1968, la Suisse rêve d'un autre monde

Introduction

Après vingt années de croissance et la naissance de la société de consommation, la décennie 1965-1975 va connaître un bouleversement politique, culturel et social total, une rupture avec les valeurs bourgeoises qui culminera en 1968. En Suisse, ce seront des manifestations étudiantes, le combat pour des centres autonomes, un nouveau cinéma et la prise de conscience des femmes avec le droit de vote gagné en 1971.

Refus du confort, refus d'un enseignement et de l'idolâtrie du travail, refus d'une certaine société... Le poète valaisan Maurice Chappaz est à Paris au moment des événements de Mai 68. Sa vision de la jeunesse en est bouleversée.

Capture d’écran 2018 05 01 à 17.03.50 — En personne - Publié le 6 février 1973

Ordre et désordre

Du changement

A Zurich, des milliers d'étudiants, le recteur en tête, défilent pour réclamer un changement urgent, mais sans barricades et sans violence. En fin de cortège, les étudiants progressistes, solidaires de Paris et de Berlin.

Manif à Zurich [RTS] — Continents sans visa - Publié le 6 juin 1968

Du dialogue

A Genève également, en juin 1968, les étudiants se mobilisent et défilent dans les rues. Ils veulent initier un dialogue constructif avec les ouvriers et les apprentis qui sera synonyme de changement pour tous.

Mobilisation étudiante — Continents sans visa - Publié le 6 juin 1968

Des droits

En 68, civiquement, la femme n'existe pas dans la société suisse. Mais des étudiantes la croit parfaitement capable de faire de la politique. Elles soutiennent le suffrage féminin, un droit qui ne sera accordé aux femmes suisses qu'en 1971.

Femme et politique [RTS] — Madame TV - Publié le 9 mars 1968

Des débats

Cette période laisse la place à des positions politiques très polarisées, avec une gauche contestataire opposée à une droite populiste regroupée autour de James Schwarzenbach et son initiative contre l'emprise étrangère.

Les saisonniers sont dans le collimateur de l'initiative Schwarzenbach. [RTS] — Divers - Publié le 20 mai 1970

Provocation et innovation, une culture nouvelle semée dans les milieux alternatifs s'épanouit sur le terreau de Mai 68. Dans les arts visuels, au théâtre et au cinéma, les artistes d'avant-garde sortent de leur tour d'ivoire et portent un regard critique sur la société et la politique.

En mai 67, l'équipe de Continents sans Visa s'est rendue à Zurich pour explorer le milieu alternatif et y rencontrer les artistes de l'avant-garde. On y croise le peintre et créateur d'Alien Hans-Ruedi Giger ou le poète Urban Gweder.

L'avant-garde [RTS] — Continents sans visa - Publié le 4 mai 1967

Le Living Theatre de Julian Beck se produit en 1968 à Genève. Cette troupe qui pratique une forme d'expression corporelle proche du happening, fondée sur un travail collectif, suscite la curiosité et la désapprobation du public.

Une performance théâtrale à Genève, devant un public mitigé. — Carrefour - Publié le 23 août 1968

Le Théâtre de Carouge se fait l'écho, en mars 68, des manifestations contre la guerre de Vietnam en présentant la pièce "Les Charognards", écrite par l'auteur américain Robert Weingarten qui dénonce l'absurdité de ce conflit.

La guerre au théâtre [RTS] — En marge - Publié le 10 mars 1968

L'émission En marge présente l'exposition "Quand les attitudes deviennent formes" qui réunit, en mars 1969, des oeuvres spontanées d'artistes conceptuels européens et américains, comme le peintre Richard Artschwager.

L'art conceptuel — En marge - Publié le 6 avril 1969

Au milieu des années 1960, un groupe de réalisateurs travaillant pour la Télévision Suisse Romande décide de s'unir pour produire ses propres films : c'est la naissance du Groupe 5 qui incarne un nouveau cinéma suisse au travers de premières oeuvres originales et engagées.

Parmi eux, le cinéaste Alain Tanner, un artiste qui livre dans son oeuvre une réflexion critique sur la société. Ainsi son film Charles mort ou vif , une fable dénonçant la société de consommation sortie sur les écrans en 1969, est encensé par la critique et salué comme "le plus bel enfant de Mai 68".

Charles mort ou vif: le film d'Alain Tanner, reflet de 1968. [RTS/Cinémathèque Suisse]

Le mouvement de contestation qui déferle sur l’Europe offre à la jeunesses suisse une nouvelle façon de vivre ensemble, loin des valeurs bourgeoises et étriquées qui dominaient dans la société de consommation. Les jeunes revendiquent des centres de culture autonomes et ouverts à tous. Ils partagent le refus de toute autorité défendu par le mouvement hippie, vivent en communauté de manière égalitaire et recherchent de nouvelles philosophies et de nouvelles perceptions sensorielles en fumant du haschich.

Centres autonomes

En 68 à Zurich, des jeunes, à la recherche d'un centre de réunion et de culture, occupent un grand magasin. En 1971, de jeunes contestataires biennois suivent leur exemple et obtiennent l'ouverture d'un centre autonome.

Centre autonome biennois [RTS] — Regards - Publié le 12 janvier 1971

Les hippies

Au début des années 70, on assiste au rejet de la société de consommation. Certains sont en quête de nouveaux repères spirituels et se tournent vers la pensée orientale comme ces hippies valaisans.

Nouvelle spiritualité [RTS] — Regards - Publié le 5 octobre 1971

Vie en communauté

Dans une société en pleine mutation après les événements de 1968, la jeunesse se questionne et explore de nouveaux modèles comme la vie en communauté en suivant un idéal socialiste et de partage.

La vie ensemble [RTS] — Regards - Publié le 5 octobre 1971

Drogue douce

Le magazine d'informations Temps présent donne, en 1971, la parole à des jeunes Suisses qui fument en communauté du haschich, drogue dite douce, et qui expriment leur bien-être, sans sensation d'addiction.