Vie de Yersin (5)

La paillotte laboratoire d'Alexandre Yersin à Hong Kong en 1894. Il y isola le bacille de la peste. [TSR (TJ 08/05/2008), domaine public]
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21 mai 1986

Destin des hommes

A Nha Trang, son paradis indochinois, Yersin est relancé par l'Institut Pasteur et le gouvernement français, qui lui demandent de se rendre à Hong Kong pour tenter de trouver une solution à l'épidémie de peste qui ravage la région. Il y est plutôt mal reçu, Hong Kong étant une colonie anglaise, et un autre chercheur, le Dr Kitasato, formé en Allemagne à l'école de Robert Koch, étant aussi à la recherche du bacille de la peste.

C'est clandestinement que Yersin se procure des cadavres de pestiférés sur lesquels il opère des prélèvements dans une petite paillote, avec un matériel réduit. Arrivé à Hong Kong le 15 juin 1894, il isole le bacille de la peste le 20 du même mois.

Henri Mollaret et Jacqueline Brossolet ont publié une biographie décisive du savant aventurier, Alexandre Yersin ou le vainqueur de la peste, qui sera réédité en 1993 sous le titre Yersin, un pasteurien en Indochine.

Cette série de huit émissions retrace la vie aventureuse d'Alexandre Yersin, le "vainqueur de la peste", racontée par ses biographes Henri Mollaret et Jacqueline Brossollet, sa petite-nièce Yvonne Bastardot-Yersin et par d'autres témoins et spécialistes des maladies infectieuses.

(Photo: la paillotte-laboratoire de Yersin à Hong Kong en 1894. Source: TSR, TJ du 8 mai 2008, domaine public)

Né à Aubonne en 1863 orphelin de père, Alexandre Yersin suit des études de médecine en Allemagne puis en France, où il intègre rapidement l'Institut Pasteur. En compagnie du Dr Emile Roux, il identifie la toxine diphtérique et publie de nombreuses études de bactériologie. Mais sa soif du voyage et de l'exploration est la plus forte. Tour à tour médecin maritime, explorateur, aventurier, il parcourt l'Indochine à cheval et à pied, avant de découvrir la baie Nha Trang, paradis encore vierge où il finira par se fixer.

Harcelé jusqu'au bout du monde par ses confrères de l'Institut Pasteur, qui le supplient de les faire bénéficier de son génie de chercheur, il est envoyé à Hong Kong pour tenter de trouver une solution à l'épidémie de peste qui ravage la région. C'est là que dans des conditions précaires, en 1894, il identifiera formellement le bacille de la peste, qui porte dès lors son nom: Yersinia Pestis.

Aventurier, solitaire, misanthrope et fuyant les honneurs, Alexandre Yersin profite de ses brefs séjours en France pour mettre au point le sérum anti-peste, puis établit en Indochine une ferme laboratoire pour pouvoir le produire à plus grande échelle. Parallèlement, il soigne gratuitement les habitants et développe la culture de l'arbre à caoutchouc.

En 1940, il quitte définitivement une France en pleine débâcle et se retire dans son coin de paradis où il meurt en 1943. Plusieurs rues du Vietnam actuel, ainsi qu'un lycée,  portent encore son nom.