Les archives de la RTS vous emmènent à la découverte de la Patrouille des Glaciers. Des paysages d'une beauté exceptionnelle, mais un effort physique et mental d'une intensité rare… La PDG a lieu tous les deux ans et cette course de ski-alpinisme a conservé les exigences martiales de ses premières éditions. Franchir d'une traite les sommets qui séparent Zermatt de Verbier constitue l'une des épreuves sportives les plus spectaculaires et les plus exigeantes.
Chapitre 1
Les débuts
L'idée folle
Durant la Seconde Guerre mondiale, l'armée suisse teste ses chasseurs alpins en lançant un exercice d'endurance sans commune mesure. Avril 1943, dix-huit patrouilles de trois soldats de la Brigade 10, avec leurs armes mais sans ravitaillement, avalent d'une traite 53 km à travers les Alpes. Ainsi se concrétise cette épreuve de ski-alpinisme dont l'idée avait été lancée en 1939 par le guide Basile Bournissen et le premier lieutenant Rodolphe Tissières.
Le drame
Un tragique accident endeuillera la troisième édition de la PdG en 1949: une patrouille disparaît dans une crevasse du Mont Miné entre Arolla et Verbier et n'est retrouvée que 8 jours plus tard. Les recherches et les obsèques des trois hommes célébrées dans le village d'Orsières en Valais seront retransmises dans les actualités du Ciné-Journal. Ce drame met fin à la Patrouille des Glaciers pour des décennies.
Chapitre 2
La renaissance, 35 ans après
Toujours placée sous l'égide de l'armée, la Patrouille des Glaciers reprend en 1984 grâce aux efforts du major René Martin et du commandant Camille Bournissen. L'objectif ? Peaufiner l'entraînement des soldats alpins, bonifier leur instruction et leur donner l'occasion de performances. Mais l'armée ouvre également tout grand cette course aux civils afin de créer un pont supplémentaire avec la population.
4'000 mètres de montée, 4000 mètres de descente. On a conscience d'offrir une course unique au monde.
Pour le Major René Martin, une course sans pareille
Par son dénivelé, sa longueur et sa durée, cette épreuve de ski-alpinisme est unique au monde. L'exploit? C'est de franchir la ligne d'arrivée à Verbier!
Pour Camille Bournissen, une histoire de famille
Si le père, Basile Bournissen, a imaginé l'épreuve, le fils Camille, alors commandant à l'armée, lui n'a de cesse de relancer la course et d'en préserver l'esprit.
Durant la nuit du 5 au 6 avril 1984, 187 patrouilles de trois membres s'élancent de Zermatt et d'Arolla pour rejoindre Verbier... La course sera remportée par les frères Marcellin, Aurel et Armand Salamin, guides d'Anniviers.
Chapitre 3
La Patrouille des Glaciers, c'est...
Un défi logistique
Quelque 1200 soldats de l'armée suisse et des tonnes de matériel sont mobilisés pour la préparation de la Patrouille des Glaciers: il s'agit de monter les postes de ravitaillement et surtout d'assurer la sécurité et le balisage du parcours.
Des passages clés
Depuis le départ de Zermatt, les concurrents de la grande Patrouille vont affronter de sérieuses difficultés ! Il faudra monter, descendre, monter à nouveau avant la descente finale sur Verbier. Jambes et mental devront être au rendez-vous.
Tête Blanche, 3'650 mètres
Le passage le plus redouté de la course est franchi durant la nuit avant la redescente, tout aussi périlleuse, à Arolla qui marque le milieu du parcours.
Col de Riedmatten, 2918 mètres
Après Arolla, c'est la pente la plus raide de la course qui attend les skieurs: 1000 mètres de dénivelé, un mur à 40 degrés à franchir pour atteindre un col aérien avant de dégringoler en s'aidant des cordes.
La Rosablanche, 3'191 mètres
Une montée terrible, un couloir mythique pour arriver au col : là une foule de spectateurs sont réunis pour encourager les forçats et c'est un moment inoubliable.
La météo
1986 marque la première participation d'une patrouille féminine mais des conditions météorologiques dantesques condamnent cette 2e édition de la PdG à l'interruption. Les frères Salamin étaient en passe de rééditer leur exploit de 1984. Les concurrents amateurs, s'ils sont déçus, ne le laissent pas paraître.
La Patrouille des Glaciers devra être annulée ou interrompue à deux autres reprises: en 2002, la course est neutralisée et en 2012, plusieurs départs ne peuvent être donnés en raison du mauvais temps. En 2020, les mesures sanitaires contre le coronavirus empêche la tenue de l'événement.
Chapitre 4
L'esprit de cordée
C'est une communion de gens passionnés de montagne et de nature.
Besoin de dépassement, quête de liberté, soif d'aventure et amour de la montagne, les motifs personnels de se lancer dans la Patrouille des Glaciers sont nombreux. Mais la cordée, qu'elle soit composée de militaires ou de civils, d'athlètes ou d'amateurs, est l'unité de base de cette épreuve et la PdG se gagne à trois: c'est dire si l'esprit d'équipe est essentiel.
Courir la Patrouille crée des liens uniques: Aurel Vouardoux, membre de la patrouille vainqueur en 1944, se souvient des conditions dans lesquelles il a disputé l'épreuve.
Dès 1984, les frères Salamin forment un trio soudé et gagnant: quels sont les secrets d'une patrouille qui marche bien? Interviews.
L'entraînement permet de forger le physique mais aussi le mental de la cordée. Ces jeunes sportives amateures mettent le paquet pour être au top le jour J.
Séverine Pont-Combe, vainqueur en 2006, réitère l'exploit en compagnie de Gabrielle Magnenat et Catherine Etzensperger en 2008: la patrouille bat le record féminin.
Rendez-vous donc en 2022 pour la prochaine édition de cette course hors normes.
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