Le Concile Vatican II
Réuni par Jean XXIII en 1962, le concile Vatican II entreprend en effet une adaptation de l'Eglise catholique au monde moderne et s'efforce de préparer l'unité des chrétiens. En décembre 1963, alors que se termine la deuxième des quatre sessions des pères conciliaires, Continents sans visa fait le point sur l'aggiornamento de l'Eglise.
Le Concile s'achèvera en 1965 sous l'égide du pape Paul VI, apportant un vent de renouveau sur l'Eglise catholique.
Monseigneur Marcel Lefebvre, ancien délégué apostolique en Afrique francophone, chef de file des conservateurs lors du Concile Vatican II ne parvient pas à défendre sa position traditionaliste face à une vision progressiste de l'Eglise. Supérieur général de la Congrégation des Pères du Saint-Esprit, le prélat démissionne de sa charge plutôt que de transformer la congrégation selon les nouveaux principes adoptés par Rome.
Le séminaire d'Ecône
L'évêque réunit à Fribourg des séminaristes désireux de poursuivre une formation sacerdotale traditionnelle. Le 1er novembre 1970 marque la date officielle de la fondation de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X au séminaire d'Ecône en Valais. En 1976, Un jour une heure décrit une journée des futurs prêtres:
Tempête dans un bénitier
"Pouvoir faire l'expérience de la Tradition" c'est ce que réclame Mgr Lefebvre. Selon l'évêque, la Fondation sacerdotale Saint-Pie X continue de pratiquer ce que les papes ont enseigné avant Vatican II. Ainsi la messe y est dite en latin mais surtout les intégristes s'opposent à l'oecuménisme et à la liberté religieuse ainsi qu'à l'ouverture de l'Eglise à la société: ils refusent par exemple la distribution de la communion par des laïcs. En 1977, l'évêque affirme son sectarisme, ne craignant pas l'excommunication dont le Pape Paul VI le menace.
Au delà de l'aspect religieux, la foi conservatrice de Mgr Lefebvre embrasse la question politique:
Ecône, ce n'est pas un milieu de médiocres. Il y a une austérité, une discipline, une organisation.
Ce sont les liens de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X avec la droite politique que dénonce en 1976 l'auteur du livre Le drame d'Ecône, l'abbé Jean Anzévui, lui qui fut un temps attiré par le milieu intégriste avant de s'en détourner.
Malgré leurs divergences fondamentales - dès 1976, Mgr Lefebvre est privé du droit de conférer les sacrements par l'autorité pontificale -, les deux parties tentent pourtant d'éviter encore la rupture.
Le schisme
Le 30 juin 1988, sans mandat épiscopal et contre la volonté du pape Jean-Paul II, Mgr Lefebvre, âgé de 83 ans, consacre quatre évêques pour faire d'eux ses successeurs et pérenniser la Fraternité. Cette désobéissance au pape précipite la rupture avec le Saint-Siège. La sanction vaticane tombe: Mgr Lefebvre et les quatre évêques sont excommuniés et le schisme est déclaré.
Les réactions des deux parties sont contrastées à la perspective de l'excommunication de Mgr Lefebvre et de sa communauté intégriste. Si l'évêque d'Ecône persiste dans sa ligne conservatrice, l'évêque de Lausanne, Genève et Fribourg, Mgr Pierre Mamie dit sa tristesse devant cette déchirure au sein de l'Eglise catholique.
L'annulation de la sentence
Le 24 janvier 2009, Benoît XVI, le pape de la réconciliation, signe l'acte levant l'excommunication des quatre évêques consacrés par Mgr Lefebvre quelque 20 ans plus tôt mais les différends doctrinaux entre le Saint-Siège et la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X subsistent, comme le révèlent les réactions des fidèles.
Les dissensions entre la Fraternité Sacerdotale Saint-Pie X et le Saint-Siège auront occupé trois souverains pontifes: Paul VI, le pape de Vatican II, Jean-Paul II qui prononça l'excommunication à l'encontre de Mgr Lefebvre et Benoît XVI qui tenta le difficile rapprochement. Le schisme au sein de l'Eglise catholique perdure pourtant et la foi traditionaliste attirera encore nombre de vocations.
Marielle Rezzonico pour les archives de la RTS