenu de ses fonctions et des institutions qu'il représente.

La dispute s'est soldée par un accord: le ministre et l'employé se sont engagés à l'abandon pur et simple des poursuites et ont retiré leurs plaintes respectives. Le barman a reçu une réparation financière, dont le montant est inconnu. La semaine dernière, le Conseil d'Etat genevois a annoncé vouloir mandater un expert indépendant afin de vérifier que l'indemnité versée n'est pas excessive.


Les partis soulagés

Pour les Verts, la démission lundi du conseiller d'Etat Mark Muller marque "la fin d'un épisode assez malheureux de la politique genevoise", estime leur président Yvant Rochat. Et de recommander au PLR d'éviter de chercher à mettre des lobbyistes au gouvernement. En s'enferrant dans le mensonge, il a décrédibilisé la fonction, le gouvernement et la politique en général. "Il manque de vision de la dimension symbolique des choses", a relevé Yvant Rochat.

"Il a pris la seule décision possible, estime le président du Parti socialiste, René Longet. Mark Muller a dérapé et il a mal communiqué, donc je suis seulement étonné du temps qu'il a mis avant de quitter son poste. La décision était inéluctable", conclut-il.

Eric Stauffer, président du MCG [keystone]
Eric Stauffer, président du MCG [keystone]

"Il s'agit d'une sage décision", relève le patron du

Mouvement citoyens genevois

(MCG) Eric Stauffer.

Après avoir perdu toute sa crédibilité, Mark Muller n'avait pas d'autre issue, commente la présidente de l'UDC Genève, Céline Amaudruz.

"Sa situation était intenable", souligne pour sa part la secrétaire générale du Parti démocrate-chrétien Sophie Buchs.


La course à la succession a commencé

Les socialistes genevois présenteront un candidat pour succéder au conseiller d'Etat Mark Muller, qui a annoncé lundi sa démission pour la fin du mois. "Nous avons perdu un de nos deux sièges il y a trois ans", a rappelé lundi leur président René Longet. Les socialistes genevois désigneront leur candidat ou candidate à l'élection partielle lors de leur congrès annuel le 24 mars. Le département des constructions et des technologies de l'information (DCTI), occupé depuis six ans par Mark Muller, "nous concerne de près", a relevé René Longet.

Les Verts n'ont pour leur part pas l'intention de présenter un candidat au gouvernement étant donné qu'ils ont déjà deux conseillers d'Etat. Seule une assemblée générale de parti peut prendre cette décision.

Le PLR, qui dispose de trois sièges au gouvernement genevois, tentera de les conserver. Il organisera prochainement une assemblée pour désigner son candidat. Alain Dominique Mauris, son président, estime disposer "d'un réservoir énorme" de candidats potentiels, sans citer de noms.

L'UDC Genève va tout faire pour que la droite reste majoritaire au Conseil d'Etat genevois après la démission du PLR Mark Muller, mais ne sait pas encore si elle lancera un candidat dans la course à la succession de l'actuel chef du département des constructions. Tout dépendra de la configuration de l'élection partielle. "L'idéal serait d'avoir un candidat de droite qui affronte un candidat de gauche", a souligné la présidente du parti Céline Amaudruz.

Au MCG, le fondateur et président du Mouvement citoyens genevois Eric Stauffer est candidat à la succession du conseiller d'Etat Mark Muller, qui a annoncé lundi sa démission. "Je suis candidat et ma campagne ne portera que sur la sécurité", a souligné Eric Stauffer.

Seul le département de la sécurité, de la police et de l'environnement (DSPE), occupé par la libérale Isabel Rochat, intéresse véritablement le patron du MCG. "Je suis prêt à mettre ma carrière politique en jeu", a-t-il dit. Le président du MCG a indiqué qu'il acceptera néanmoins son élection si on lui refuse le DSPE.

agences/pima/pbug

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Les avocats du barman démentent des pressions

D'éventuelles pressions des avocats du barman du Moulin à Danses (MàD), agressé par Mark Muller à la Saint-Sylvestre, ne sont pas à l'origine de la démission du conseiller d'Etat genevois. "Il a pris cette décision seul", a indiqué Me Philippe Juvet.

Jeudi, les avocats ont indiqué attendre une proposition de Mark Muller concernant la levée de la clause de confidentialité sur le montant versé à leur client. "Il ne s'est rien passé", a précisé lundi Me Juvet, interrogé par l'ats.

Le gouvernement avait proposé de faire appel à un expert indépendant pour savoir si le magistrat avait versé une indemnité excessive. Pour Me Juvet, le Conseil d'Etat aurait pu simplement demander à Mark Muller de regarder ses comptes bancaires.