Du petit au grand écran

Grand Format

RTS

Introduction

Le Groupe 5 est à l’honneur. La Cinémathèque suisse et la RTS éditent un coffret DVD des oeuvres d'Alain Tanner, Claude Goretta, Michel Soutter, Jean-Louis Roy et Jean-Jacques Lagrange qui le fondèrent en 1968. Cette association de réalisateurs du cinéma et de la télévision permit l'émergence de la "Nouvelle vague" du cinéma romand dans les années 60, avec l’appui de la TSR. L'occasion de revenir sur les relations qu'entretient depuis ses débuts la télévision romande avec le cinéma.

Apprendre le cinéma en faisant de la télévision

Beaucoup de gens peuvent travailler à la TV, apprendre le métier à la TV, c'est finalement la seule école de cinéma qu'on a.Michel Soutter, réalisateur, conférence de presse suivant la diffusion à Cannes, en 1972, de son film "Les arpenteurs".

2012. CINEMA suisse [RTS/ ARCHIVES]
2012. CINEMA suisse [RTS/ ARCHIVES]

Lorsque la jeune télévision romande se développe au cours des années cinquante, le cinéma est quasi inexistant dans cette partie du pays. Si Alain Tanner et Claude Goretta partent se former à l'étranger, la télévision offre à des futurs cinéastes comme Jean-Jacques Lagrange, Michel Soutter et Jean-Louis Roy, un formidable terrain d'apprentissage et d'expérimentation.

Le réalisateur Jean-Jacques Lagrange raconte ces années d'apprentissage et de découverte de ce qui deviendra son futur métier.

En parallèle aux reportages et aux documentaires, le secteur de la fiction prend une place de plus en plus grande dans les programmes de la TSR. Durant les années 60, le télé-théâtre et les dramatiques, tournés en studio et en direct, mobilisent des techniciens de talent pour approcher le meilleur du cinéma.

Le réalisateur Jean-Jacques Lagrange dans les années 50. [RTS]
Archives - Publié le 17 décembre 2015
Dramatique
Archives - Publié le 28 août 1994

Le Groupe 5

En 1968, cinq réalisateurs suisses romands, Alain Tanner, Claude Goretta, Michel Soutter, Jean-Jacques Lagrange et Jean-Louis Roy, s'associent pour produire des films de fiction indépendants. Le Groupe 5 est né. La TSR y apportera une contribution financière essentielle.

Alain Tanner à Cannes en 1971. [RTS]
Cinéma vif - Publié le 4 décembre 1968

Une loi fédérale de soutien au cinéma existe depuis 1963. Mais elle favorise avant tout les films documentaires dits culturels ou les films éducatifs. De plus, les aides ne sont distribuées qu'une fois le film terminé. L'accord entre le Groupe 5 et la TSR vise à pallier cette difficulté: grâce à un système de préachat, des fonds relativement importants seront débloqués en amont et permettront aux cinéastes de démarrer leurs projets.

Grâce à ces premiers accords, sept films seront produits, dont Charles, mort ou vif (Alain Tanner, 1969), Black Out (Jean-Louis Roy, 1970), Les arpenteurs (Michel Soutter, 1972) et L'invitation (Claude Goretta, 1973).

Durant les décennies suivantes et jusqu'à aujourd'hui, la TSR, puis la RTS, continuera à soutenir financièrement le cinéma, d'abord à travers l'Accord-cadre romand, puis, dès 1996, le Pacte de l'Audiovisuel.

En tournage

RTS

Tirés du fonds d'archives photos de la RTS, ces clichés nous font découvrir les réalisateurs Claude Goretta, Michel Soutter et Jean-Jacques Lagrange dans leur travail pour la télévision.

