Le terme « brandons », issu du mot allemand « Brand » signifie le tison. Il désigne des feux et des bûchers que l'on faisait au début du Carême. Des manifestations similaires se déroulaient dans toute la Romandie, ainsi que dans bon nombre de provinces françaises.
On note l’entrée de la fête dans le calendrier à partir des almanachs du début du XIXe siècle. La date d’allumage des feux correspond au premier dimanche de Carême. Les bûchers, dressés sur les hauteurs de la commune, étaient alimentés par des surplus de coupes de bois ou des débris de haies que les garçons du bourg allaient récolter les jours précédant la fête.
Des cortèges aux flambeaux parcouraient les rues de la ville jusqu’aux lieux des bûchers. La jeunesse dansait autour des feux, tandis que prenaient place de grands banquets communs. La population, masquée ou grimée à la suie, se livrait à toutes sortes de fantaisies ; on chantait, tirait et lançait des pétards.
On prêtait également aux feux des Brandons des vertus propitiatoires; ils devaient servir à s'attirer les bonnes grâces des divinités, notamment en regard des récoltes agricoles. Les Brandons sonnaient ainsi le glas de la saison hivernale et annonçaient la venue du printemps.
Les feux des Brandons sont également appelé les Failles dans d'autres régions de Suisse romande, du nom des flambeaux fabriqués par les villageois.
En 1960, le grand cortège des Brandons a eu lieu le 6 mars à Payerne. L'occasion pour les habitants de la bourgade vaudoise de se déguiser, de barbouiller les vitrines des magasins de messages satiriques et de rivaliser d'imagination pour animer le cortège. Avec pour point d'orgue, une bataille générale de confettis.
Les Brandons ont lieu le week-end suivant le Mardi gras. Pour l’occasion, on prépare les « beignets au genou», nommés ainsi car celles qui les confectionnaient étendaient à l'origine la pâte sur leurs genoux. Le samedi, la fête fait la part belle aux enfants avec au programme un grand concours de déguisements.
Le dimanche, c'est le grand cortège humoristique. Des milliers de spectateurs assistent au défilé des chars et des fanfares venus animer les rues de la ville.
Une autre tradition du carnaval réside dans la parution d'un journal, édité officiellement le samedi du week-end des Brandons. Satirique et humoristique, il narre entre autres les travers des Payernois durant l'année écoulée. Chaque année, le titre du journal change. Les premières publications connues remontent à 1895. En 1959, le journal, distribué lors du grand cortège s'appelle "Les Grands-Mours".
Le fameux journal des Brandons est rédigé par une équipe de rédacteurs, les Mours, qui travaillent dans le secret le plus absolu, d'où son appellation de Comité des Masqués (CDM).
A Payerne, une drôle de tradition subsiste : la nuit des chineuses. Le lundi soir, une très ancienne tradition veut que les femmes se masquent pour aller dire aux hommes en goguette leurs quatre vérités.
Salomé Breguet pour les archives de la RTS