En 1973, Jean-Louis Roy se rend à Ris-Orangis, aux portes de Paris, à la Fondation Dranem-Maurice Chevalier. Cet établissement a été créé en 1911, à l'initiative d'Armand Ménard, dit Dranem, un comique bien connu durant l'entre-deux-guerres. Ce dernier voulait éviter à ses confrères moins chanceux la fin de vie misérable qui était alors trop souvent leur lot.
Galerie de portraits
Ils furent jongleur, artiste dramatique, elles furent comédienne, fantaisiste de revue et pianiste. Leur carrière débuta pour la plupart avant la première guerre mondiale. S'ils assurent avoir connu le succès sur les scènes de Paris ou de province, le nom de ces artistes n'est pas passé à la postérité. Dans son reportage intitulé La maison des souvenirs, Jean-Louis Roy nous offre une série de portraits baignés de nostalgie, tour à tour drôles, émouvants et pathétiques.
Starley le jongleur
Sa carrière a commencé en 1905 et s'est achevé soixante et un ans plus tard. Sous les yeux quelque peu effrayés de son épouse, Starley se prête à une démonstration de son art. Le lancer de cuillères, suivi d'un exercice de jonglage avec un chapeau, un parapluie et un porte-cigare.
J'ai fait l'Amérique du Sud, j'ai fait le Maroc, j'ai fait l'Italie. J'ai été un peu partout.
Luce Spaldi, artiste fantaisiste
Elle-même le dit , elle a tout fait sur la scène: jouer, chanter, danser. Commère de revue, elle s'est également produite dans des spectacles déshabillés, mais insiste: elle n'est jamais apparue nue sur scène.
J'avais mon tour de chants grivois, des chansons un peu olé olé, ça plaisait beaucoup au public.
Marcel Bernard, artiste dramatique
Son père dirigeait un théâtre itinérant. Depuis tout petit, la scène a été son univers. Il a fait le jeune premier dans La dame au camélia, mais ses rôles de prédilection, il les a trouvés dans le théâtre dramatique et ce qu'il nomme lui-même le "mélo". Un personnage lui a collé à la peau : Jean Valjean, des Misérables.
Je suis un enfant de la balle et j'en suis fier, parce que c'est une très belle vie.
Simone Baret, comédienne
Elle a joué dans les théâtres parisiens, avec une prédilection pour les rôles gais. Elle se souvient de ses succès d'antan, qui lui faisaient oublier les misères de la vie. La vieillesse l'a obligée à revenir sur terre. La vie à la fondation lui pèse. Les anciennes rivalités entre artistes ne sont pas mortes. Simone Baret ne trouve plus son existence très intéressante.
Je n'ai plus mes sentiments, je n'ai plus mon art, alors je veux mourir. Mais ça ne vient pas.
Le destin d'une maison de retraite
Installé dans un parc de sept hectare, le château de Ris continue aujourd'hui à accueillir des personnes âgées, mais n'est plus exclusivement réservé aux artistes. Le dernier saltimbanque venu y déposer sa valise fut, dit-on, un vieux professeur de claquettes.
Sophie Meyer pour Les archives de la RTS