Scène de tournage du téléfilm Vivre ici, de Claude Goretta. 1969. [RTS - Fonds archives photos]
Scène de tournage du téléfilm Vivre ici, de Claude Goretta. 1969. [RTS - Fonds archives photos]
Claude Goretta, Maurice Garrel et membre de l'équipe du téléfilm Vivre ici, 1969. [RTS - Fonds archives photos]
Claude Goretta, Maurice Garrel et membre de l'équipe du téléfilm Vivre ici, 1969. [RTS - Fonds archives photos]
Michel Soutter et Gustave Roud lors du tournage d'un documentaire consacré au poète, 1965. [RTS - Fonds archives photos]
Michel Soutter et Gustave Roud lors du tournage d'un documentaire consacré au poète, 1965. [RTS - Fonds archives photos]
Le réalisateur Jean-Jacques Lagrange, en compagnie des actrices Corinne Coderey et Nita Klein sur le tournage du téléfilm Le fusil de chasse, 1970.
Le réalisateur Jean-Jacques Lagrange, en compagnie des actrices Corinne Coderey et Nita Klein sur le tournage du téléfilm Le fusil de chasse, 1970.
Claude Goretta et son équipe sur le tournage du téléfilm Vivre ici, 1969. [RTS - Fonds archives photos]
Claude Goretta et son équipe sur le tournage du téléfilm Vivre ici, 1969. [RTS - Fonds archives photos]
Claude Goretta et Maurice Garrel sur le tournage du téléfilm Vivre ici, en 1969. [RTS - Fonds archives photos RTS]
Claude Goretta et Maurice Garrel sur le tournage du téléfilm Vivre ici, en 1969. [RTS - Fonds archives photos RTS]
(de g. à d.) Bernard Haller, Michel Soutter, Catherine Charbon et Gilbert Divorne lors du tournage de l'émission Le moulin à poivre, 1971. [RTS - Fonds archives photos]
(de g. à d.) Bernard Haller, Michel Soutter, Catherine Charbon et Gilbert Divorne lors du tournage de l'émission Le moulin à poivre, 1971. [RTS - Fonds archives photos]
Fonds archives photos [RTS]
Le réalisateur Jean-Jacques Lagrange au travail avec une monteuse, années 60. [RTS]

Goretta, Tanner: deux visions d'un métier

Claude Goretta, Alain Tanner. Les deux cinéastes ont travaillé pour la télévision. Le premier d'une manière régulière et constante, le second plus occasionnellement. Quand on leur demande si le métier de réalisateur est très différent à la télévision et au cinéma, leur avis diverge nettement.

Durant toute sa carrière, Claude Goretta fut à la fois un homme de télévision et de cinéma. Pour lui, ces deux réalités n'ont jamais été antagonistes. En 2011, âgé de 82 ans, il réaffirme qu'il s'est toujours senti libre de faire ce qu'il voulait à la télévision, qu'il considère comme "un terrain de découverte formidable".

Ici en 1973 sur le tournage de "L’Invitation". Le cinéaste Claude Goretta: "dans ses films comme dans ses téléfilms, il conjugue portraits intimistes et fresques sociales", écrit le dictionnaire (entrée: 2009).
Le Journal - Publié le 7 novembre 2011

Pour Tanner, au contraire, les métiers de réalisateur de fiction et de télévision sont bien distincts. La télévision peut apporter au cinéma un soutien financier et éventuellement offrir un tremplin de formation à un futur cinéaste. Mais elle ne peut pour lui soutenir la comparaison au niveau des exigences artistiques.

Alain Tanner [RTS]
En direct avec… - Publié le 27 août 1975

Quand la télévision parle de cinéma

A travers des émissions phares comme "Le cinéma et ses hommes" et bien sûr "Spécial Cinéma", le 7e art a longtemps occupé une place de choix dans les programmes de la TSR. Parmi les journalistes spécialistes du domaine, deux personnalités se détachent : Rodolphe-Maurice Arlaud et Christian Defaye.

A côté de sa carrière de journaliste, Rodolphe-Maurice Arlaud travailla comme scénariste et dialoguiste aux côtés de réalisateurs comme Jean Delannoy, Jacques Deray ou Pierre Granier-Deferre. Du cinéma-vérité à la Nouvelle Vague, il fut pour la TSR un témoin engagé et passionné de l'évolution du 7e art durant la décennie des années soixante.

