Les deux frères se sont lancés un pari fou : l'ascension du cirque de la Reculée des Planches, dans le Jura français, une muraille de calcaire de 180 mètres de haut présentant un dévers de 70 mètres entre sa base et son sommet.
Un niveau de difficulté extrême
L'escalade en dévers n'est pas la seule difficulté de la Reculée des Planches. Un second problème vient de la qualité très inégale du calcaire qui compose la falaise. Celui-ci est très dur à certains endroits, mou et pourrissant à d'autres. Dans ces conditions, impossible de suivre une ligne droite. C'est la montagne et elle seule qui dicte le tracé du parcours.
Face à des conditions aussi extrêmes, la plupart des alpinistes de l'époque renoncent tout simplement. Mais les frères Remy appartiennent à une nouvelle génération de grimpeurs, prêts à mettre en oeuvre tout les moyens possibles, même ceux considérés comme peu orthodoxes par les puristes, pour parvenir à leurs fins.
Une nouvelle génération de grimpeurs
La conquête de la falaise de la Reculée des Planches se fera en plusieurs étapes, réparties sur trois semaines. Chaque matin, les frères Remy regagnent leur point d'attaque et arrachent mètre après mètre à la montagne. Pratiquant l'escalade dite artificielle, ils ont recours à un matériel perfectionné, que leur père Marcel Remy, responsable de l'assistance au sol, leur fait parvenir au fur et à mesure de la progression.
L'un des points les plus controversés de la méthode des frères Remy pour cette ascension sera l'usage de la perceuse électrique, qui facilite le travail de fixation des pitons dans la roche.
Un exploit sportif et télévisuel
Si l'on met bout à bout les temps d'escalade pure, il faudra 82 heures aux frères Remy pour conquérir cette voie, surnommée la Voie des Fadas. Une épreuve physique et mentale de taille, compte tenu du défi technique. Au passage dit de la Poche blanche, particulièrement vertigineux, les grimpeurs ne mettront pas moins de deux jours pour s'élever de 15 mètres.
A l’exploit sportif s’ajoute un exploit télévisuel. Le guide et caméraman Michel Vaucher prend tous les risques pour ramener des images à couper le souffle. Ce travail sera récompensé, puisque l'édition 1977 du Festival international du Film de montagne de Trento primera le reportage.