Claude Chabrol, le rebelle souriant
Pour Chabrol, la Nouvelle Vague n'existe tout simplement pas. Affirmation étonnante venant de celui que l'on désigne souvent comme un des pères fondateurs d'un nouveau courant cinématographique. En 1960, le cinéaste a déjà derrière lui deux films importants: Le Beau Serge, réalisé en 1958 et primé au Festival de Locarno et Les cousins, Ours d'Or au festival de Berlin 1959.
Jean-Luc Godard, l'historien
Le terme "Nouvelle Vague", nous rappelle Jean-Luc Godard, est apparu pour la première fois dans un article de l'Express signé Françoise Giroud. Si pour l'auteur d'A bout de souffle le terme ne veut plus dire grand-chose, il admet bien partager une histoire commune avec ceux qu'on a pris l'habitude de relier à ce courant: Truffaut, Chabrol, Rivette ou encore Rohmer. Ils se sont retrouvés au ciné-club du Quartier Latin et ont rejoint pour certains, en tant que critiques, la revue des Cahiers du cinéma, laboratoire théorique des films à venir.
François Truffaut, le convaincu
Des trois cinéastes interrogés, François Truffaut est le seul à croire la Nouvelle Vague. Lui-même s'est fait connaître un an plus tôt avec Les quatre cents coups et il prépare un deuxième long-métrage qui sortira sous le titre Tirez sur le pianiste. La création cinématographique connaît un nouvel essor en France. Si la qualité n'est pas toujours au rendez-vous, Truffaut considère le foisonnement d'oeuvres et de styles comme les signes d'un renouveau réjouissant.
Que l'appellation Nouvelle Vague soit revendiquée ou non, le cinéma français opère bien une mutation décisive au tournant des années soixante. Une jeune génération de réalisateurs décomplexés vient bousculer la machinerie du cinéma traditionnel. Les tournages légers, en extérieur, tendent à remplacer le travail en studio. Des chefs-d'oeuvre sont réalisés avec des bouts de ficelle. De nouveaux thèmes, de nouvelles esthétiques émergent, revendiqués par des cinéastes qui se définissent désormais comme des auteurs.
Sophie Meyer pour Les archives de la RTS