Le putsch de 1964
Le 31 mars 1964, l’armée renverse le gouvernement du président João Goulart accusé de sympathie communiste. Craignant une campagne de nationalisation de grandes entreprises, les USA vont soutenir la "révolution" militaire. Goulart s'enfuit en Uruguay. Le maréchal Alencar Castelo Branco assume la présidence et instaure une régime autoritaire.
Peu de temps après ces faits, la TSR recueille l'analyse d’un journaliste spécialiste du Tiers-Monde, Tibor Mente. Selon lui, l’argument selon lequel les militaires seraient venus libérer le pays du spectre communiste est fallacieux.
En Amérique latine, on a l’habitude de traiter de communiste toute personne un peu libérale.
Quelques semaines plus tard, c’est au tour de Carlos Lacerda, gouverneur de l’Etat de Guanabara, de s’exprimer au micro de la TSR. Son avis sur les raisons du putsch, qu'il a lui-même soutenu, diffère totalement de celui de Mente. Il s’agissait bien selon lui de prévenir une dérive communiste.
Des intérêts étrangers bien protégés
Décembre 1970. La Suisse apprend avec stupeur que son ambassadeur au Brésil, Giovanni Bucher, a été enlevé par des guérilleros réclamant la libération de prisonniers politiques. Présente sur place quelques jours après ce rapt (qui aura une heureuse issue, puisque l'ambassadeur sera finalement libéré), une équipe de Temps présent prolonge son enquête et s'intéresse aux relations existant entre la Suisse et le Brésil. Troisième investisseur étranger après les USA et l’Allemagne, la Suisse jouit dans le pays d'une excellente réputation.
Le journaliste Jean-Pierre Goretta rencontre un homme d’affaires helvétique établi au Brésil depuis quarante ans et qui s’accommode fort bien du régime en place.
Depuis la révolution, nous n’avons plus de grève. La production marche, le pays peut se développer.
Une alphabétisation entravée
Au début des années soixante, un Brésilien sur trois est analphabète et dans le Nordeste, la région la plus pauvre du pays, trois habitants sur cinq.
Lui-même issu d'un milieu très modeste, Paulo Freire est l'initiateur d'un mouvement d'éducation populaire. Il développe une méthode d'apprentissage de la lecture pour adulte encouragée par le gouvernement. Le coup d’Etat de 1964 met brutalement fin à ce projet. Les analphabètes étant exclus du droit de vote, diminuer leur nombre, c'est augmenter celui des électeurs. Paulo Freire doit quitter le pays. En 1975, l'émission Présence protestante le rencontre à Genève, où désormais il vit.
L'Eglise porte-parole du peuple
Promoteur de la théologie de la libération, Dom Helder Camara, évêque d'Olinda et Recife, se démarque par sa liberté de parole et son engagement auprès des pauvres. Dans les années septante, celui que l'on surnomme "l'évêque rouge" donne une série de conférences en Europe. Celles-ci contribueront à mettre au grand jour la réalité de la dictature brésilienne.
Un régime aux abois
En janvier 1984, une équipe de l'émission Temps présent est appréhendée par la police au Brésil. Menée par le réalisateur André Gazut et le journaliste André Dartevelle, elle se trouve dans le Nordeste, en proie à des émeutes de la faim. Le tournage est suspendu, la pellicule saisie. La production deTemps présent décide quand même de diffuser l'émission, en utilisant notamment les photos et les sons qui ont échappé à la saisie.
Cet incident est symptomatique de l’état de la liberté de la presse au Brésil. Il montre également un gouvernement aux abois, qui en vingt ans n’a fait qu’accentuer les disparités entre riches et pauvres et qui est incapable de faire face à la situation de pénurie alimentaire qui touche le pays.
La fin de la dictature
A cette même époque, des manifestations de plus en plus importantes appellent au retour à la démocratie. Minée par la dette et par un bilan économique catastrophique, la dictature est exsangue. Le général João Figueiredo finira par se retirer du pouvoir au début de l'année 1985. Une nouvelle constitution est élaborée et en décembre 1989 ont lieu les premières élections démocratiques depuis trente ans.
Sophie Meyer pour les archives de la RTS