Dans la nuit du 2 au 3 septembre 1998, le vol 111 de la compagnie Swissair s'écrase au large des côtes canadiennes, près de Halifax. Les 229 personnes à bord, 215 passagers et 14 membres d'équipage, vont trouver la mort dans ce qui reste la pire catastrophe aérienne qu'a connu l'aéronautique helvétique. Retour sur la chronologie de cette journée tragique.
3 septembre 1998, 8h05
Interruption des programmes
La Télévision Suisse romande interrompt ses programme matinaux pour annoncer le drame. Le vol 111 de la compagnie Swissair qui effectuait la liaison entre New York et Genève s'est écrasé à 4h48 du matin (heure suisse) au large des côtes canadiennes. A ce stade, on ignore encore le nombre exact de victimes, et on espère toujours retrouver des survivants.
3 septembre 1998, 10h00
La confirmation de Swissair
Georges Schorderet, membre de la direction de Swissair, confirme ce que tous redoutaient. Le vol SR 111 a disparu des écrans radars et s'est abîmé en mer avec 215 passagers à bord et 14 membres d'équipage. Les secours sont sur place, mais les informations manquent sur le sauvetage en cours. Aucune information sur les victimes ne sera donnée avant que les proches n'aient pu être tous contactés.
3 septembre 1998, 14h00
Aucun survivant
C'est confirmé, il n'y a aucun survivant au crash du vol Swissair 111. La Télévision Suisse Romande interrompt une nouvelle fois ses programmes pour annoncer cette tragique nouvelle.
3 septembre 1998, 14h10
Fumée à bord
A l'aéroport de Genève, les conférences de presse se succèdent. Le déroulement de l'accident commence à se dessiner. Jean-Claude Donzel, porte-parole de Swissair, confirme que le pilote et le copilote du vol SR 111 ont rapporté la présence de fumée à bord et ont demandé à être déroutés sur Boston pour un atterrissage d'urgence avant de finalement opter pour Halifax. L'avion n'atteindra finalement aucun de ces deux aéroports.
3 septembre 1998, 14h20
L'attente des familles
A l'aéroport de Genève, les proches des victimes affluent pour tenter d'obtenir des informations. Tenus à l'écart de la presse, ils sont pris en charge par des psychologues, des médecins et des hommes de foi. Une équipe de psychologues est même dépêchée depuis Zurich. Une ligne téléphonique est également mise à disposition de ceux qui souhaitent savoir si un de leurs proches était à bord.
3 septembre 1998, 18h30
L'émotion
Le présentateur Massimo Lorenzi peine à dissimuler son émotion face à l'ampleur du drame. Il n'y a désormais plus aucun espoir de retrouver des survivants. Le bilan est définitif, 229 personnes ont péri dans cette tragédie.
4 septembre 1998
Le coup du destin
Le joueur de tennis genevois Marc Rosset aurait dû se trouver à bord du vol SR 111. A la dernière minute, il a annulé son vol de retour vers la Suisse après sa participation à l'US Open. Conscient de la chance immense qu'il a eu, il vit cet événement comme une deuxième naissance.
5 septembre 1998
Voyage à Peggy's Cove
Les familles et les proches des victimes se rendent à Peggy's Cove, près d'Halifax. C'est au large de ce village, dans la baie de St Margarets, que s'est écrasé le MD-11 de Swissair. La compagnie aérienne a affrété un vol spécial pour celles et ceux qui souhaitent se rendre sur les lieux du drame et des volontaires canadiens accueilleront les amis et parents des victimes.
5 septembre 1998
Le recueillement
Un hommage à la mémoire des victimes est organisé à la cathédrale Saint-Pierre de Genève. Simultanément, une autre cérémonie a lieu à Zurich. A Genève, une foule dense se rassemble dans la nef pour rendre un dernier hommage aux victimes du vol 111. Le deuil est national.
6 septembre 1998
Dans le cockpit
L'enquête pour déterminer les causes de l'accident est en cours. Les enregistrements des conversations dans le cockpit avant le drame sont révélés, et la RTS diffuse une reconstitution de ces enregistrements.
Ils confirment que l'équipage avait signalé la présence de fumée à bord. Après avoir évoqué un atterrissage à Boston, le contrôle aérien propose finalement aux pilotes de se poser à Halifax. L'avion n'y arrivera jamais. Et les boîtes noires s'arrêteront 6 minutes avant que l'appareil ne s'abîme dans l'océan. A ce stade, ces 6 dernières minutes avant le crash restent un mystère.
9 septembre 1998
A la recherche de l'épave
Selon les conventions internationales, c'est le pays où s'est produit l'accident, on l'occurrence le Canada, qui mène l'enquête. Le pays de la compagnie, la Suisse, et le pays du constructeur de l'avion, les Etats-Unis pour Boeing, sont associés à l'enquête.
Jean Overney, chef du Bureau d'enquêtes sur les accidents d'aviation (BEAA) est chargé de suivre l'investigation pour les autorités suisses. Les autorités américaines de leur côté dépêchent sur place le navire de sauvetage de l'armée américaine USS Grapple. Les équipements et les plongeurs de ce navire permettent de sonder l'océan à la recherche des restes de la carlingue et des boîtes noires, qui reposent par 60 mètres de profondeur.
27 mars 2003
Les résultats de l'enquête
4 ans et demi après le drame, les enquêteurs chargés d'élucider les causes du crash rendent leur rapport. Les résultats de cette enquête révèlent que le système de divertissement embarqué en première classe et classe affaires a provoqué un incendie qui n'a pas déclenché d'alarme. Des revêtements et matières hautement inflammables, comme le mylar, ont permis à l'incendie de se propager du système électrique au reste de l'avion, provoquant la panne des instruments de vol.
Et après
Après cette catastrophe, et avant même que le rapport d'enquête ne soit rendu, de nombreuses modifications ont été effectuées sur recommandation du Bureau canadien de la sécurité des transports (BST).
Réduction des matériaux isolants inflammables, procédures d'urgence en cas d'incendie à bord, procédures d'installation des câbles et certifications des divertissements embarqués, etc. L'enquête sur cet accident aura mené à de nombreuses recommandations de sécurité qui ont contribué à améliorer significativement la sécurité du transport aérien.
Quant au numéro de vol SR 111, il a été modifié dès le lendemain du drame. Traditionnellement, en cas d'accident grave, le numéro de vol est remplacé sans être réattribué. Jusqu'en mars 2002, date de disparition de la compagnie Swissair, cette liaison entre Genève et New York aura pour identifiant SR 115.
Anne-Isabelle Gomez pour Les archives de la RTS