La cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg a 100 ans

La cathédrale de Fribourg a toujours été un chantier permanent. Depuis sa construction, des artisans comme les tailleurs de pierre ne cessent d’y travailler. Si la pierre s'use naturellement à cause de la chaleur, du gel ou de la pluie, cette usure va aller s'accélérant dans la seconde partie du 20e siècle. En 1975, l'émission L'avenir de notre passé dresse un bilan de la situation.

Les pierres de la cathédrale sont menacées par un mal jusqu’ici peu connu : l’immission. La molasse, pierre de construction du bâtiment, s'écaille et se fissure. En cause les gaz d’échappement, les fumées de chauffage et de l’industrie. Mais aussi les vibrations dues au passage incessant des véhicules autour de la cathédrale.

En 1975, les statues des apôtres du portail principal sont déjà des copies. Les originaux ont été enlevés 40 ans auparavant et déposés à l’université, avant de rejoindre le Musée d’art et d’histoire. Que faire si l’on veut maintenir les autres sculptures en place, sachant que le trafic a peu de chance d’être interdit autour de la cathédrale ? La réponse dans l’atelier des restaurateurs.

Restauration du portail principal

En 1997, après avoir été masqué durant 10 ans, le portail principal de la cathédrale, magnifiquement restauré, est à nouveau visible pour le public. Le problème de la pollution qui attaque la molasse n’est pas réglé pour autant.

Renouveau du portail sud

Le portail sud de la cathédrale a été réalisé vers 1340. Les statues exceptionnelles qui l’ornent sont d’origine, contrairement à celles du portail principal. Pendant 40 ans, le portail a été couvert afin de protéger ses joyaux de la pollution. En 2016, après 5 ans de restauration, le voile est enfin levé. Avec cette bonne nouvelle : la fermeture du pont de Zaehringen, deux ans plus tôt, et la diminution de la circulation autour de la cathédrale assurent désormais des jours meilleurs aux sculptures et aux pierres taillées des maîtres du Moyen Âge.

La Madone des Centaures

Ils sont quelques motards et leurs engins à fouler le sol de la cathédrale de Fribourg pour recevoir une bénédiction. On les appelle les Premiers Centaures. A l’extérieur, d’autres motards, venus des quatre coins de la Suisse et d’Europe, sont rassemblés sur le parvis. Ils font tous partie du Moto Club de la Madone des Centaures, fondé dans les années 40 en Italie. Une section fribourgeoise a vu le jour en 1947. Moto et religion : un mélange étonnant qui bouleverse certains clichés.

« On est rock and roll quand même, mais on est croyant aussi 

En 1963, les autorités de la ville de Fribourg étudient un projet de nacelle pour hisser les touristes au sommet de la cathédrale, via un treuil accroché à la grue qui couronne depuis 20 ans déjà le clocher de Saint-Nicolas. Ce téléphérique d'un genre nouveau n'a jamais vu le jour, et l'on comprend mieux pourquoi en voyant la date de diffusion complète du reportage.

En voici une idée originale ! Monsieur Walter Keller est confiseur à Fribourg mais également bâtisseur de cathédrale... en sucre. Il a reproduit à l'identique et dans ses moindres détails la cathédrale de Saint-Nicolas. 50 kilos de sucre et mille heures de travail ont été nécessaires pour accomplir ce chef-d'oeuvre de l'art sucrier, malheureusement non comestible.

Les reliques de la discorde

En 2013, la Turquie exige de récupérer des reliques de Saint Nicolas de Myre, conservées depuis 1506 à la cathédrale de Fribourg. Même si l’authenticité des reliques (un fémur) n’est pas assurée, le chapitre de chanoines qui veille sur la cathédrale n’est pas prêt à se soumettre à la requête turque.

Si on nous forçait à les rendre à la Turquie, je vous promets que je ferai objection de conscience et que je résisterai 

Qu’est-il arrivé depuis ? La demande de restitution a finalement été démentie par la Turquie. Les reliques de Saint Nicolas ont donc pu rester dans la cathédrale.

La cathédrale de Fribourg a accueilli un maître de chapelle de renom en la personne du chanoine Joseph Bovet. Elle est aussi réputée pour la qualité de son orgue, oeuvre d'Aloys Mooser, facteur d'orgues de Fribourg reconnu dans toute l'Europe au 19e siècle.

Joseph Bovet

En 2001, la radio romande consacre une série d’émissions à l’abbé Bovet, l'auteur du "Vieux Chalet". L’historien Patrice Borcard et Pierre-Georges Roubaty, alors maître de chapelle à la cathédrale de Fribourg, évoquent la manière dont Joseph Bovet a exercé cette même charge. Ils n’éludent pas les conflits qui pouvaient opposer le bouillant chanoine avec le curé de la cathédrale ou l’organiste. L'extrait choisi se termine par du chant grégorien interprété par les Pinsons de la cathédrale de Fribourg et enregistré vers la fin des année 40. 

Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg, Fonds Joseph Bovet

Au mois de février 1951, Fribourg est en deuil. Les obsèques du compositeur Joseph Bovet, enfant du pays, ont lieu en la cathédrale Saint-Nicolas. Le Ciné-Journal est présent pour assister à la cérémonie que préside Monseigneur Charrière, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg. A l'extérieur, une foule nombreuse est rassemblée pour un dernier hommage au barde fribourgeois. En son honneur, elle entonne "Le vieux chalet".

L'orgue d'Aloys Mooser

De style néo-gothique, cet instrument monumental a été construit entre 1824 et 1934. Sa renommée était internationale : des compositeurs comme Liszt ou Mendelssohn sont venus y jouer.

En juin 2024, une équipe de la RTS rencontre Philippe Despont, organiste de la cathédrale Saint-Nicolas de Fribourg et Verna Villiger Steinauer, historienne de l’art.

Au 19e siècle, l’Europe a connu la vogue des "orages", compositions musicales qui s’appliquaient à reproduire les sonorités des éléments naturels en furie. Organiste à la collégiale de Fribourg, Jacques Vogt connut le succès avec son "Orage de Fribourg" et ses fameux coups de tonnerre. En 1976, l’émission Radioscolaire nous en fait entendre un extrait.

Bibliothèque cantonale et universitaire de Fribourg, Fonds Benedikt Rast