Rodolphe-Maurice Arlaud interviewe en 1965 Eddie Constantine et Jean-Luc Godard, qui viennent de tourner ensemble le film Alphaville.

Entré comme journaliste d'actualité à la TSR en 1968, Christian Defaye anima entre 1974 et 1997 l'émission Spécial Cinéma. Si son riche carnet d'adresses lui permit d'interviewer les plus grandes vedettes du cinéma français et international, le cinéma suisse trouva également place dans son émission.

En 1977, avec ses invités Jean-Louis Trintignant et Michel Soutter, Christian Defaye commente des images du tournage du film Repérages.

Janvier 1982. le réalisateur Jean-Jacques Lagrange et la jeune comédienne Anne Bos sont sur le plateau de Spécial Cinéma pour présenter Mérette, téléfilm de la TSR

Rodolphe-Maurice Arlaud en 1962. [RTS]
Le cinéma et ses hommes - Publié le 7 octobre 1962
Rodolphe-Maurice Arlaud et Eddie Constantine en 1965. [RTS]
Cinéma vif - Publié le 16 mai 1965
Christian Defaye (à droite), avec Jean-Louis Trintignant et Michel Soutter en 1977. [RTS]
Spécial cinéma - Publié le 4 octobre 1977
Christian Defaye (à droite) et Jean-Jacques Lagrange en 1982. [RTS]
Spécial cinéma - Publié le 25 janvier 1982

Une expérience inédite

Même s’ils poursuivent désormais des existences autonomes, les petit et grand écrans ont conservé des liens forts.

Ainsi, la TSR, et la RTS ensuite, n'a jamais cessé de soutenir le cinéma suisse via une politique active de coproduction. Et la télévision offre parfois aux cinéastes romands de partager leur vision du monde à l’antenne. C'est le cas en 2008, lorsqu’à l’occasion du Festival de Cannes, la rédaction de l'Actu de la RTS confie la confection du journal télévisé à un groupe de réalisateurs de cinéma suisses. Parmi eux, Patricia Plattner, Francis Reusser, Lionel Baier, Jacob Berger et même... Jean-Luc Godard!

Cette expérience inédite va déboucher sur la création d'une séquence hebdomadaire intitulée Le regard du réalisateur. Jacob Berger fera partie du noyau central de ce groupe, jusqu'à l'arrêt de la formule en 2014.

Le cinéaste Jacob Berger réalise un sujet pour Le journal, 2008. [RTS]
Grand Angle - Publié le 23 mai 2008

Liens et sources

A consulter également

Sur RTSarchives:

Claude Goretta, ses années de télévision

La télévision de Jean-Jacques Lagrange

Alain Tanner, ses années de télévision

Regards sur le cinéma suisse

Sur RTSCulture:

Le Groupe 5, "Nouvelle Vague romande"

Sur notrehistoire.ch

Les grandes heures de la TSR: la fiction 1954 - 2014

A la Boutique RTS:

Commander le DVD sur le Groupe 5

Sources des émission RTS

Cinéma Suisse : Jean-Jacques Lagrange / 17.12.2015 /  Réalisation : Bertrand Theubet.

Cinéma-vif / 04.12.1968/ Journaliste : Maurice-Rodolphe Arlaud.

Le Journal / 07.11.2011 / Journaliste : Isabelle Gonet

En direct avec.../ 27.08.1975 / Journaliste : Claude Torracenta

Le cinéma et ses hommes / 07.10.1962 / Journaliste : Maurice-Rodolphe Arlaud

Cinéma-vif / 16.05.1965 / Journaliste Maurice-Rodolphe Arlaud

Spécial Cinéma / 04.10.1977 / Journaliste : Christian Defaye

Spécial Cinéma / 25.01.1982 / Journaliste : Christian Defaye

Grand Angle / 23.05.2008 / Journaliste : Sébastien Rey