Jouets, miroirs de notre société

En 1972, un an après l'introduction du suffrage féminin, l'émission Temps présent dresse un état des lieux de la situation des femmes en Suisse. Education, mariage, culture, vie professionnelle : tous les aspects du quotidien sont scrutés à la loupe. Le retard de notre pays en terme d'égalité homme-femme est pointé du doigt. Pour s'en convaincre, il suffit de faire un tour dans les rayons jouets d'un grand magasin.

A côté des jeux interdits, les jeux obligatoires, ceux par lesquels la petite fille s'apprête à devenir femme: mère attentive, cuisinière habile, ménagère économe.

Big Jim, console vidéo pour les garçons, poupée-cousine et cochon d'Inde pour les filles. Invités à évoquer leurs jouets préférés, les enfants ont tendance à reconduire les stéréotypes de genre, mais certains sortent tout de même des sentiers battus. 

En 2004, Marianne Guarino, responsable au Service de promotion genevois de l'égalité entre homme et femme, déambule dans les rayons jouets d'un grand magasin de la place. Son constat est sans appel: les jouets continuent toujours à conforter et à renforcer les inégalités.

Après l'insouciance de la jeunesse, le sérieux de l'âge adulte. Après les jeux, le travail. Au principe de plaisir succède le principe de réalité, sans lequel, selon Freud, aucune civilisation ne pourrait se développer. Pourtant, il arrive qu'une partie de nous refuse de quitter le vert paradis de l'enfance. On peut traverser la journée dans ses habits d'adulte, jouer à l'homme et à la femme responsables, et une fois le soir venu, retrouver son âme d'enfant.

C'est un compositeur et un chef d'orchestre en vue de Suisse romande. En 1966, la TSR rend visite à Jean Balissat dans son grenier. Il ne sera pourtant pas question de musique, mais de... petits trains. En effet, celui qui écrira onze ans plus tard la musique de la Fête des vignerons, est un passionné de modélisme. Avec quelques amis et son épouse, il s'en donne à coeur joie.

Ceci est mon jardin secret. J'aime y revenir lorsque j'ai envie de retrouver des pages de mon enfance.

Lui, c'est dans la cave qu'il cultive une passion presque secrète. Sa collection de petites voitures, il y tient comme à la prunelle de ses yeux. Une partie de celles-ci comprend des modèles réduits de bolides participant aux 24 heures du Mans.

Tendance au mimétisme, incapacité à prendre de la distance ou à mesurer les risques : les enfants et les adolescents sont parfois les victimes des jeux que leur inventent les adultes. 

Cet homme n'est pas un marchand d'armes, mais de jouets. En 1968, l'engouement des enfants pour les armes factices commencent à inquiéter. En Suisse, la vente est peu encadrée et les commerçants rechignent à prendre d'eux-mêmes des initiatives. Les affaires sont les affaires!

En ce début d'année 1997, l'entreprise Bandai vend le fameux tamagotchi, un animal virtuel vivant sur un écran de jeu vidéo. Les Japonais raffolent de cette créature tyrannique qui réclame soins, nourriture et affection pour se développer.

Les inventeurs des jeux vidéos avaient-ils imaginé qu'ils seraient à l'origine d'un nouveau type de dépendance, d'une nature analogue à celle aux psychotropes, à l'alcool ou à la nicotine? En 2008 à Genève, les HUG proposent des psychothérapies aux personnes incapables de réfréner leur consommation. En Corée du Sud, où l'addiction aux jeux est particulièrement grave, les autorités ont mis sur pied des camps de désintoxication.

Les Suisses dépensent pour leurs cadeaux de Noël bien plus que leurs voisins européens : en 2010, ils avaient prévu un budget moyen de 664 francs, alors que les Européens comptaient dépenser moins de 500 francs.

A New-York, le Le (faux) révérend Billy anime l'Eglise (factice) anti-shopping dont le combat militant est pourtant bien réel. A la veille de Noël, sa chorale exhorte les fidèles à ne pas franchir le seuil des grands magasins. Il mène lui-même des actions chocs dans les temples de la consommation et réalise en public des exorcismes de brebis égarées ayant cédé aux sirènes des achats compulsifs.

Au lendemain de Noël, les rayons jouets des grands magasins sont à nouveau pris d'assaut. Il ne s'agit plus d'acheter, mais de rendre ou d'échanger. Jouets en double, commande mal comprise ou mal formulée, ratage complet, les déceptions devant le sapin sont courantes. On n'hésite de moins en moins à mettre le cadeau indésirable sur un site de vente en ligne. De quoi étriller quelque peu la magie de Noël...