L’histoire des cultes radiophoniques en Suisse romande est aussi longue que celle de la radio! Les premiers sont inaugurés le 18 mai 1923 par le pasteur genevois Raoul Dardel. Quant à la seconde, elle commence sept mois plus tôt, avec l’entrée en service du premier émetteur du pays, au lieu-dit du Champ-de-l'Air, dans les hauts de Lausanne.
Prévu pour assurer la communication avec les avions, l’émetteur est tout de suite utilisé à d’autres fins: lors de son inauguration - et sans autorisation - un concert est retransmis sur les ondes helvétiques. Cette surprise est organisée par Roland Pièce. Il fait partie de la poignée de radioamateurs qui se livrent à diverses expériences et forment des clubs dès le début des années 1920.
Or, en 1923, le pasteur Raoul Dardel est le président de la section genevoise du Radio Club Suisse. Quand un émetteur est installé dans son canton, il n’attend pas pour se saisir du micro du studio construit sur la piste de l’aérodrome de Cointrin. Sa profession explique ensuite le choix de transmettre un culte. D’une durée d’une quarantaine de minutes, il comprend la lecture de la Bible, des prières et un sermon. "Tout sauf les chants ", se rappelle en 1956 le pasteur dans l’hebdomadaire La Vie protestante où il témoigne de son émotion :
Les mots semblaient m’échapper par le miracle de cette grosse boîte sensible qu’on appelait déjà un micro, et qui allait porter la bonne nouvelle
Au contraire du concert fomenté par Roland Pièce, l’expérience se déroule dans le cadre de la loi: les autorités ont donné leur feu vert aux essais radiophoniques pour de l’information et du divertissement en janvier 1923. Elle fait d’ailleurs partie d’une série d’émissions expérimentales diffusées durant le printemps.
Cette incursion de l’Évangile à la radio se renouvelle début 1924 pour devenir régulière. Le culte donné le 13 janvier par le pasteur Jules Amiguet au Champ-de-l'Air – avec cette fois-ci chants et harmonium – signe la présence dominicale de l’Église au studio vaudois. A Genève, le culte entre définitivement au programme en 1925.
Il n’existe pas d’enregistrements sonores de ces premiers cultes radiodiffusés, ni même de réelles traces dans les archives. Ce court entretien de Raoul Dardel dans La vie protestante, publié moins d’une année avant sa mort, ainsi que l’annonce du culte de Jules Amiguet dans le journal Le Radio constituent par conséquent des documents précieux.