La Suisse des cités
Dans le courant des années 50, les villes deviennent des lieux d’attraction pour de nombreux travailleurs suisses et étrangers. Le manque de logements se fait partout sentir. Il faut construire, et vite. Là où il y a de la place, en périphérie des villes. En 1965, l’émission Continents sans visa filme cette Suisse en pleine urbanisation. Et dénonce un certain nombre d’incohérences et de défaillances : absence de commodités, proximité de nuisances, omniprésence du béton.
Meyrin, du bourg à la cité-satellite
En 1960, Meyrin compte 3000 habitants. C’est une localité essentiellement agricole, située à quelques kilomètres de Genève. 13 ans plus tard, ils sont environ 16000 à vivre dans la commune et les projets en cours prévoient l’arrivée de milliers de nouveaux résidents. De bourg, Meyrin est devenu la première cité-satellite de Suisse où la concentration de population étrangère est une des plus élevée du pays. Etat des lieux en 1973, avec l’émission Affaires publiques.
Notre cité
Développement fulgurant, concentration d’habitants d’horizons les plus divers: la situation pourrait sembler potentiellement explosive. Les années 60 ont vu naître une montée de xénophobie en Suisse, comme en témoignent les initiatives Schwarzenbach contre la surpopulation étrangère. A Meyrin, rien de tel ne se produit.
Je n'ai jamais entendu dire qu'il y avait à Meyrin des tensions entre les Suisses et les étrangers.
Pourtant tout n’y est pas rose. Au moment du reportage d’Affaires publiques, on se plaint du manque de structures essentielles. La cité a des allures de banlieue-dortoir. Sans parler du bal incessant des avions atterrissant et décollant de l’aéroport tout proche. Mais la xénophobie y est quasiment inexistante. Comment expliquer ce petit miracle? La clé de la réussite tient notamment à la création d’une association des habitants, qui contribue activement à l'intégration des nouveaux arrivants, Suisses comme étrangers.
Il y a aussi le centre de loisirs, à la frontière du bourg et de la cité. Il est fréquenté par les enfants et les adolescents et on y pratique toutes sortes d’activités créatrices et culturelles. Les adultes y viennent plus ponctuellement. Si le mélange espéré des générations ne prend pas toujours, le centre joue un rôle important pour la cohésion sociale.
Meyrin, années 90
En 1993, l’émission Tell Quel revient prendre la température à Meyrin. Une jeunesse turbulente commence à y donner de la voix. La cité ne semble pas faite à leur mesure. Il lui manque des lieux de rencontre et de fête. Regroupés le soir dans les allées d'immeubles, les ados « zonent », comme on dit alors. Et quand on s’ennuie, on fait des bêtises. Mais rien à voir tout de même avec la violence de certaines banlieues parisiennes ou marseillaises.
La génération des premiers habitants a vieilli, mais continue à apprécier sa ville. Les aînés se retrouvent à la cafétéria du supermarché, version cité-satellite du « stamm » des bistrots traditionnels.
Et aujourd'hui...
Fait-il toujours bon vivre à Meyrin?
Si la population s'est stabilisée entre 1980 et 2008, elle est à nouveau fortement à la hausse, puisque la ville comptait en 2015 plus de 25'000 habitants. Depuis 2013, la commune a engagé la construction de l'écoquartier des Vergers, immense ensemble d'immeubles qui accueille déjà de nombreux résidents. Jardins communautaires, coopératives d'habitations et coopératives agricoles, soutien au commerce social et solidaire: les Meyrinois d'aujourd'hui et de demain ont des ressources pour continuer à tisser du vivre-ensemble.
Sophie Meyer pour Les archives de la RTS
Retrouvez ci-dessous les intégrales de la plupart des émissions dont des extraits ont été publiés, et plus encore...