Une vie qui a traversé le XXème siècle

L'écrivaine Alice Rivaz en 1981. [RTS]
  • Culture et Arts
  • Audio 27 min.

24 avril 1986

Silhouette

En 1986, dans l'émission radiophonique Silhouette, une grande dame de la littérature romande se penche avec humour, pudeur et tendresse sur sa vie qui a traversé le XXe siècle.

Très jeune elle a conscience que si lire est un délice, écrire doit être encore plus merveilleux. Son amour pour le cinéma muet l’aidera à affiner son projet littéraire: faire découvrir des personnages, non par le biais de la psychologie mais au travers de leurs actes, et surtout donner la parole aux humbles, les nantis n’ayant pour elle aucun attrait.

Enthousiasmée par la Guilde du livre, c’est parrainée par Albert Mermoud et Charles Ferdinand Ramuz qu’elle verra son premier ouvrage publié Nuages dans la main.

La RTS a publié dans sa collection Une figure une voix un CD consacré à Alice Rivaz, disponible à la Boutique RTS.

(Source photo: TSR 1981)

Alice Rivaz est née Alice Golay à Rovray dans le canton de Vaud le 14 août 1901.

Elle fréquente l'Ecole supérieure de jeunes filles de Villamont et adhère aux Jeunesses socialistes à l'âge de 14 ans. Alice Rivaz est refusée à l'Ecole normale en raison de l'orientation politique de son père, «un Rouge».

Elle étudie donc la musique au Conservatoire pour se consacrer ensuite au piano et à la musicologie. Cependant elle ne pourra en faire sa profession. Elle suit une école de sténodactylographie avant d'être engagée au Bureau International du Travail (BIT) et d'y faire toute sa carrière. Elle prendra une retraite anticipée afin de se consacrer à son activité littéraire.

Très tôt, Alice Rivaz écrit. Elle utilise un pseudonyme pour ne pas gêner sa famille, opposée à sa carrière littéraire. Elle publie Nuages dans la main en 1940 sous la recommandation de Ramuz, reçoit le prix Schiller en 1942. La bibliographie d'Alice Rivaz est longue: on peut citer notamment Comme le sable en 1946, Comptez vos jours en 1966, L'alphabet du matin en 1968, De mémoire et d'oubli en 1973, Jette ton pain en 1979 et son journal Traces de vie en 1983. En 1980, elle reçoit le Grand Prix C-F. Ramuz.

Elle est décédée le 27 févier 1998 à Genève.

La plupart de ses romans s'articulent autour de la place de la femme dans la famille, dans le monde professionnel et dans ses relations avec les hommes. Alice Rivaz met en scène des vies féminines étriquées et marquées par l'échec. Elle dépeint avec empathie ses protagonistes, des personnages humbles, victimes de solitude et d'indifférence. C'est peut-être en cela que son oeuvre manifeste cette «spécificité féminine dans l'écriture» qui lui tenait tant à cœur.