D'abord considéré comme un passe-temps, cet art traditionnel se retrouve aujourd'hui dans les galeries et les musées. Témoin inestimable de la vie de nos régions alpestres, ce savoir-faire inspire de nouvelles générations. Chaque découpage est unique et les passionnés développent leur propre technique.
Les précurseurs
Jean-Jacques Hauswirth (1809-1871)
Né dans le Saanenland au début du 19e siècle, Hauswirth travaille comme bûcheron et charbonnier dans la région de Rougemont. On ne sait presque rien de sa vie, si ce n'est qu'il s'adonne au papier découpé et crée des oeuvres symétriques en noir-blanc, puis des collages en couleurs représentant souvent des montées à l'alpage ou des scènes de la vie quotidienne. Il meurt dans la misère à l'entrée des gorges du Pissot en 1871.
Gérald Bertholet fait de la découpe sur papier après avoir été architecte et buraliste à Corbeyrier. En 1997, pour l'émission Chemins de terre, il raconte l'origine de cette tradition du Pays-d'Enhaut.
Louis Saugy (1871-1953)
Charpentier puis facteur à Rougemont, Louis Saugy a pu admirer les oeuvres d'Hauswirth lors de ses tournées postales. Il s'en inspire et réalise des tableaux multicolores où chaque pièce, préalablement découpée, trouve sa place dans un décor plus vaste. Les habitants se reconnaissent parfois dans ses compositions minutieuses, témoins de l'histoire de sa région.
La tradition se perpétue
Portrait d'Isaac, descendant de la famille Saugy
L'émission Continents sans visa diffuse en 1962 un reportage intitulé "La Suisse en dentelles". Dans ses mains de montagnard, les découpages d'Isaac Saugy, citoyen de Rougemont alors âgé de 70 ans, semblent si délicats. Découpées dans du papier noir puis collées pièce par pièces, ses oeuvres sont aujourd'hui cataloguées et hors de prix. Un passe-temps qu'il pratiquait le soir, dans le calme.
Découpage d'un seul tenant
Contrairement à ses prédécesseurs, Christian Schwizgebel découpe ses compositions dans une même feuille, d'un seul tenant. Son inspiration, il la trouve dans la nature et dans les scènes de chasse qu'il reproduit avec un sens du détail remarquable.
Attrait pour les thèmes traditionnels
Madame Schläppi vit à Saanen et découpe depuis plus de trente ans des scènes de la vie traditionnelle. Certaines de ses oeuvres se vendent en format carte postale, notamment pour les touristes.
Rayonnement au-delà de nos frontières
Anne Rosat a contribué au renouveau du papier découpé en faisant connaître cet art traditionnel au-delà de nos frontières. Née en 1935 en Belgique, elle se marie et s'installe aux Moulins. Elle découpe depuis 1969 et utilise la couleur et la superposition des papiers, donnant à ses compositions une dimension nouvelle. En 1997, la maison Hermès la sollicitera pour dessiner un foulard.
Entre tradition et renouveau
Durant l'été 2000, le Musée du Vieux Pays-d'Enhaut expose les oeuvre d'une cinquantaine d'artistes. Si certains poursuivent sur la lancée des précurseurs, d'autres laissent libre cours à leur imagination, en intégrant des éléments de la vie moderne. L'art du papier découpé a de beaux jours devant lui.
Joëlle Albrecht-Glaisen pour les archives de la RTS