Une vie d'aventure
- Culture et Arts
- Audio 23 min.
16 novembre 1952
Emission sans nom
"Saisir Cendrars, est-ce possible ?" C'est par cette question qu'en 1952 Benjamin Romieux termine la première partie de cette émission, après que lui et son compère aient évoqué avec fougue et talent l'étonnante présence physique, la vie aventureuse et l'oeuvre du poète.
Henry Miller admirait sa "gueule", Paul Guth parlait du "Monsieur qui n'a qu'un bras" et des "paupières en gousse d'ail", ce Sauser de Sigriswil est universel.
En fin d'émission, on retrouve Blaise Cendrars au micro de Roger Nordmann racontant sa découverte de son lieu d'origine et souhaitant que le lecteur de son ouvrage Bourlinguer sache trouver entre les lignes un incitation à "ficher le camp ou laisser partir son gosse" pour qu'à son tour il vive la grande aventure. Bien des admirateurs l'ont pris au mot.
(Source photo: portrait de Blaise Cendrars par Amedeo Modigliani, Wikicommons)
Né Frédéric Sauser à la Chaux-de-Fonds, le 1er septembre 1887, Blaise Cendrars, quitte très jeune la Suisse pour St-Pétersbourg où il fait un apprentissage commercial chez un bijoutier. Il vit en Russie de 1904 à 1907.
De retour en Europe, Cendrars entame à l’Université de Berne des études de médecine puis de littérature qu’il ne termine pas, il rencontre sa femme et part vivre avec elle en 1912 à New York où il écrit son grand poème les Pâques à New York, une oeuvre vite reconnue.
Revenu à Paris, il travaille avec Sonia Delaunay qui va illustrer le poème Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France. Il écrit Le Panama et la majorité des Dix-neuf poèmes élastiques avant de partir pour la Légion étrangère comme engagé volontaire lors de la première guerre mondiale. Blessé par un obus en 1915, il perd un bras et tombe dans la misère. Cependant habité par une fièvre créatrice, «écrivain de la main gauche», il publie une série de textes dont La guerre au Luxembourg. Il obtient la nationalité française.
En 1917, Blaise Cendrars rencontre Raymone Duchâteau avec qui il partagera toute sa vie.
En 1921, il fait paraître Anthologie nègre puis Au cœur du monde en 1922. Le cinéma occupe la majorité de son temps, il est l’assistant d’Abel Gance. Il abandonne la poésie pour se consacrer au roman et publie notamment L’Or (1925), Moravagine (1926) et Les confessions de Dan Yack (1929) qui obtiennent un énorme succès.
Cendrars participe à la deuxième guerre mondiale en tant que correspondant de guerre du côté britannique. Après la défaite, il se retire à Aix-en-Provence pour écrire une autobiographie très libre en quatre volumes intitulés L’homme foudroyé (1945), La main coupée (1946), Bourlinguer (1948) et Lotissement du ciel (1949), un chef-d’œuvre synthétisant les expériences d’une vie aventureuse et hors du commun et ses recherches poétiques.
Le roman Emmène-moi au bout du monde (1956) sera suivi de Trop c'est trop (1957) et de son dernier ouvrage Film sans images.
Blaise Cendrars se voit remettre par Malraux l’insigne de commandeur de la Légion d’honneur en 1958 et recevra le prix littéraire de la ville de Paris en 1961, quelques jours avant sa mort le 21 janvier 1961.