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Le risque des archives

L'internat de la Longeraie
L'internat de la Longeraie
"Ce reportage offre une image d'Epinal de notre école qui ne correspond pas à la réalité".

C'est par l'intermédiaire d'un email envoyé sur le site des archives que nous avons pris contact.

Une remarque vive de sa part qui mettait en cause les professeurs de l'internat de La Longeraie après la publication, dans notre rubrique «inconnu à ce jour», d'un reportage de l'émission Vu par tourné au début de 1975 dans cette école à Morges. Des propos suffisamment forts pour que nous nous rencontrions. En arrière-fond de notre échange, une réflexion sur la nature des archives télévisuelles, sources qu'il convient de mettre à l'épreuve entre souvenirs, réalité et diffusion à l'antenne. D'un commun accord, nous avons choisi de conserver l'anonymat pour cette interview réalisée à notre rédaction.

Le site des archives. Vous apparaissez dans ce reportage de Temps présent tourné à l'internat de La Longeraie en 1975. Le souvenir que vous gardez de cette institution ne correspond pas, dites-vous, à ce qui est présenté dans ce reportage.

L'ancien élève. J'avais déjà consulté plusieurs fois le site des archives, en recherchant notamment des images sur La Longeraie. Je me souvenais qu'une équipe de la TSR était venue tourner dans notre école. Quand j'ai découvert cette émission en ligne, ça été le choc.
La première impression que laisse ce reportage, c'est que tout est propret. Mais la réalité était différente. Je peux le dire, j'ai vécu de la maltraitance. Surtout des coups. Un des profs était surnommé Kiri, mais il ne nous faisait pas vraiment rire, c'était le roi de baffes! Un autre avait surnommé sa baguette «Mélanie»!

Vous rappelez-vous du tournage?

Pour nous, c'était un moment de récréation. A l'époque, ça nous changeait de la routine et c'était intéressant de voir une équipe de télévision. Il faut dire que dans les années 70, La Longeraie passait pour une école modèle. Avec le recul, quand je considère les questions, il me semble que le journaliste essaie de creuser. J'imagine qu'il a dû sentir le climat de l'institution.

Vous n'en avez pas parlé dans votre famille?

C'est vrai que j'étais un enfant turbulent et le placement en internat où je suis resté trois ans, je dois dire, m'a calmé. A la maison, j'étais prostré. Ma mère se posait des questions.

Dans quel but avez-vous pris contact avec le site des archives?

Je voulais corriger un fait. La version qui est présentée par ce reportage offre une image d'Epinal de notre école. Tous les professeurs n'étaient pas violents, mais je ne pardonne pas l'esprit de groupe chez eux. Il y a tout de même une différence entre un cadre sévère et un cadre qui fait peur! Lors de ma dernière année, il s'est produit un mini miracle. La direction a engagé une femme comme prof, l'atmosphère a tout de suite changé.

Propos recueillis par Claude Zurcher/ Juin 2010

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