Un cadre idyllique
Une nature préservée, une luminosité exceptionnelle, les chalets d'Evolène sertis dans un paysage grandiose abritent l'âme authentique d'un village de montagne. Ces images des années 60 soulignent cet aspect idyllique et le promeneur émerveillé songe aux écrits de Jean-Jacques Rousseau...
Plus de 40 ans après, lors d'un concours du magazine L'Illustré en 2011, Evolène se voit élire "le plus beau village de Suisse romande": aucunement surpris, ses habitants se montrent bien sûr fiers de ce titre. Par ailleurs des "étrangers", après un véritable coup de foudre lors d'une visite, ont tout quitté pour s'y faire un havre de paix.
Une vie rude
Pourtant, le quotidien se révèle âpre car la terre ingrate ne nourrit pas ses habitants et toute la famille est amenée à prêter ses bras au travail de la campagne. Même si le changement se profile avec la mécanisation de l'agriculture, si haut près des rochers, seuls le mulet et l'homme peuvent transporter les meules de foin. Extrait d'un documentaire tourné par Claude Goretta.
La vie était tellement difficile, surtout pour les femmes, qui n'avaient aucune possibilité de gagner de l'argent.
Les Evolénardes travaillent dur et sans moyen de s'émanciper. La tisserande Marie Métrailler a pris conscience de ce sort peu enviable et a ouvert un atelier de filature permettant aux femmes de vendre leurs créations. Les femmes gagnent ainsi une certaine reconnaissance au sein de la communauté.
Mais pour la majorité des jeunes filles, il faut partir pour apprendre, partir pour gagner sa vie. Au risque de l'inconnu et des périls de la ville. Et quand on s'en va, c'est le coeur lourd.
Les habitants de cette région de montagne doivent également faire face à la menace naturelle: il suffit de rappeler ces terribles jours de février où des avalanches détruisent des chalets et emportent des vies, semant la désolation à Evolène et dans les villages environnants.
Des mutations
Les conditions économiques exigent que les habitants d'Evolène, comme ceux de tout le Val d'Hérens, se plient à des évolutions. Ils étaient paysans, les voici ouvriers et la construction des barrages de transformer leur quotidien. Puis le tourisme fait irruption, avec à la clé des emplois qui permettront d'éviter l'exode rural, mais aussi avec la nécessité de se prêter au jeu du folklore.
Dès 1969, l'arrivée de la "modernité" avec la télévision a également bousculé les habitudes: finies les rencontres au bistrot du village, chacun chez soi regarde le monde à travers cette lucarne "attachante".
Une identité forte
Malgré ces transformations, l'arrivée de la modernité et la vie pendulaire, Evolène conserve beaucoup de son visage d'antan. Et ses habitants demeurent liés par une identité commune, un sentiment forgé notamment par cette langue qui a disparu partout ailleurs et qu'ils sont les derniers à pratiquer au quotidien.
Si je ne parle pas le patois, je ne me sens pas comme un vrai Evolénard.
"Pa capona", il ne faut pas renoncer. Faire vivre le patois à Evolène, c'est continuer à tisser ce lien social au sein du village et consolider l'identité de la région. En 2011, Bernard Bornet, ancien conseiller d'Etat valaisan, y travaille avec le concours des enfants.
On le voit dans nos archives, c'est au prix des efforts consentis par ses habitants qu'Evolène a pu offrir son supplément d'âme au paradis...
Marielle Rezzonico pour Les archives de la RTS
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