L'apprentissage
En voyant les tâches dévolues à ses collègues d'atelier, Charly ne sait pas s'il va persévérer dans la bijouterie. "Souder des boîtes, des bracelets, c'est pas très marrant. C'est du boulot de manoeuvre". Face à la routine menaçante, il rêverait de pouvoir changer de métier tous les trois ans.
La famille
De son père parti de rien et aujourd'hui conseiller municipal à Satigny, il parle avec respect. C'est de lui qu'il tient sa conscience ouvrière. Il tire aussi son chapeau à sa mère, qui parvient à faire des miracles pour faire manger la famille jusqu'à la fin du mois. Impossible de jouer les enfants gâtés : "Je peux pas aller chez mes parents demander: "Donne-moi cinquante balles, je veux m'acheter des souliers".
Les filles
S'il fréquente les filles? Oui, un peu. Surtout pendant les vacances. Ses activités politiques, il faut dire, lui prennent beaucoup de temps. "Avoir une petite amie qui s’intéresserait à la politique, ça arrangerait bien les choses..."
Loisirs et politique
La belle cravate, le beau costard, c'est bon pour les "minets" et les fils à papa. Charly, on l'aura compris, n'est pas un garçon futile. A la revue Salut les copains, il préfère la lecture de bouquins "qui ont quelque chose dans le ventre" et lui donnent des arguments dans les discussions politiques.
Charly fait partie des Jeunesses libres, un mouvement politique proche du Parti du Travail. Syndicaliste, il est affilié à la Fédération des ouvriers sur métaux et horlogers (FOMH). Réunions, distributions de tracts, ses soirées sont bien remplies.
Un jeune homme bien sérieux
Quand le journaliste s'étonne de son sérieux, Charly semble hésiter un instant: "Si je n'avais pas cette conscience, je m'amuserais, je me minerais moins. Je serais plus décontracté." Il finit tout de même par conclure: "Mais je préfère quand même militer. On est grandi. Si je ne m'occupais de rien, je me dirais: Tu es un idiot!"
Sophie Meyer pour Les archives de la RTS