Un oiseau blessé, pas mort, on ramasse.
Ce qui a poussé Edmond Kaiser à combattre sans relâche la souffrance, ce n'est pas une vocation, ni la charité ou une quelconque philanthropie mais le simple rapport d'humain à humain, une sorte de foi instinctive en la fraternité universelle.
Son accompagnement des plus démunis, Edmond Kaiser l'a entamé très jeune. Il sera aux côtés de l'Abbé Pierre et de ses Amis d'Emmaüs. Un drame personnel, la mort accidentel à l'âge de deux ans de son fils Jean-Daniel qui lui a fait connaître "le poids d'un enfant mort", renforcera encore son désir de venir en aide aux enfants.
Terre des Hommes
1960, la lecture dans un journal des horreurs subies par les enfants durant la guerre d'Algérie pousse un Edmond Kaiser en colère à fonder toute affaire cessante le mouvement Terre des Hommes, une association d'intervention immédiate au secours de l'enfance meurtrie. Enfant par enfant, pays par pays, il poursuivra sa marche indignée, tentant de soulager la souffrance des petites victimes de la guerre ou de la lâcheté des hommes.
Le témoignage
Algérie en 1960, Vietnam, Biafra en 1968, Edmond Kaiser n'a de cesse d'alerter et de dénoncer les violences et les exactions dont il se rend témoin. Au retour du Biafra, interrogé à son arrivée à l'aéroport, Edmond Kaiser décrit halluciné les terribles images qu'il ramène de son voyage au Nigeria.
Le fondateur de Terre des Hommes ne peut accepter de rester les bras ballants sans agir et avant de partir une nouvelle fois au Vietnam, il lance un appel à l'aide: les besoins financiers sont très concrets, ils permettront de faire venir les enfants en Suisse.
Terre des Hommes fonde en 1970 sa Maison de Massongex en Valais qui accueille les enfants malades ou maltraités. L'organisation se spécialisera dans la mise sur pied d'opérations chirurgicales à coeur ouvert pour les "enfants bleus". Edmond Kaiser militera également en faveur de l'adoption des orphelins, le meilleur moyen selon lui de les tirer de leur misère.
Sentinelles
Quittant Terre des Hommes qui poursuivra son chemin, en 1980, Edmond Kaiser lance un nouveau mouvement: Sentinelles, au secours de l'innocence meurtrie. Dans la charte de cette association humanitaire apparaît la notion d'ingérence naturelle dans les affaires intérieures de l’humanité. Son fondateur présente le mouvement sur le plateau de la TSR en 1994.
Parmi les personnes dont prend soin Sentinelles, les victimes du noma, une maladie qui défigure, une maladie de la misère ignorée de tous. Soignés en Suisse sous l'égide du mouvement, les petits Africains repartent ensuite chez eux:
L'indignation
Ecouter Edmond Kaiser, c'est entendre un cri de révolte.
Ainsi le fondateur de deux organisations humanitaires élèvera une voix extrêmement critique contre les grandes ONG qui dépensent pour leur fonctionnement un argent qui devrait servir les démunis, dénonçant un "cambriolage assassin".
Au tout début de l'action de Kaiser, il y a un homme et sa machine à écrire. Puis intervient le télex, une invention qu'il affectionne et qui lui permet d'interpeller les puissants de la planète. Le moins que l'on puisse dire c'est que Edmond Kaiser ne mâche pas ses mots...
Edmond Kaiser, décédé en 2000 en Inde, aura lutté tout au long de sa vie contre l'injustice, contre l'indifférence, contre la souffrance, contre le malheur. Il dira:
Le découragement, jamais. Mais le désespoir absolu et continu, tout le long.
Marielle Rezzonico pour les archives de la RTS